Cultures autochtones

De manière méthodologique.
Politiques de reconnaissance.
Inspiré de Glen Sean Coulthard et Léanne Betasamoke Simpson (ils tournent le dos à la société canadienne)
Livre : Peau Rouge, masques blanc (critique des politiques de reconnaissance)
Alanis Obamsawin
Problématique : colonialisme
Figure de la sorcière.
Mécanisme de répression.
L’émergence de l’état moderne.
Rationalité instrumentale.
L’objectivation.
Société de droit.
Propriété privée.
Hip-hop (moyen de résistance pendant une impasse et qui incarne la tension)
Toutes ses choses on crée les rapports humains dans lesquels on vit aujourd’hui (violence, jugement, difficulté à entrer en relation…)
Fermeture du dernier pensionnat au Québec : 1996
Donc sujet encore à vif.
Comment on répond à l’impasse? Comment nous on fait pour y réfléchir?
Auto-éducation à travers l’art (littérature, cinéma, art)
Écouter les voix qui se lèvent.
Regard empathique et laisser tomber le regard critique.
Plus d’autonomie pour eux.
Institutionnaliser.
Dans l’éducation (éduquer sur les communautés autochtones mais d’aujourd’hui)
Oui c’est important de connaître notre histoire, mais il faut savoir aussi comment naviguer dans notre société d’aujourd’hui.
Représentation stéréotypée
Quand on se construit un imaginaire commun, on crée une limite de ce qui entre dans notre définitions.
La personne autochtone n’est pas un monsieur sur sa banquise avec son harpon et son costume traditionnel, mais une personne qui souffre de ses vices (alcoolisme…) et de la société.
On ne peut pas demander à la communauté de nous éduquer alors que c’est nous qui les avons juger… on a le devoir de s’éduquer.
Est-ce que ses communautés veulent vraiment la réconciliation ou veulent juste la paix. Encore une fois on force la relation. (Intégration)
Désir du changement concret.
Conscientisation.
Est-ce que ce sont vraiment les voix qu’on amplifie ou l’idée qu’on est une société inclusive.
Relation :
Prendre et répondre aux signaux (interpréter et écouter)
Interagir
Faire partie du tout
Pas de position de pouvoir (relation saine)
Égalité
Communication / Échange (positive ou négatif)
Chaque partie à ses qualités propres (compliment les uns aux autres) (pas les mêmes qualités individuellement qu’en relation)
Émergence de la relation de nouvelles qualités (les parties sont transformées par la relation)
Par contre une relation ne doit pas mettre en jeu l’individualité
Manière de penser doit être transformé
Apparition d’un nouvel ensemble (une relation amicale ou romantique)
Combien de relation on manque à cause des préjugés
Glen Sean Coulthard
Historique : reconnaissance
Relation : le produit de la relation fait émerger de nouvelles qualités (qualités différentes des qualités propres à chaque membre du groupe et du groupe lui-même)
Politique : située
Objectivité / subjectivité
Rapport Jacques Viens : relation entre les autochtones et certains services publics.
Écoute, réconciliation, progrès
Libéralisme canadien
Individualisme – liberté de l’individu
On accorde tellement d’importance à la liberté de chacun qu’en groupe on fait juste additionner les qualités de chacun sans penser que le groupe à lui-même ses qualités.
Rapport au territoire : il appartient au territoire.
« Le territoire ne m’appartient pas, j’appartiens au territoire »
Pourquoi les autochtones en arrive à l’idée qu’il faut laisser tomber le libéralisme canadien. Pour ce concentré sur l’autodétermination, l’auto reconnaissance et leur tradition par le récit.
Derrière l’idée de reconnaissance il y a des humains conscients de soi. Il s’agit d’être conscient que l’autre est aussi conscient de soi. Reconnaissance basée sur la subjectivité.
Kent : c’est la chose que je ne peux pas instrumentaliser c’est le fait que l’autre à une conscience de soi.
Émergence de la conscience de soi : différence entre l’environnement dans lequel on est et notre corps (j’arrive à comprendre que je suis le sujet des actions, les choses m’arrive à moi.)
Altérité : Le JE est à la base du récit. On raconte des récits parce qu’on a aussi quelqu’un a qui les raconter. On a besoin des rapports sociaux pour nos récits.
Interactionnisme : on veut des droits, liberté, accès a la propriété, succès social égaux pour tous (comme limage qu’on se fait des US). Mais il y a quand même un rapport de domination et le colonialisme est encore présent au Canada.
