Journal d’enquête

RÉFLEXION PERSONNELLE

Le concept de la reconnaissance

La reconnaissance se relie à un besoin fondamental de l’être humain de se sentir vus, compris et acceptés par les autres. C’est un processus qui s’inscrit dans l’approche de validé ce qu’autrui représente (identité, émotions, actions, etc.) Par conséquent, la personne étant réceptive de cette approche bénéficie d’une augmentation de son estime de soi, mais également sa capacité à établir des relations saines qui reposent sur des racines harmonieuses. La reconnaissance est essentielle pour la construction de la conscience de soi (il est difficile de se comprendre entièrement sans qu’autrui nous offre de la reconnaissance). Dans le cas où la reconnaissance n’est pas offerte, il devient impossible pour l’autre de développer cette conscience de lui-même, car il n’est pas en mesure de reconnaître sa valeur et son existence et l’importance de celle-ci.

Prenons l’idéologie d’une philosophe allemand…

Georg Wilhelm Friedrich Hegel

La reconnaissance véritable n’existe que lorsque deux consciences se reconnaissent mutuellement comme égales, affirmant ainsi leur liberté et leur valeur propre1

La relation avec le territoire (peuples autochtones vs gouvernement)

Le rapport au territoire chez les peuples autochtones est fondamentalement différent de celui qu’entretient le gouvernement canadien. Pour les communautés autochtones, la terre n’est pas simplement une ressource à exploiter, mais un être vivant avec lequel ils entretiennent une relation de respect et de symbiose. Le territoire est sacré, il fait partie de leur identité et de leur culture, et sa préservation est vitale pour leur survie et leur bien-être spirituel. Ils le considèrent comme un héritage collectif à transmettre aux générations futures, en respectant les cycles de la nature et les savoirs traditionnels. À l’opposé, le gouvernement, dans son approche coloniale et capitaliste, voit le territoire principalement comme un bien économique à exploiter pour l’enrichissement matériel. Les ressources naturelles sont extraites pour générer des profits, souvent au détriment de l’environnement et des droits des peuples autochtones.

La relation entre le gouvernement canadien et les peuples autochtones….

Le gouvernement canadien a longtemps, et même à ce jour, traité les peuples autochtones avec mépris en les dépossédant de leurs terres et en leur imposant une assimilation forcée à travers de politiques coloniales brutales et violentes. Il a souvent voulu démontrer sa bonne foi aux peuples autochtones avec des traités spécifiques (qu’on pourrait même décrire d’hypocrite) qui ont généralement été mal interprétés ou même ignorés, laissant les communautés autochtones dans des conditions de précarités et de non-respect pour leurs droits territoriaux. Le pouvoir les ont traités comme s’il était des intrus dans des terres qui leurs appartiennent. Des systèmes ont été mis en place pour éradiquer leurs cultures, leurs langues, mais surtout leur existence. Cette approche violente a profondément brisé l’idée d’une union entre les peuples autochtones et le gouvernement canadien. En effet, dans une relation basée sur le respect, il y a cette nécessité de reconnaissance mutuelle, de comprendre l’autre non pas comme un autre à dominer ou à effacer, mais comme un partenaire légitime.

Pourquoi est-ce difficile d’entreprendre ou de concevoir une relation avec eux ?

Ce processus de déshumanisation a détruit l’idée même de la reconnaissance, en effaçant les peuples autochtones de la mémoire collective, comme si leurs vies et leurs cultures n’avaient aucune valeur. En les traitant comme des intrus sur leurs propres terres, en leur imposant des politiques qui détruisaient leur existence, le gouvernement canadien n’a pas seulement volé des terres, mais a piétiné leur dignité, leur histoire et leurs droits. Cette violence n’était pas seulement physique, mais aussi psychologique et culturelle : elle les a forcés à vivre dans l’ombre, invisibles, comme si leur réalité n’avait pas droit d’exister. Quand un peuple est constamment nié, ignoré et effacé, il devient impossible de le voir comme un égal, de le reconnaître dans sa pleine humanité. C’est pourquoi, aujourd’hui, on ne peut pas simplement « entrer en relation » avec eux comme si tout était normal. Les blessures sont trop profondes, les cicatrices trop visibles. La reconnaissance, pour eux, est d’abord une question de survie qui se traduit par celle de voir leur histoire, leur culture, la réappropriation de leur territoire et leurs droits enfin respectés.

Un membre des Warriors, un groupe militant pour les droits territoriaux des Mohawks, et un soldat de l’armée canadienne se défient devant un rassemblement de médias, le 10 septembre 1990, en pleine crise d’Oka.

Forme du projet finale

L’exposition D’Alanis Obomsawin…

Devant les images poignantes de l’exposition, un tourbillon d’émotions m’a envahi. J’ai ressenti une colère profonde, mais aussi une grande tristesse et un sentiment d’impuissance face à l’injustice systémique qui persiste envers les peuples autochtones. Le regard d’Alanis Obomsawin, sa façon de capturer des moments de lutte, m’a confronté à la réalité brutale des violences passées et présentes. Je me suis retrouvé dans un moment de réflexion intense, réalisant à quel point cette histoire, trop souvent ignorée, m’avait échappée. Le poids de l’inaction, de l’indifférence, m’a accablé. C’est alors que l’idée d’écrire une lettre aux gouvernements est née en moi, un moyen de m’adresser directement à ceux qui ont perpétué ces inégalités et d’exprimer la douleur et la résilience des communautés autochtones. C’était comme un éveil, une prise de conscience de l’urgence de la reconnaissance, un appel à l’action pour que ces voix ne soient plus étouffées, mais aussi une tentative de surmonter ce sentiment d’impuissance en cherchant à comprendre ce qu’il est possible de changer.

  1. R. Pougnet, L. Pougnet « Clinique des patients électrohypersensibles : un parcours de la reconnaissance ? », Éthique & Santé, 2023/4. ↩︎

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