Circé est une magicienne fille du soleil elle a les caractéristiques de la femme fatale où l’amour se mélange à la magie. Il s’agit d’un personnage mythologique où l’animalité est présente.
Médée est l’étrangère qui fait peur car elle apporte avec elle la magie. Elle est dangereuse et prête à tout. Elle tuera son frère pour protéger Jason. Quand celui-ci la trahit, elle assassine ses propres enfants.
Magicienne est Circé, tout comme Médée aussi est magicienne. Et pourtant, doublement sœurs, elles n’en sont pas moins deux images opposées de la femme. À l’une appartient le charme, la douceur, la séduction. À l’autre l’intensité dramatique où puise la passion. L’une peut connaître la pitié et se laisser fléchir, l’autre ne connaît que le désir aveugle et la vengeance dans laquelle la déception vient s’abreuver de la haine qui l’anime.
Colette Arnould
Cette mise en opposition est extrêmement signifiante car deux représentations mythologiques opposées de la femme seront rassemblées sous la figure de la sorcière. C’est l’essence même du paradoxe que de faire tenir ensemble des sortes de contradictions.
Peut-être trouverez-vous la question suivante difficile mais essayez tout de même d’y réfléchir.
- Voyez quelques définitions du mot «paradoxe».
- Formulez des hypothèses permettant d’expliquer pourquoi la femme a pu être enfermée dans ce genre de rhétorique.
Dans le contexte des civilisations grecques et romaines Circé et Médée étaient des magiciennes, pas des sorcières. C’est dans le contexte de la religion chrétienne que la figure de la sorcière se définit telle que se la représenteront les inquisiteurs et la démonologie. C’est tout le rapport entre le jeu des représentations et la transformation des institutions qui se dessinent ici. Un sujet vaste pouvant faire l’objet de superbes enquêtes concernant le passage du paganisme antique à l’émergence de la religion chrétienne.
Nous pourrions parler ici de condition à caractère culturel.
Il est vrai que d’associer un genre ou un sexe tout entier à un personnage mythique, soit la sorcière, est absolument paradoxal. Si on regarde une définition toute simple, du mot, un paradoxe est « une association de deux faits, de deux idées contradictoires ». Dans un premier temps, l’image de la femme sorcière est méchante, vicieuse, maléfique, alors que dans un deuxième temps on porte un regard sur elle qui se laisse charmer par sa beauté, son pouvoir de séduction et d’enivrement (comme c’est le cas de la figure de la sirène, par exemple). Associer ces deux idées qui s’opposent et les réunir sous la même figure est effectivement un paradoxe. À mon sens, cela découle du résultat de la peur qu’avaient les hommes (et qu’ont toujours) des femmes. Craindre le pouvoir de séduction, la beauté, la douceur qu’incarne le rôle social donné aux femmes, et craindre à la fois l’indépendance, le pouvoir du cycle menstruel féminin, la sexualité des femmes peut, à mon avis, quand on est un homme qui ne sait quel regard porter sur une chose qu’on adore autant qu’on craint, mener à la création d’une explication qui à défaut d’éducation, donne le résultat suivant: les femmes sont des créatures surnaturelles. J’ai trouvé une image qui m’a fait rire un peu, mais je trouvais qu’elle illustrait parfaitement le processus de réflexion qu’on utilisé les hommes de la Renaissance, soit un paradoxe: https://intra-science.anaisequey.com/images/stories/Mathematiques/paradoxes.jpg