Pour avoir la liberté, il faut être reconnu. Dans le contexte de libéralisme, LIBERTÉ = RECONNAISSANCE.
On vit dans un monde de principe. Comme individu, j’ai la liberté d’agir…
La reconnaissance mutuelle est basée sur des accommodation institutionnelles (prend la forme de services). Toutes les négociations avec les communautés autochtones se font basé sur ça et pourquoi?
Leur manière de penser : On ne tient pas compte, dans les politiques de reconnaissances, de la souveraineté des peuples, de leur rapport avec leur territoire qui est subjectif (spirituel). On se contente de résumer leur histoire sur une page des livres d’histoires.
Notre manière de penser : on ne prend pas compte de la souveraineté des peuples autochtones.
Comment on transforme nos manières de penser ?
Tout le monde laisse passer le masculinisme parce que c’est un débat de société, on ne peut pas prendre position parce qu’on on brime la liberté de penser des gens. Leur liberté d’expression. Aujourd’hui, on priorise davantage la manière que les gens s’expriment que le message. Les masculinistes savent s’exprimer et accrocher les gens donc les gens les supportent. Certains diraient qu’ils ont droit à leur opinion et si on dit non, c’est nous qui st dans le tort parce que chacun à « droit » à sa manière de penser.
Récits : Expliques-moi pourquoi tu es devenu masculiniste. On ne demande pas ça mais plutôt essaie de convaincre l’autre et c’est mauvais parce que c’est subjectif et on brime la liberté de l’autre.
Guy A. Lepage. Na pas fait son rôle de journalistes en poussant les masculinistes, il a juste laissé les hommes vendre ce qu’ils avaient à dire. L’objectif à pas été atteint. Le reportage à juste donné voix à ses personnes.
Chez Trump, il y a une manière de penser qui est présenter comme républicain libéralisme, mais non c’est libertarien (comme Elen Musk) (Les Simpsons, écrit par libertarien) manière de penser vraiment différente de penser des démocrates, républicain, libéralistes…
Le problème ce n’est pas la différence d’opinion, c’est le fait que l’autre opinion amène beaucoup d’horreur comme des féminicides, des violences conjugales, la perte de droits…
On légitime ses politiques là sans jamais les remettre en question.
On tente de rationaliser le discours de Trump, sans voir c’est quoi qui se passe réellement sous nos yeux.
On sait que Trump gère par ses humeurs alors les Américains ont voter contre la démocratie (contons contre les lois plutôt que pour l’humeur des tyrans). C’est un problème d’éducation.
Passage de la loi (principes) à l’ordre des faits.
1876 – la loi sur les Indiens.
Récits, manières de penser, rituel tendent à la rarification du gibier est perçu et vécu par la communauté autochtones.
Résultat : gouvernement interdit la chasse.
Conséquence : famine dans les communautés autochtones. Ils se tournent donc vers le conseil de bande qui demande au gouvernement de prendre ses responsabilités. Le gouvernement va donc amener de la nourriture aux réserves, mais a quel prix.
Le gouvernement n’a jamais pris en compte du rapport au territoire des communautés autochtones.
La loi, elle transforme. Fonction assimilatrice. Pourquoi est-ce quelle est encore active? Elle leur est imposé, alors ils sont impuissants face à ça.
Elle définit le statut d’indiens.
Elle place les communautés autochtones sous tutelle. Réserves…
Les devoirs et les responsabilités de létal
Dans le Canada, on cèdera jamais l’exploitation des ressources naturelles aux communautés donc automatiquement on brime leur rapport au territoire.
Mes idées pour mon histoire :
En approfondissant mes recherches sur les communautés autochtones, je me suis rapidement rendu compte qu’une majorité, et je m’inclus là-dedans, en connais très peu sur ceux-ci. Ce qui est très dommage, comme les enjeux que ces personnes font face tous les jours nous touche aussi sans même que nous ne le sachions.
J’ai visité dans les dernières années la communauté atikamekw de Manawan, puisque mes parents possèdent un chalet dans ce coin. L’hiver nous aimons faire du ski-doo et donc la réserve de la Manawan nous est plus accessible, nous allons souvent dans des restaurants, des auberges et autres près de là et par la même occasion, nous rencontrons toutes sortes de personnes.
Contrairement à tout ce qu’on peut croire et penser savoir à propos des personnes autochtones, j’ai rencontré des gens ordinaires. Des gens qui sont généraux, accueillants, gentils et drôles. Des gens comme nous. Mais qui ont un passé beaucoup plus horrible que le nôtre. Pourtant, ils sont forts, ils ont réussi à garder leur essence malgré tout.
