Résistance des Wet’suwet’en contre les pipelines, 2019.

Joséphine Bacon – Visionnement du film Je m’appelle humaine

Dans les textes de Joséphine Bacon s’exprime le besoin de reprendre possession de sa dépossession. La survivance de la langue Innu est évidemment centrale à sa poésie; c’est l’une des trois dernières langues autochtones parlées au Québec. Les aspects des cultures autochtones sont largement disparus à la suite des ravages du colonialisme et finalement par l’horreur des pensionnats, la langue prenant un coup virulent lors de la création de ceux-ci. La poésie de Joséphine Bacon est un art de résistance incontestable. Dans le documentaire, elle souligne le besoin d’écrire l’histoire des aîné.e.s, pour les aîné.e.s, pour faire survivre leurs récits malgré l’entêtement des institutions gouvernementales à faire disparaître les cultures autochtones entières. La survivance des mots par la poétesse se fait au travers de son art; elle contre l’oubli des mots disparaissant avec l’anéantissement partiel des modes de vie traditionnels innus en les faisant vivre dans ses poèmes. Dans le documentaire Je m’appelle humain, Joséphine Bacon fait souvent référence à Nutshimit, qui signifie l’intérieur des terres et il y a notamment un passage touchant dans lequel elle dit : « Je lui appartient, mais elle ne m’appartient pas », ce qui, selon moi, révèle toute l’incompréhension des colonialistes envers les Autochtones. Elle dit aussi « Je vis au présent le passé de mes ancêtres », ce qui représente quelque chose de très précieux à mes yeux. Les traumatismes intergénérationnels ne disparaissent pas du jour au lendemain, ce qui semble être constamment oublié par les commissions de réconciliation.

John Rawls

Commentaire laissé sur Expérience de pensée et universalisme : « La déconstruction de nos apprentissages est un pas individuel à effectuer pour se libérer de l’intériorisation de la hiérarchisation naissant de l’hégémonie blanche. Tous les domaines modernes structurant nos connaissances sont influencés par cette hégémonie, ce qui signifie que le travail est interminable; si rien n’est objectif, si tout est teinté de cette obsession de blancheur, cela nécessite une remise à zéro des modèles que l’on s’est construit (économique, politique, social, etc.) Je crois que de suivre un plan décolonial et intersectionnel est un premier pas. » L’expérience en lien avec la philosophie de la justice de John Rawles effectuée en classe met en lumière la difficulté de se détacher de nos apprentissages et de nos privilèges. Pourtant, il est facile pour le philosophe de croire revenir à la ‘position originelle’ puisque celle-ci est directement liée, selon moi, à une absence de marginalisation, ce qui, pour John Rawles, homme blanc hétérosexuel, est, de manière générale, déjà le cas. C’est la raison pour laquelle cette expérience me paraît désuète : vivre avec des privilèges toute sa vie mène à une vision teintée de ce qu’est cet état de nature. L’exercice en soit est d’intérêt, mais le résultat diffère pour tous.tes, ce qui enlève l’universalisation qu’on tente de lui amener. Je me servirai de cette réflexion pour me rappeler que je suis aussi teinté.e de cette arrogance de par ma blacheur; je ne peux pas prendre pour acquis que la culture autochtone en est une que je peux étudier sans aucun écran. Mon apprentissage est également taché par l’hégémonie blanche.

An Antane Kapesh – lecture comparée

Dans la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics : écoute, réconciliation et progrès, il est horrifiant de lire les excuses que se donnent le gouvernement en lien avec l’histoire de l’assimilation et les génocides autochtones. Le texte débute en soulignant la difficulté des francophones lors des premières années de la colonisation ici; oui, la marginalisation économique des francophones a eu lieu, mais non, ce n’est absolument pas pertinent de le souligner de manière à expliquer le vol des territoires autochtones. C’est également affreusement faux d’écrire cela d’une façon qui sous-entend que nous ne sommes pas venu.e.s ici dans le but de coloniser. Ce texte peint une image de pauvres colons français qui ont dû se tourner vers la prise du territoire pour se sauver la peau; on oublie que c’était la raison première de l’arrivée ici, peu importe la population qu’il y avait sur le territoire en question. N’oublions pas que l’eurocentrisme et l’hégémonie de la blancheur était bel et bien présente dans l’esprit des Européens à cet époque. Ce n’est pas à cause des méchants anglais que les francophones ont commis des violences coloniales aux Autochtones. Au fil du texte, le blâme est mis expressément sur les ecclésiastiques, ce qui démontre l’esprit simpliste des auteurs.trices de cette commission; depuis les années 60, il est facile de mettre le blâme sur le clergé. Le blâme est continuellement mis sur d’autre que soi et iels trouvent pertinent de souligner la difficulté du peuple francophone dans un texte de réconciliation. Ça me rend hors de moi. Le texte de An Antane Kapesh, en revanche, est cru et sans retenu, ce qui le rend particulièrement pertinent au côté du texte furieusement adouci.

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