Prise de notes du podcast LES TÊTES CHERCHEUSES par Tewfik Hakem

« Dans sa thèse Des femmes dans la ville : Amiens (1380-1520), Julie Pilorget étudie la place des femmes en milieu urbain au Moyen Âge tardif. L’historienne démontre comment une somme de facteurs a permis à ces citadines – et parfois, travailleuses – d’obtenir certaines libertés. »

https://www.franceculture.fr/emissions/les-tetes-chercheuses/les-femmes-au-moyen-age-loin-des-idees-recues

L’historienne met en exergue trois statuts de la femme: la vierge (fille de), mariée (femme de) et veuve. Le but de la femme est de se marier. Pour cela, elle avait besoin d’une dote (un patrimoine à offrir au futur époux). Ne pas en posséder constituait un frein à ce devoir de se marier. Certaines aides privées ont été mises en place et la jeune fille (dès 12 ans) avait également la possibilité de s’en constituer une en travaillant. Le statut de la femme diffère selon des critères précis le milieu urbain/rural, le statut socio-économique (riche/pauvre) et la région nord/sud.

La femme du Nord (de la France mais aussi l’Angleterre) a plus de liberté que celle du Sud car elle se voit être propriétaire égalitaire des biens du couple. Le mariage se fait plus tardivement pour la femme au nord car celle-ci a plus de possibilité de se constituer elle-même sa dote. La femme d’artisan travaille au côté de son époux, dans son atelier. Elle réalise un apprentissage, auprès de lui, cela même avant d’être officiellement mariée. Une fois formée, elle sera en mesure de prendre certaines décisions et donner des ordres aux employés. Elle aura aussi la possibilité de jouer un rôle de transmission de ce savoir à ses filles. Dans le droit de la succession du patrimoine (riches artisans), les veuves peuvent parfois continuer de faire fonctionner le commerce de leur défunts époux mais certaine se retrouve malgré tout ruinée. Bien sûr, le droit est différent suivant les régions. Bien que la femme ait plus de liberté et semble avoir un statut égalitaire à l’homme, elle est toujours assujettie à l’ambiguïté du droit canonique en vigueur ; elle est à la fois est égale devant dieu à l’homme mais elle reste soumise à son époux.

Dans les pays du Sud, les femmes s’occupent essentiellement de la famille et du travail ménager. Julie Pilorget rappelle que la procréation est la fonction première du mariage. L’impossibilité d’enfanter pose problème, surtout dans la haute société. Il est possible de demander l’annulation d’un mariage pour cause de difficulté à enfanter et ainsi répudier son épouse.

Le travail exercé par la femme est différent suivant qu’elle soit citadine ou de région. Dans les milieux ruraux, elles s’occupent de tâches relatives à la culture des champs, cependant pas à part égale de l’homme. La femme étant associées à la terre (femme=terres), elle est exclue des semis car pour plusieurs raisons, l’homme est le seul à pouvoir « ensemencer ». Elle s’occupe néanmoins d’autres tâches notamment celle de s’occuper de la garde des animaux. Elle fabrique également des produits comme le beurre et le fromage qu’elle ira vendre à la ville. Dans le milieu urbain, on trouve trois pôles où les femmes exercent : les petits commerces, le travail du textile et dans les soins (domestique et médical). Dans ce dernier pôle nous retrouvons les sages-femmes, les sœurs accueillant les pauvres et les pèlerins. Les sages-femmes sont dites détentrices de savoir. Elles reçoivent des aides annuelles en salaire ou des aides. Les hommes ne s’occupaient pas du tout de ce qui était relatif au corps de la femme ou des affaires féminines. La division sexuelle du travail se trouve déjà au moyen âge sans qu’il y ait des métiers strictement interdits aux femmes. Le travail du textile surtout est feminin.

