Par Marc Alexandre Guénette
Les leçons du cours 1 – 1er au 5 février
Ce premier cours est une introduction à la sorcière, sujet qui animera les discussions et les réflexions des quatre premiers cours de cette session. Derrière l’image stéréotypée de ce personnage féminin mythique, que ce soit dans les contes ou encore dans les films fantastiques, se cache une réalité histoire qui a bouleversée majoritairement l’image de la femme et ce jusqu’à aujourd’hui.
Thèmes ou enjeux rattachés aux sorcières : conditions imaginaires, sociales, religieuses, politiques et juridiques.
Il y a un lien intéressant à faire entre le texte L’espèce fabulatrice de Nancy Huston et la question soulevée durant la leçon 1; « Comment arrive-t-on à croire en l’existence de choses qui n’existent pas? » Huston développe un questionnement philosophique sur la quête de sens chez l’être humain à l’aide des fictions qu’il invente. Le nom donné à la naissance d’un être humain ou encore l’étymologie des noms donnés aux animaux sont deux fictions de la main de l’Homme. Elles sont devenues des réalités de l’être humain en raison de la foi qu’il leur accorde. Ainsi, la sorcière serait belle et bien une fiction résultant de l’imaginaire humain en lien avec le contexte historique et social de l’époque.
Réflexion personnelle sur la représentation de la sorcière: Pour moi, la sorcière a toujours été une personne délaissée par la société, une hermite recluse dans une petite maison piteuse au fond d’une forêt qu’elle aurait ensorcelée ou maudite. Vêtue de vêtements loufoques ou délabrés par le temps, la sorcière n’est toutefois pas une femme nécessairement laide à mes yeux. Évidemment, j’avais d’une part une image d’une sorcière laide, mais aussi d’une autre part l’image d’une sorcière qui bernent les hommes avec sa beauté et qui leur prend la vie un après l’autre. Elle serait donc une cousine de la sirène en quelque sorte. Bien que l’image mentale préconçue que j’aie de la sorcière soit portée vers le mal, dans ma pensée, la sorcière n’est pas obligatoirement maléfique et elle n’inspire pas toujours la peur. Il y a souvent une raison derrière ses agissements, une blessure jamais pansée, de la douleur et de la souffrance. Ainsi, mon idée de la sorcière s’avére en partie similaire à une majorité des réponses des autres étudiant.es, mais je pense que ma vision du motif de la sorcière révèle beaucoup plus sur le psychologique du personnage et non uniquement sur la division entre le bien et le mal.
Les leçons du cours 2 – 8 au 12 février
Ce deuxième cours approndit sur les causes ou encore les conditions qui ont favorisées l’émergence de l’Inquisition. L’Église fait son apparition en tant qu’acteur important dans la condamnation morale de l’hérésie qui est défini comme étant des croyances contraire à la foi chrétienne. Le Clergé jouera donc un rôle majeur dans la judiciarisation de la condamnation morale. L’État fera elle aussi son apparition en prenant une partie du contrôle de l’Inquisition afin de ne pas seulement condamner les hérétiques ayant des croyances divergentes de la foi chrétienne, mais aussi les individus qui ne correspondent pas aux intérêts de l’État moderne.
Thèmes importants de ce cours: imagination, pratiques sociales et collectives, institution, paradoxe de Circé et Médée, angoisse religieuse, hérésie et superstitions
Réflexion personnelle sur l’image paradoxale de la sorcière: Le paradoxe des magiciennes Circé et Médée est très pertinent afin de démontrer que l’image de la femme aux yeux des inquisiteurs et de la démonologie est représentative de la sorcière. Circé et Médée sont deux magiciennes dans la mythodologie grecque et romaine. Les deux femmes possèdent des traits bien particuliers et opposés que ce soit la séduction ou encore la haine. Réunies ensemble, leur image sera utilisée afin de représenter la figure de la sorcière.
Ainsi, la femme séductrice, convoitée, fanstasmée et désirée par tous et la femme étrangère, dangereuse, violente et redoutée s’opposent directement l’une à l’autre par leurs traits, mais sont mis ensemble afin de donner forme à l’image de la sorcière maléfique, volant sur son balais la nuit et animée par le diable lui-même.
Le paradoxe prend donc place par cette représentation qui se contredit par elle-même. La sorcière est décrite comme une personne méchante, vicieuse et dangereuse qui utilise la magie afin de ne faire que propager le mal à autrui. Pourtant, on la décrirait aussi comme une femme qui se laisse séduire, charmer et attendrir. Il n’y a donc aucune ressemblance entre les deux représentations de la sorcière décrite plus haut ce qui donne un paradoxe.


