La question autochtone est malheureusement venue à moi trop tard et sans mon intérêt personnel. J’avoue ne m’avoir jamais posé sur le sujet avant il y a quelques sessions. On en parlait, on portait des chandails orange mais je ne connaissais pas toute la profondeur qui maintenant me passionne, m’intrigue.
Au primaire, on nous apprenait peu de choses à leurs sujets, comme si c’était une partie de l’histoire si veille que le simple fait de savoir leur alimentation et leur habitat de vie était suffisant. Quand j’y pense je crois bien qu’on avait l’impression que ces personnes n’existaient plus. Que c’était un simple autre élément pour l’examen que je devais apprendre par cœur pour avoir une bonne note. Je me souviens que les gens étaient tannés d’en entendre parler, c’était toujours mentionner à chaque cours d’histoire mais les mots qui ressortaient étaient seulement maisons longues, les trois sœurs, iroquoien et amérindiens, sédentaire et nomade. Ça me rend triste. Ça me choque. Réduire une partie de l’histoire autant que ça, c’est impensable.
Lorsque j’ai eu Ariane Langlois comme professeur de français c’est là que j’ai commencé à réellement me plonger dans le sujet. On devait lire et écouter des chansons, des poèmes. C’est la que j’ai découvert une femme qui me fascine, Joséphine Bacon. Sa force, ses mots m’apaisent, me transcendent. La musique, la langue, toute avait un sens. Tout ce qui autrefois manquait et était transformer par le livre d’histoire trouvaient leur place. Tout était imprégner par leur vécu. Le lecteur le ressentait. Je le ressentais.
C’est à ce moment que pour le travail final nous devions choisir une œuvre, l’analyser et réciter ce texte devant la classe. J’ai choisi le livre « Ni kistisin/Je me souviens » de Édouard Itual Germain, un homme qui a vécu les pensionnats, qui a travers des poèmes racontent son histoire, ses souffrances et ses espoirs. Une lecture forte en émotions mais une lecture nécessaire selon moi. Un œuvre qui a été publié par les filles de l’artiste, qui suite à sa mort, on réalise le rêve de leur père. Une œuvre fascinante et touchante à analyser. Voici d’ailleurs le texte qui en a découlé.
J’ai lu ce texte dans le noir avec comme simple éclairage ma lampe de table d’enfance, qui éclairait à peine la salle de par sa couleur rosée. Une musique de Elisapie jouait en fond. Je voulais que les gens puissent avoir un endroit à eux pour que les paroles résonnent, pour qu’ils puissent vivre et ressentir la noirceur et l’espoir que Édouard Itual a vécu, pour qu’une fraction de la réalité puisse être partagé.
Je me suis aussi inscrit dans un programme qui résulte à un voyage dans les communautés autochtones. Je baigne donc dans cet environnement maintenant. Notre projet est de trouver un questionnement en lien avec une problématique sur le terrain. Nous avons choisi l’éducation comme sujet puisque pour ma part, je trouve que l’éducation est centrale dans la vie des gens et que c’est tellement important. Tout ça pour dire, que j’ai dû apprendre, lire des études, des projets des statistiques sur des populations autochtones et c’est tellement intéressant. Je trouve qu’on devrait suivre leur manière de voir et d’interpréter les éléments de la vie.
C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée de continuer avec le titre de mon projet pour mon cours de français, le cercle du temps, le cercle parce que tout est cyclique et le temps parce que c’est une entité qui est centrale. Je voulais, je veux me questionner sur l’impact du temps sur nos vies et la mettre en perspective avec la place du temps dans la culture autochtone, surtout avec le nutshimit. Le nutshimit qui dès que j’ai entendu ce mot a résonner dans mon esprit et chaque fois que je lis des poème le concernant je sens la force de celui-ci.
J’ai la chance d’avoir des membres de famille qui sont ouverts et d’autre moins. Je peux donc naviguer entre les deux, apprendre des choses, convaincre des gens. La dernière fois je parlais avec ma tante puis elle m’a fait découvrir deux chansons. Deux chansons qui revendiquent une culture oppressée par l’entremise d’une conversation d’un enfant et de ses parents. Les deux chansons sont tristes mais font énormément réfléchir. En tant que québécois nous sommes nous-même en minorité dans notre pays. Le français malgré son statut officiel est minoritaire. Il reste qu’il est utilisé par un grand nombre de locuteur et qu’il est écrit partout au Québec du moins. Mais quand on s’y penche réellement et que l’on découvre la place des communautés autochtones au Québec, au Canada, on se sent petit dans nos culottes. Notre problème est-il un problème? Est-ce que notre énergie par le partage de sentiment ne devrait-il pas se concentrer sur la revitalisation des langues autochtones, de leur place, de leur condition? Je pose ça ici, je me questionne.
Je suis allé à un vernissage la dernière fois. C’était mon premier. Je suis déjà allé à des musées, à des expositions d’art mais jamais à un vernissage. J’ai été émue. Voir tous ses artistes devant leur œuvre, la présenté et la faire vivre. À un moment, je regardais une œuvre et des coups de tambour résonnent dans la salle. Je lève les yeux et je vois un œuvre, un tambour prendre forme dans les mains de l’artiste. C’était touchant. Les coups sur le tambour traversaient mon corps. L’artiste a pris une guitare et s’est mis à chanter. Je ne comprenais pas mais les paroles, mais la sonorité me rappelait quelques choses. C’était en nahualt, c’était la langue des communautés que je vais visiter. À ce moment-là, j’ai réalisé que nous vivons dans un monde rempli de diversités, et que chacun cache un trésor en soi, leur culture.

Alanis Obomsawin, une femme inspirante. La visite au musée m’a beaucoup interpellé, de voir des initiatives, de rencontrer une nouvelle artiste qui partage sa voix. J’ai hâte de naviguer dans ses films, dans son vécu.

Des anecdotes comme ça nous en avons tous plein. Des anecdotes qui nous ont touchés, qui ont pris une place importante dans notre vie. Nous sommes un ensemble de souvenir, d’anecdotes, qui chacuns ont leur place dans un espace-temps. Dans notre espace-temps. C’est de la que ma réflexion est parti pour mon texte. Comment le temps nous affecte, comment il prend une place dans chacune de nos vies. Comment nos espace-temps se mélangent.