Je voulais écrire une histoire puisqu’ils font partis de la notre. Mon histoire prend place dans les années 80, quand la vie des autochtones étaient encore bien plus difficile qu’aujourd’hui, bien qu’elle ne le soit malheureusement pas encore.
C’est pourquoi j’ai eu comme idée d’écrire l’histoire d’un petit garçon autochtone qui subit de l’intimidation par tous les préjugés que nous avons contre ces personnes. Mais de la vision d’un petit garçon allochtone, celui qui intimide, celui qui juge ce qu’il ne comprend pas. En écrivant avec la perspective d’un enfant, le texte est un peu naïf, comme un enfant qui ne comprend pas encore la portée de sa voix et l’impact que ses mots peuvent avoir sur les autres.
C’est plus facile de dire qu’un enfant est trop jeune pour comprendre certaines choses, mais on ne peut pas enlever aux enfants que bien souvent, ils possèdent une capacité bien plus grande que celle des adultes. qui sont bien souvent trop campé dans leur idées préconçus pour se remettre en question.
Le « Je ne suis pas raciste, mais… » que tout le monde connait trop bien. C’est quand même triste de voir des gens supposément intelligent qui sont autant fermés d’esprit. Un enfant n’aura jamais ce genre de pensée par lui-même (un enfant ne nait pas avec des préjugés), à moins qu’il n’ait entendu de ses parents ou d’autres adultes
Je réalise en fait sait des recherches à quel point les informations au sujet des communautés autochtones sont restreintes. Pourquoi il y a autant d’informations, de gens qui militent et qui sont impliqués des toutes les autres luttes actuelles de notre société, mais les luttes que font face les communautés à nos origines sont aussi silencieuse? Pourquoi c’est après vingt ans d’existence que je réalise que j’en connais beaucoup trop peu sur ces gens, que je me sens quasi mal à l’aise de devoir en parler, car je me sens mal placée pour prendre position et parler de ce qu’ils vivent.
Parce que malgré le fait que je sois une femme, que j’ai pu subir du sexisme, des critiques, des jugements et pleins d’autres choses, rien de ce que j’ai pu subir ne pourrait équivaloir à ce qu’ils vivent encore au quotidien.
Qui suis-je pour m’approprier leur voix, pour les caricaturer d’une manière qui entre dans le cadre de ce que je peux imaginer de ces communautés.
Il y a une chose que j’ai de la difficulté à comprendre, et c’est pourquoi est-ce qu’on doit parler d’eux comme s’il était des genre de bêtes de foire qu’on devait absolument analyser? Est-ce qu’on dirait des québécois qui sont des communautés qui ne font que bûcher du bois et manger de la poutine? Je ne crois pas, alors pourquoi les autochtones devraient toujours être réduit qu’à leur communauté?
Je sais bien que leur entourage est quelque chose d’important, pour qui ce ne le serait pas. Mais pourquoi est-ce qu’on analyserait pas plutôt chaque individu, puisque eux, comme nous, comme tous les habitants de cette planète sont différents, ont leur propre histoire, leur propre trauma et leur propre vie. Personne n’a la même histoire à raconter alors pourquoi réduire des gens à des communautés, à des légendes racontés par des gens qui en connaissent trop peu sur le sujet ou encore pire, à des numéros.
J’ai de la difficulté à comprendre comment une société qui est considérée comme soit disant intelligente et instruite doit jugée des autres aussi facilement, poser des étiquettes réductrices et souvent méprisantes sur des individus qui nous sont inconnus. Pourquoi le fait d’approfondir sa pensée avant d’interpréter les choses, de poser un jugement semble si compliqué.
Mais ce que j’ai le plus de difficulté à accepter, ce que même les personnes les plus proche de moi peuvent être autant fermés d’esprit et remplis de préjugés alors que ce n’est tellement pas mon cas. et pour ça, je suis reconnaissante de mes parents, d’avoir su m’instruire.
Voici une partie des préjugés sur les personnes autochtones que j’ai pu entendre dans ma vie :
- Ils habitent à 14 dans le même logement.
- Ils sniff du gaz, ils prennent beaucoup de drogue et d’alcool. Ils sont tous dépendants.
- Ils ne savent pas lire ni écrire.
- Ils vivent dans des taudis,
- Le gouvernement leur paye tout, ils se font vivre par le gouvernement.
- Ils ont tous des gros pickup.
