Ces Maudites féministes! entendons-nous souvent dire les hommes, mais qu’en est-il de leurs gains à eux? Se pourrait-il qu’eux aussi aient tiré un certain bénéfice de la libération de la femme? Je me suis questionné à savoir comment les conditions masculines se sont améliorées avec celles de la femme. C’est que je tenterais d’étayer avec vous dans les prochaines lignes. Après le mouvement #metoo, le sujet de la condition féminine a pris beaucoup d’ampleur, mais peu d’entre nous se sont penchés sur les avantages du mouvement sur la gent masculine.

Les stéréotypes :

Lorsque je lis ou entends les commentaires venant d’hommes sur les réseaux sociaux, autour de moi ou au travail, ce négativisme qui entoure le féminisme me surprend toujours. Je m’explique mal qu’ils ne voient pas que ce mouvement les a libérés eux aussi. Cette pression envers les hommes d’aimer les sports, la bière et les voitures et tout autre cliché est encore bien réelle. On les voit sur les réseaux sociaux, dans les publicités ou les téléréalités par exemple, l’homme macho ne meurt pas! Un homme ne pleure pas, il doit être musclé et fort pour protéger les siens et surtout pour séduire les jeunes femmes. On dit des jeunes garçons qu’ils sont plus turbulents, boys will be boys, on dit qu’ils sont plus manuels ou encore, les garçons sont plus immatures que les filles…. Une part du problème est justement dans ces concepts, par exemple, si montrer ses émotions est faire preuve de faiblesse et qu’on associe cet acte aux femmes, si on considère humiliant de se comporter « comme une femme », c’est parce qu’on les considère inférieures. Si les femmes étaient considérées égales, alors il n’y aurait aucun problème à «agir en femme». Ce sont des discours archaïques encore trop présents, mais qui tendent à changer. La libération féminine permet aux hommes de développer leurs propres champs d’intérêt et non ceux du patriarcat dans lequel ont grandi les générations précédentes. Nous avons pu constater l’émoi autour d’une publicité du géant commercial Gillet¹ alors qu’il encourage les hommes à renverser les stéréotypes masculins et d’être des modèles plus sensibles aux autres. Beaucoup ont critiqué la publicité en la jugeant haineuse envers les hommes alors qu’elle suggère plutôt d’accepter ses émotions, de dénoncer la violence, d’être bien veillant envers les femmes, d’être juste et égaux. Qu’on aime ou pas, le commercial de Gillet démontre bien qu’il y a un éveil des esprits et la chute du patriarcat en est, selon moi, en partie la cause.

Les avantages :

 Le fait d’être pour l’avancement de la femme ne signifie pas pour autant de banaliser les enjeux masculins. En effet, l’image de la femme féministe qui déteste le genre masculin, qu’elle est une atteinte à la virilité masculine alors qu’elles se battent simplement pour l’égalité, une meilleure qualité de vie pour chacun d’entre nous hommes, femmes, LGBTQ+++. Pourtant, depuis l’émancipation, les hommes n’ont plus le fardeau de fonder une famille à tout prix, ils n’ont plus à être le seul pourvoyeur comme l’explique entre autres Silvia Federici lorsqu’elle évoque «la construction d’un nouvel ordre patriarcal, fondé sur l’exclusion des femmes du travail salarié et leur soumission aux hommes.»² il bénéficie aussi d’une sexualité plus ouverte avec leur partenaire alors que cela était perçu comme un crime passible d’être condamné à la peine capitale il y à peine deux siècles.

La chasse aux sorcières ne déboucha pas pour les femmes sur de nouvelles possibilités sexuelles ou des plaisirs sublimés. Au contraire, elle fut le premier pas dans la longue marche vers du ‘’sexe propre entre des draps propres’’ et la transformation de l’activité sexuelle des femmes en un travail, un service pour les hommes, et en procréation. L’interdiction de toutes activités sexuelles féminines non-productives ou non procréatrices, potentiellement démoniaques et antisociales, fut centrale dans ce processus. 

Caliban et la sorcière, Silvia Federici, Entremonde,2014, Paris, 403 p.

Il a maintenant la possibilité d’exprimer ses sentiments, d’élargir ses champs d’intérêt et d’apprécier des sujets qui était auparavant plus souvent destinée aux femmes telles que les arts et la culture sans être vue comme efféminée. Prendre soin de soi, de son corps et de sa santé physique et mentale par le biais de massages et soins esthétiques sont d’avantage accepté et apprécié. Il peut se permettre d’apprécier la mode et ses couleurs et d’être coquet.

Beaucoup d’hommes apprécient leur congé de paternité pour tisser des liens avec leurs enfants et de participer à l’éducation des enfants. En parlant des enfants, on laisse de plus en plus les garçons et les filles la liberté de choisir et d’échanger entre eux les jouets qui sont très souvent genrés. Les hommes ont aussi la liberté d’occupée des emplois qui étaient conventionnellement réservés aux femmes, nous pouvons penser aux infirmiers, aux coiffeurs, aux maïeuticiens, aux éducateurs en garderies pour ne nommer que ceux-ci.

Il est impossible et inutile de se comparer alors que la solution est dans la collaboration. Plutôt que d’entamer une chasse aux sorcières féministes, il serait bon, pour une fois d’admettre que les hommes, eux aussi, peuvent y tirer leur épingle du jeu sans casser du sucre sur le dos de leurs consœurs. De plus en plus d’hommes prennent conscience de leurs privilèges et qu’il s’agit en soit non pas de se les voir retirer ou de les perdre, mais plutôt d’élever ceux du sexe opposé.

¹ https://www.youtube.com/watch?v=koPmuEyP3a0

²Caliban et la sorcière, Silvia Federici, Entremonde,2014, Paris, 403 p.

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