Avec des grands biais des représentations de la femme aujourd’hui, cette dernière a du mal à saisir et à exprimer son individualité propre. Encore doit elle adopter l’image d’une attente culturelle, non seulement pour éviter le jugement sévère d’autrui, mais aussi pour sa sécurité. La sorcière, vient alors en jeu, car elle porte le testament d’un passé troublé. Cette femme atypique craignait pour sa sécurité et devait alors respectée les mœurs attendues d’elle. Ce passé concerne le carnage de la femme marginale à l’époque moderne dans la culture occidentale et aussi d’un carnage qui a encore lieu aujourd’hui où des milliers de femmes sont persécutées à mort sur aucun fondement rationnel. L’identité de la sorcière est alors fragile; comment peut-elle porter le poids d’une histoire misogyne tout en étant un icone du féminisme aujourd’hui? Comment la femme peut-elle se libérer des nombreux préjugés placés sur elle par la culture mainstream en s’appropriant le titre de la sorcière?

Chez nous, dans une ville relativement sécure comme Montréal, nous sommes majoritairement ignorants des profondes implications du symbole de la sorcière. Nous consommons facilement toute une culture qui la représente de manière biaisée. Avant ce cours, la sorcière pour moi était soit simplement une femme magicienne au chapeau pointu comme dans Harry Potter ou soit à mes tantes excentriques qui pratiquent encore aujourd’hui de la sorcellerie. D’apprendre que l’appropriation de ce terme venait d’un passé aussi troublant fut difficile à digérer. Le repositionnement de son contexte fut important à considérer, comme nous l’avons fait dans cette section du cours. Je suis venu à la conclusion personnelle que l’enjeu dans ce discours vient d’une culture populaire qui nourrit le dédain contre celles-ci en caricaturant leur répugnance. C’est bien une insulte à l’histoire horrible que certaines femmes ont vécue et vivent encore aujourd’hui. Cela étant dit, je crois qu’il est important de ne pas confondre sorcière avec femme répugnante. La sorcière, elle, est la femme marginale qui persiste à travers le temps. Son statut doit rester; elle a été chassée et torturée et, aujourd’hui, sa présence est un symbole de la force de la femme marginale qui a survécu cette atrocité. C’est au moment qu’on associe la sorcière  à notre dédain contre la femme répugnante que la banalisation commence, et encore pire, un danger armé de préjugés. Ceci est le cas lorsqu’il y a une dénigration d’une femme à travers l’emploi du terme de la sorcière ou de ses caractéristiques caricaturalement néfastes. Par exemple, je pense aux élections présidentielles américaine de 2016 lorsque Trump a joué sur le fait que son adversaire Clinton, étant une femme, portait des traits caractéristiques de la sorcière.

Dans les représentations populaires d’aujourd’hui, soit à travers le cinéma, la mode, les romans, les médias, etc. la femme est mise dans des rôles dépassés, qui ne porte pas sur la réalité ni sur les possibilités de qui elle peut être.  Effectivement, dans un monde insécure et incertain, nous sommes attachés à une cohérence dans notre réalité et nous aimons faire des prédictions certaines de notre futur. Ainsi, nous sommes rapides à catégoriser ceux autour de nous pour nous procurer un sentiment de sécurité. Nous sommes certains de nous piéger mutuellement dans une caractérisation aliénante qui ne fera jamais justice à notre complexité. Il y a plus à la vie qu’une femme entièrement gentille ou entièrement méchante, bien que cela existe très fortement dans notre imagination. Le gros problème dans tout cela, selon moi, c’est le fait qu’il n’y a pas une représentation assez variée de l’unicité de ce que la femme peut être. Dans notre société, elle se met encore en danger en se présentant différemment de ce qui est attendu d’elle. Un trait défavorable, une erreur mineure ou une différence dans son caractère et on peut la dénigrer sans honte. Dans un cas extrême de ce phénomène, je pense au fameux cas concernant Amanda Knox en 2007. Son cas judiciaire était largement basé sur l’assassinat de son caractère et elle en paie le prix non seulement par ses quatre années en prison, mais également par des préjugés graves portés contre elle encore à ce jour. Ces préjugés concernent sa sexualité immorale, son cœur froid et calculateur, et son visage séduisant qui manipule. Toute cette affaire vient prouver que lorsqu’une mésinformation circule et qu’elle est supportée par un nombre suffisant de personnes, elle peut mener toute une communauté, voire toute une population à croire à des choses loin de la réalité. L’effet de masse, le fait d’avoir des gens qui croient pareillement que nous, peu importe ce qu’on supporte, est assez pour nous donner une certaine conviction dans une imagination abondante. C’est le cas dans l’inquisition de la sorcière. Une information louche concernant une femme peut rapidement se transformer dans une horreur craintive de sa personne, si la rationalité n’est pas utilisée pour assouvir la peur ou la haine contre cette victime.

En effet, il y a une représentation simplifiée et peu fondée de la femme qui nie son humanité. Pourquoi doit-elle se plier à une case, alors que comme tous, elle est une gamme complexe d’émotions et de pensées. Pourquoi ne peut-elle pas être considérée à la fois opinionnée et raisonnable? Forte et empathique? Sexuelle et morale? Car finalement, son individualité ne se résume pas par un adjectif mais par son nom propre. Je pense qu’aujourd’hui, l’icône de la sorcière féministe, qui, dans sa non-conformité, lui permet d’être toutes ces choses à la fois sans devoir se requestionner.  La sorcière féministe agit comme une nouvelle étiquette d’ambiguïté offrant cette possibilité de se présenter comme autre que ce que les standards limités offrent à la femme d’aujourd’hui. Elle est un outil pour combattre la fausse représentation des femmes, mais cette étiquette ne doit pas être sali par les stéréotypes néfastes.

À travers ma réflexion, je suis porté à croire qu’une nouvelle représentation de la femme dans notre culture est nécessaire. Nous devons nous habituer à voir la femme avec toutes ses formes d’expressions sans que des jugements s’imposent. Qu’on puisse quand même être capable de la reconnaître comme étant belle, aussi différent de la norme soit elle. Qu’elle puisse respirer librement avec des poiles aux jambes si elle le veut, qu’elle puisse se promener sans crainte et sans brassière si elle le veut, qu’elle puisse elle-même décider de sa valeur, sans que l’on lui impose. Ceci me mène également à reconsidérer la représentation que l’on porte de tous. Que ce soit des minorités visibles, des membres de la communauté LGBTQ+ ou bien même de l’homme hétérosexuelle de la race dominante, tous ont droit de se séparer des attentes qui leur sont imposées.

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