- Ils laissent leur skidoo dans la neige une fois qu’il n’ont plus de gaz.
- Ils puent, ils ont une hygiène déficiente.
- Les pères violent tous leurs enfants.
- Ils vivent dans la misère.
- Ils ne mangent que de la junk.
- Ils sont toujours en retard.
- Ils ne comprennent pas comment fonctionne le vrai monde. Ils sont mésadaptés socialement.
- Les parents négligent leurs enfants.
- Les parents battent leurs enfants.
- Ils ne sont pas capable de subvenir à leurs besoins. Ils sont tous pauvres.
- Ils mangent juste de la viande sauvage.
- Ils ne respectent pas les animaux, ils font de la chasse sauvage
- Etc.
Pourtant, il y a tellement plus à eux qu’on peut le croire :
- Ils vivent en harmonie avec la nature.
- Ils se soutiennent en famille et en clan.
- Ils respectent l’âme des animaux et de tous les êtres vivants.
- Ils vivent dans le moment présent et ne s’inquiètent pas avec l’avenir.
- Ils sont accueillants et bienveillants.
- Etc.
Quelques idées en rafale pour mon histoire :
Rien de se que vous pouvez me faire me fera perdre qui je suis. Vous avez simplement peur de moi. Parce que moi, je suis fort.
Et la comme je me fâche tu vas me traiter de sauvage
Le petit autochtones regarde la barrière autour de la cours d’école et panique. Clôture de la réserve.
Il marmonnait des choses intelligibles. Parle comme il faut. Tu veux dire que tu veux que je parle dans ta langue.
Il était la première génération de sa famille à ne pas devoir aller dans les pensionnats.
On m’a appris ce qu’était le racisme alors que j’étais a genoux, les mains enfouis dans la boue alors qu’on me battait. C’est ainsi que j’ai compris que peu imprimé ce que je leur disait, jamais ils ne comprendraient.
Le petit garçon dit son nom et l’autre lui dit que ce n’est pas un nom. Oh, tu veux dire que tu veux savoir le nom que ton gouvernement m’a donné.
Le petit garçon a une ecchymose et l’autre lui dit qui t’a frappé? C’est ton père? Ta mère?
Tu n’es pas venu à l’école hier, pourquoi? Ton père était saoul le matin? Non, non, j’avais un rendez-vous.
Le prénom de Maskowisi
, qui veut dire être fort(e) comme un ours
en atikamekw.
Le prénom Kokoptcitc, un prénom féminin qui s’ignifie « Petit papillon » en langue Atikamekw.
Lexique Atikamekw :
Nikwimes | nigouimess | mon ami |
Kwei ! | Kouèi ! | Bonjour ! Salut ! |
Mikwetc ! | Migouetch ! | Merci ! |
Matcaci ! | Matchashi | Salut ! Au revoir ! |
Ki micta sakihitin | Ki mishta sakihidénn | Je t’aime beaucoup |
Nama | Nâmâ (mâ) | Non, ne … pas |
Références :
Livre : Noami Fontaine, Shuni, Maison d’encrier, 2019, 158 pages, format numérique
Voici les extraits du livre qui ont inspirés mon histoire.
« |…| j’ai du respect pour ceux, celles, qui s’aventurent sur les routes éloignées afin de travailler au sein de nos communautés. Comme Julie, j’admire leur courage et leur empathie. Je sais que l’intention est bonne. Mais je sais aussi que ce n’est pas suffisant. » p.13.
« Ils savaient que les manières de vivre ne seraient plus les mêmes. Que leurs savoirs seraient mis à rude épreuve. Leur parole souillée. Leur corps violé. Leur territoire dévasté. Que plus jamais les enfants ne naîtraient sous les tentes. Ils pressentaient, sans pouvoir le nommer, ce qu’est être colonisé. » p.17.