Le 15ème siècle marque le début des restrictions faites aux femmes dans l’exercice de certain métier. Les raisons sont multifactorielles. Elles pourraient être à la fois sociaux-économiques et issue aussi de l’évolution des mentalités. On retrouve chez les moralisateurs, le discourt que la femme doit retourner aux tâches domestiques. La théorisation des humeurs par Galien vient renforcer les idées des différences homme/femme, replace au centre le mythe du péché originel. La femme paie pour celui-ci, par l’exercice des tâches ingrates. La question de forces physique entre en compte seulement quand elle arrange le discourt de l’homme. Durant la guerre de 100 ans (14ème s) les femmes occupent des mériter manuels qui demandant de la force ». Elles se retrouvent dans des corps de métier qui construisent les remparts (cordelière, orfèvres, souffleuse de verre, etc.). On retrouve aussi des traces dans les écrits de femmes médecins, mairesse ou vidamesse. Il existe des ouvrages d’époque dans lesquelles ces titres sont féminisés, la preuve que les femmes ont bien exercé au niveau politique et dans l’armée.

La femmes monarques (reines ou aristocrates)

Prise de pouvoir des reines :

Régence : décès du prince, fils (mineur) sous tutelle de sa mère.

Lieutenance : le prince délègue volontairement une partie de son pouvoir à sa femme

Vice régence : la mère du prince prend pouvoir lors de son absence.

Il y a de très grandes reines au Moyen Age. On retrouve l’opposition de deux figures :

« La douce reine Clothilde qui va pousser son époux à la conversion et à l’extrême inverse, on a Frédégonde et Brunéo qui durant la fed qui traverse la fin du 6 ème siècle (…) vont s’entre déchirer autour de leurs maris respectifs. Elles sont belles sœurs et là c’est la reine noire qui est dépeinte ».

On ne peut s’empêcher ici de tirer un parallèle avec les figures de Circée et de Médé.

La Regencie, plusieurs reines accèdent au pouvoir grâce à la régence ou vice régence. Cela va démontrer que les femmes sont aptes à gouverner. Ce sont les guerres médiévales qui leur ont permis de le faire ou du moins, ont offert ce haut statut à quelques-unes. Certaines gouvernent, certaines se battent dans l’armée, d’autre exerces des métiers qui structure l’organisation de la ville. Les guerres et les conflits permettent aux femmes d’avoir un rôle politique qui s’atténue en tant de paix. Mais cela serait aussi possible qu’il manque des traces dans les sources historiques, et qu’elles aient continués d’exercer ces métiers. Les femmes souffrent cependant d’un manque de reconnaissance et d’institutionnalisation.

La femme reste, femme de… Elle ne possède pas de statut individuel. Les femmes ont des droits mais on remarque un manque de sources. On retrouve la trace de traité d’éducation (domestique) de la femme mais adressé aux hommes qui éduqueront, par la suite, leur filles et/ou épouse. La femme avait un rôle de transmission de la mémoire (surtout celle de la famille (veuvage), du patriarche). Au niveau des genres, la femme transmet les codes du pays dans lequel elle se trouve (au nord tenue de l’atelier au sud, plus la bonne tenue du ménage.

La femme criminelle

15 à 20% de la criminalité : petite criminalité vols et violence (coups avec blessures visibles, violence verbales). Ambiguïté à ne pas vouloir penser la femme comme violente.

Le terme violence fondé sur vice (latin) -> virilité. Comme si étiologiquement la violence ne pourrait être uniquement masculine. Or la représentation de la femme violente dans l’histoire est bien présente de Ève (crime contre l, Lilith, Pandore. De la femme victime de ses humeurs (Galien) être chaud, mou humide –>   passion à contrario d’être pourvue de raison (caractéristique de l’homme).  La femme se retrouve à nouveau dans le paradoxe de femme victime de leur pulsion qui exerce le crime mais qui également est incapable d’en perpétrer.

On remarque l’émergence de la « mégère » qui perpétue la violence verbale mais pas seulement. Le livre Rouge livre de justice (12ème – 15ème siècle), recenses des crimes en tout genre qui doit faire office de guide pour les juristes. Report de femmes qui battent leurs maris, commettent des infanticides et des avortements. Ce sont les crimes de sang féminin: On ne pouvait envisager que la femme donnant le sang puisse le faire couler. Cela va contre la nature de la femme. Ils sont traités avec la plus grande violence. On les enfouissait sous terre vivante. Elles ne sont pas encore brulées ou exécutées car dans la croyance on ne pouvait pas porter le coup fatal à celle qui donne la vie. Les crimes de plus petite envergure étaient réglés dans le privé. Le mari avait le droit de corriger sa femme dans l’intimité du foyer. Des amendes étaient également distribuées. S’il n’était pas possible de les payer, la femme pouvait purger une peine de prison.

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