Le manque de rationalité de l’humanité, comme le souligne Colette Arnould, serait l’une des raisons majeures derrières l’agissement des inquisiteurs et c’est notamment le savoir et la connaissance rationelle qui permettront, selon l’auteure, à l’humanité de se sortir de cette pensée que les superstitions sont véridiques, chose bien sur fausse.
Les leçons du cours 3 – 15 au 19 février
Ce troisième cours se penche sur les hypothèses d’Armelle Le Bras-Choppard et de Sylvia Federici qui se questionnent toutes les deux sur le fait que la femme soit en quelque sorte le bouc émissaire de la société à l’époque. La femme serait donc une victime qui est impuissante face à la brutalité masculine, discours utilisé depuis longtemps voulant que l’homme soit supérieur et dominant sur la femme qui elle est inférieure ou encore soumise au patriarcat à ce moment de l’histoire. Armelle Le Bras-Choppard se questionne d’ailleurs sur ce sujet ci en se demandant comment l’homme a-t-il pu s’en prendre à la femme qui était selon l’auteure sans défense et sans pouvoir, donc un individu inoffensif.
Thèmes importants de ce cours: Église et État, foi à loi, patriarcat, lutte des genres, marxisme, lutte de pouvoir, domestication, état moderne et laïcisation

L’État entreprend une lutte afin d’obtenir le transfert des pouvoirs de l’Église, débordée par la chasse aux sorcières et sorciers. L’État comprend que s’il veut devenir moderne, il se doit de se séparer de la religion et du même coup de prendre sa supériorité sur l’Église. Cette étape entame le début de la laicisation, bien que les procès et juges désignés lors de l’Inquisition sont religieux puisque l’action menant à une telle sentence, la sorcellerie, est considérée comme étant un crime de lèse-majesté. Ainsi, il y a un passage de la foi chrétienne à la loi, bien que ce passage ne se fasse pas sans institutions religieux encore omniprésent.
La hantise de la lubricité des femmes amène une réflexion personnelle intéréssante : le désir ou encore le fantasme de l’homme n’est-il pas un acte pervers et considéré immoral par l’Église? Dans la chasse aux sorcières, il est souvent question de la sorcière qui donne acte à des orgies au côté du diable lors de sabbat, mais cette image ne serait-elle pas la réflexion du désir ou encore du plaisir que l’homme convoite chez la femme? Ainsi, l’homme assujeti a ses pensées immorales et attribuables au diable les refleteraient chez la femme, afin, encore une fois, de l’assujettir elle. Cette réflexion est complexe, mais elle peut être résumée: l’homme désirant la femme et son corps avec des images sexuelles craint d’être accusé de perverserie ou encore d’être affligé par le grand mal du diable, le pêché. Il décide alors de refléter ses plus grands désirs à la femme, sans défense, déjà assujettie à l’homme et l’Église. L’homme se persuade donc que c’est la femme qui devient celle qui réalise tous les pêchés qui le hante.

La réfléxion de Sylvia Federici est aussi très intéréssante et pertinente durant les leçons. Elle interprète le capitalisme et la lutte des classes, lié au marxisme, comme sujet principal de son hypothèse selon laquelle la femme serait séparer d’elle-même et de son corps. Elle fait ainsi un parallèle entre le capitalisme, la femme et le contrôle de son corps. Dans le capitalisme, il y a séparation entre le travailleur et les moyens de production qu’il ne possède pas, son patron les possède. Donc, Sylvia Federici démontre que la femme serait du même assujettie au capitalisme et au patriarcat puisqu’elle n’aurait plus le contrôle de son propre corps.