« À l’établissement de la réserve, le gouvernement a cru bon d’élever une clôture haute, en métal, pour marquer la frontière que désormais les Innus ne pourraient plus franchir sans raison valable |…| Des années plus tard, les autorités ont démonté la clôture qu’ils avaient érigée. Mais il était tard déjà. Nous étions nés enfermés et cet enfermement était devenu notre salut. Nous les nomades, les voyageurs, ceux qui avaient pour territoire le Nord tout entier, nous avons fini par croire que cette clôture nous protégeait. Contre le mépris, les arnaques, la haine de ceux qui l’avaient érigée. Les barrières les plus solides sont celles qui subsistent dans l’esprit. » p.17
« Parce que la peur, mes grands-parents la connaissaient. De toutes les manières inimaginables qui soient. La famine, le froid, les absences, la mort, la maladie, le deuil, l’arrachement, le mépris, les enfants mort-nés. Peu de choses pouvait les effrayer » p.18
« On m’a demandé quel était le plus beau mot de la langue française. Le voici. Liberté. C’est un mot qui n’existe pourtant pas dans ma langue. La liberté est un concept intrinsèque à tout ce qui existe dans notre vision du monde. Nous sommes issus d’un espace sans clôtures, sans frontières. |…| C’est un état qui n’a jamais eu besoin d’être nommé. La seule manière de dire la liberté en innu-aimun c’est en nommant la fin d’un enfermement. Apikunakanu. » p.20
« Enfants, on nous a dit que nous avions très peu de chance d’obtenir notre diplôme d’études secondaires parce que les statistiques prédisaient notre échec. Donc, pour prévenir les décrochages, des mesures d’accommodement ont été prises : examens facilités, nivelage vers le bas, aucun devoir à la maison. Et nous avons tout de même échoué. Qui peut se battre contre les chiffres » p.21.
« Ensuite, il y a eu la toxicomanie. |…| Parce que la douleur exige qu’on la gèle, même au péril de la tête, du corps et de l’esprit, même dans les endroits où il n’y a que de l’essence pour oublier. Là aussi, les chiffres ont été importants. Ils ont attesté que nous étions nés pour être dépendants » p.21.
« Plus tard, ils se sont mis à compter les suicides. C’était beaucoup plus grave que le décrochage ou même la toxicomanie. Les chiffres se sont affolés. Désormais, nous étions devenus le peuple le plus à risque de s’enlever la vie. Nos hommes surtout. Ça a créé une angoisse terrible dans les familles. » p.22.
« Nous avons été longtemps analysés, sans que jamais personne ne se donne la peine de tenter de nous connaître. » p.22.
« J’ai souvent envié la liberté de mes ancêtres, leur savoir-faire, leurs sciences exactes, leurs capacités physiques qui n’ont pas d’équivalent actuel, la force de leur esprit, l’immuabilité du noyau familial et la chaleur. La chaleur que deux corps amoureux font naître au milieu des vents glacés. Par contre, je n’ai jamais envié leurs difficultés quotidiennes, l’aridité de l’hiver nordique, les champs de glace à traverser, les accidents fatals, la précarité et la peur. » p.25.
« Il y a ces gestes que je n’ai pas appris à faire quand j’étais petite. Je n’ai pas appris à cogner à une porte avant d’entrer dans une maison. Je n’ai pas appris l’importance d’arriver à l’heure à un rendez-vous. Ma mère ne m’a pas appris à gérer convenablement mes finances.
Et toi Julie, sais-tu reconnaître les pistes du lièvre ? Sais-tu lire le temps qu’il fera sur les feuilles des arbres ? Sais-tu entendre, au-delà de la souffrance qui est visible, le pouls d’un cœur qui s’accélère pour continuer à battre ? » p.29
« Je n’ai jamais travaillé avec du papier. J’ai toujours travaillé avec ma tête. » p.33.
« J’écris en français parce que c’est la seule langue dans laquelle je sais écrire. Ce n’est pas mon choix de ne pas écrire en innu. Cette décision a été prise bien avant ma naissance. Elle était inscrite dans toutes les mesures assimilatrices que mes grands-parents, parents et moi avons subies. On m’a instruite en français. On m’a fait croire que ma langue était mourante. Qu’il ne fallait pas trop s’y attacher, un animal en captivité dans un abattoir. » p.35.
« Ils innuiseront ton nom. Comme longtemps les missionnaires ont francisé les nôtres. » p.36.
« |Mon oncle| aime transmettre ses savoirs. Ça fait partie de sa réputation. » p.42
« Qu’est-ce qu’un nom ? Qu’est-ce qu’une identité ? |…| J’aurais pu simplement l’appeler Marco. Mais, je trouvais de mauvais augure de donner le nom d’un homme décédé accidentellement à un enfant. Je voulais qu’il crée sa propre identité » p.43.
« J’imagine que ça fait partie des préoccupations habituelles, la nationalité de celui ou celle avec qui les gens choisissent de partager leur vie. À cause des valeurs. À cause de la langue parlée dans une maison. À cause des enfants à éduquer. À cause du lieu, de la distance que les lieux créent. Ici, ça va souvent de soi. Les Innus tombent amoureux des Innues. Et ils font de magnifiques enfants innus aux yeux bridés et aux cheveux hérissés. Bien sûr la loi nous y incite. Les contraintes des droits acquis dépendent de la pureté du sang. » p.45.
« Maman, je veux être blanc. Un coup dans mon ventre. Lui, à la peau aussi brune que la mienne. Foncé comme les enfants du Sud en plein juillet. Le visage rond de ma mère et les yeux presque noirs de son père. |…| Et pourtant, derrière ma détermination, sa phrase m’a ramenée à mon propre doute. Ma fierté que j’ai constaté aussi fragile que de la porcelaine. |…| J’ai pleuré mon envie d’être blanche. » p.50.
« J’ai souvent ce mouvement de recul lorsque je me retrouve dans une salle comble de gens à la peau blanche. |…| Cet état qui me ramène à ma différence, mon complexe d’infériorité. Je dois me battre contre ça. M’estimer. Froncer les sourcils sans que ça paraisse. Ne pas la laisser me submerger. Ne pas hausser le ton, parce que sinon ils penseront que la Sauvagesse est difficile à civiliser. Ne pas rire trop fort, parce que les émotions exposées à vif ne font pas partie de la société, la haute. Ne pas pleurer, surtout, ne pas pleurer. Parce que personne ne comprendrait. Je me débats et je trouve juste assez de paix pour retenir mon souffle. » p.51
« Mes ancêtres, ceux qu’ils ont appelés Sauvages, n’ont jamais été contre le fait de faciliter leur mode de vie.
Ce n’est pas la modernité qui nous a presque tués. C’est l’idée impossible qu’une race puisse être supérieure à une autre. » p.55.
« Une partie de ma vie, j’ai douté de la valeur de ma culture. C’est pourquoi je ne t’en veux pas lorsque dans tes yeux je lis de la pitié pour nous. Je ne condamne pas non plus tes peurs ni ton ignorance. Ce qui me dérange, ce sont les boîtes. Ces toutes petites boîtes dans lesquelles les étrangers se croient en mesure de nous classer. Le bon Indien, l’Indien spirituel, l’Indien civilisé, l’Indien sauvage et l’Indien de misère. Pour défaire un préjugé, il faut commencer par admettre qu’il existe » p.57.
« T’écrire au nom de ce « nous », c’est aussi me rappeler que ce « nous » n’existe que dans les discours. Chez moi, tu verras l’ensemble de l’identité innue, mais tu ne nous connaîtras réellement que lorsque l’ensemble s’effacera. Pour faire place à chacun d’eux. » p.58.
« Ça m’aide à me rappeler que ce que l’on croit n’est pas nécessairement ce qui est. » p.64.
« Si tu veux vraiment aider les Innus, et je crois que tu le veux, pourquoi ne pas commencer par leur demander ce que tu pourrais faire pour eux. La réponse, je ne l’ai pas. Ce sont eux qui te la donneront » p.65.
« Jamais on ne s’habitue au suicide. Jamais on n’appelle ça une crise. Jamais on ne les compte. Nos cœurs fatigués n’arrivent pas à se consoler. Il n’y a plus de mots pour dire que ça passera » p.70.
« J’ai su dès l’enfance que la vie est injuste. Ça m’a appris à ne pas mépriser la souffrance des gens. Même si elle peut paraître banale, si elle est passagère. Je crois que la souffrance est une chose précieuse. Qui mérite d’être entendue, pleurée et légitimée. Ne jamais y répondre par un inutile c’est pas grave ou un insignifiant ça passera.
Lorsqu’une personne souffre, elle se tient sur un fil de fer, en équilibre au-dessus d’un brasier de noirceur. Chaque pas, chaque mot, chaque geste requiert une force surhumaine » p.70.
« J’ai souvent entendu dire que mon peuple était particulièrement résilient. C’est étrange. Ce terme sonne à mon oreille comme une forme de passivité, lorsqu’il est utilisé pour nommer la force de survivre à la colonisation sauvage dont ont été victimes les Premières Nations » p.72.
« Un jour, entre la honte et la colère, il m’a avoué que son patron ne lui payait pas toutes les heures qu’il travaillait. On l’arnaquait ainsi. Sans scrupules. Et lui n’avait d’autre choix que de continuer à faire ses heures, malgré l’escroquerie, afin de subvenir aux besoins de sa femme » p.73.
« Ce n’est pas naturel qu’une personne reste ouverte à une société qui, durant plus d’un siècle, a tout mis en œuvre pour détruire sa culture. Ce n’est pas naturel d’écrire dans une langue coloniale, et de l’aimer. » p.73.
« Rien dans ce que j’ai vu chez lui ne ressemble à de la résilience. C’est de l’entêtement, du courage, de la fermeté. De la résistance. » p.74.
« Mais je crois sincèrement que c’est l’amour qui changera le monde. Entre nous et vous. Entre toi et moi. » p.76.
« Les gens ont pas le droit d’être racistes, hein ? En fait, oui ils ont le droit. Les gens peuvent ne pas t’aimer. Peu importe la raison. |…| Et tu sais, mon cœur, ça va arriver. Parfois, les gens ne t’aimeront pas parce que tu es différent. Ils ne trouveront pas dans leur cœur assez d’espace pour ta différence. Ils riront peut-être de la forme de ton visage, de la couleur de ta peau, de tes cheveux raides, de notre histoire, de nos danses, de nos habits traditionnels, de notre langue. Parfois, ils seront plusieurs et toi tu seras seul |…| Mais sache une chose, mon cœur, c’est le seul pouvoir qu’ils auront sur toi. Il n’y a rien qu’ils pourront faire pour t’empêcher d’atteindre les buts que tu te donnes. |…| Puis un jour, tu verras. Ça viendra. Tu constateras que tout ce que tu fais d’exceptionnel vient de ta différence. Parce que tu auras choisi de t’aimer, tel que tu es. » p.77.
« L’une des valeurs fondatrices du nomade est le travail. Ils disent que ça coule dans les veines. |…| Ça peut sembler paradoxal. Surtout lorsqu’on constate le taux de chômage et la quantité de gens vivant de l’aide sociale dans les réserves. En réalité, il existe d’autres types de travail que celui qui est rémunéré à la semaine, ou celui qui est effectué sous l’œil suspicieux d’un patron. » p.81.
« Il faut voir son travail pour constater que le talent brut ne s’apprend pas dans une classe » p.82.
« C’est ainsi chez moi, le travail est fondateur. L’art est spirituel. Il est peu probable de songer à combiner le travail et l’art. Et il n’est recommandé à personne d’espérer vivre seulement de son talent. » p.83.
« Un Innu n’est jamais propriétaire de son terrain, car les territoires des réserves appartiennent à l’État. » p.85.
« Un non-Autochtone ne peut pas acheter une maison sur une réserve. |…| Il ne peut pas acheter ni vendre dans la réserve. Par contre, il peut sous-louer, pour un temps déterminé, une maison à un habitant. Il peut aussi s’amouracher d’une Innue et vivre en concubinage avec elle. Se marier, si l’amour tient le coup, avoir des enfants. Mais il ne sera jamais signataire de cette maison. Seule une femme non-autochtone pourrait l’être, à condition d’avoir des enfants métis en bas âge et aucun mauvais antécédent avec le Conseil. » p.85.
« Fuir l’oppression. L’exclusion. La pauvreté. Les chiens errants. Le sable ou la neige. Je te parle du lieu. Il y a, dans la forme des maisons, un accablement. |…| Partout. L’inachèvement. » p.87.
« La réserve est un lieu. Un emplacement choisi par le gouvernement. C’est le gouvernement qui a instauré les réserves |…| C’est dans ces villages fermés qu’est née la première dépendance, celle qui a entraîné toutes les autres : la dépendance au gouvernement. Aucun Innu n’a jamais choisi de vivre dans une réserve » p.88.
« La communauté, ce sont les gens. Les Innus ont toujours vécu en proximité les uns avec les autres. Pour vivre dans le territoire, le clan est essentiel. Ils l’ont toujours su. Seul, on ne peut pas survivre. La communauté, c’est notre fondation. » p.88.
« Le jour où il n’y aura plus de réserve, et je crois que ce jour viendra, nous rêverons, nous ferons des enfants, nous danserons le makushan, librement, dans l’innu-assi. Toi et moi, Shuni, nous assisterons, émues et heureuses, à la chute d’un mur. Ce mur invisible qui nous a séparées lorsque nous sommes nées. Celui que l’amitié a su percer » p.89.
« Chez moi, Shuni, ce qui prime, ce sont les relations. |…| Les liens entre les êtres humains. Ça n’a rien à voir avec le genre, l’âge, les diplômes ou le salaire. Ni même la nationalité. Leur essence se trouve plutôt dans l’intensité avec laquelle une personne s’investit ou non avec une autre. Une question de proximité et de distance. |…| Tout part des relations. |…| Crois-moi, dans une telle société, l’exclusion est un état insupportable» p.92.
« Si j’avais été une femme blanche, j’aurais été cette pauvre fille battue. |…| Personne n’aurait été associé à mon malheur. Il aurait été unique, individuel. Mais je suis Innue. Cette blessure sur mon visage n’était pas seulement la mienne, elle appartenait aussi à ma nation. » p.95.
« Rarement, les gens me perçoivent comme un individu unique. Dans un groupe, on ne m’appelle pas par mon nom. On dira l’Indienne, l’Innue, l’Autochtone. Si je tombe, c’est tous les autres qui tombent avec moi. Si je me tiens debout, ils sauront que nous sommes résistants. Ce n’est pas de la vanité. C’est le mur où les préjugés nous ont acculés. Et il faudra du temps, de l’espace, de la connaissance pour s’en libérer » p.96.
« Quelques fois on m’a demandé de participer à des associations féministes, ou d’écrire un texte féministe. Je conçois qu’ailleurs les femmes aient dû se battre pour leurs droits et pour l’égalité. Dans les sociétés dominées par les hommes, forcément leur victoire a changé le monde. Mais Shuni, les choses sont bien différentes chez moi. |…| Les hommes savaient que leur survie dépendait d’elles. Ils les respectaient pour ça. Ils les aimaient. |…| Je ne ressens pas le besoin de me défendre en tant que femme. Je n’ai jamais douté de ma valeur de femme. On ne m’a pas éduquée ainsi » p.98
« Non. Je n’ai jamais douté qu’une femme pouvait tout aussi bien réussir qu’un homme dans tous les domaines de la vie. Car je viens de cette lignée de femmes fortes, têtues, qui n’ont pas eu peur d’affronter des géants, pour que personne ne vienne troubler la tranquillité d’un matin d’été. » p.99.
« Ne pas avoir les mots, parfois, c’est cruel » p.109.
« J’ai des croyances. Je crois qu’il existe des choses qu’il est impossible de percevoir par ses sens, accessibles uniquement à l’esprit. Par exemple je crois en un Dieu bon, compatissant, puissant. Je crois aux lois parfaites inscrites dans la nature. Les saisons, la pluie et tous les flocons qui se forment. Je crois aussi que l’être humain est un être parfait, qu’il n’est pas le fruit du hasard. Je crois en notre libre arbitre, ce qui représente la plus grande preuve de l’amour divin. » p.110.
« Si le colonialisme, si les tentatives d’assimilation, si le vol de nos territoires, le vol de nos enfants, si les réserves, si la loi sur les Indiens, si les pensionnats, si le racisme systémique, si la négation de notre culture ne les ont pas tués, eux, ceux qui ont subi toutes ces choses, rien aujourd’hui ne pourra détruire notre culture » p.111.
« Elle m’a dit qu’une amie québécoise qui l’accompagnait l’avait interrompue à plusieurs reprises pour redire et ajouter à ses propos. Une femme qui a travaillé dans les milieux autochtones. Sur le coup, elle n’était pas parvenue à s’y opposer. Elle m’a confié que le reste de la rencontre, blessée, elle a simplement arrêté d’intervenir. » p.113.
« Il n’y a pas plus honorable que celui qui se tait et qui écoute, même devenu vieux et connaisseur. Conscient qu’il ne sait pas tout sur une culture étrangère. Que c’est impossible » p.114.
« Je crois moins au métissage des cultures qu’au reflet de soi dans l’autre. Le métissage comme un ensemble flou de pratiques culturelles prises ici et là qui parfois mènent les individus à renier leur héritage. J’aime la diversité que m’offrent le monde et les rencontres que je fais à travers les villes. J’observe comment ailleurs les gens vivent, se parlent, s’écoutent et se reconnaissent. Je m’attache à la différence, parce que par elle, je réalise les spécificités de ma culture » p.121.
« Depuis l’instauration des réserves, les Premières Nations vivent sous un système de dépendance à l’État. Aujourd’hui nous exigeons de prendre les décisions par nous-mêmes en ce qui concerne nos communautés, nos territoires, notre économie, nos populations, nos problèmes sociaux, notre éducation, notre identité. Nous demandons au gouvernement de nous laisser agir selon ce que nous aurons choisi d’entreprendre pour ce qui nous semble le plus adéquat pour les nôtres. Comme une mère connaît exactement les besoins individuels de chacun de ses enfants, nous estimons que nous sommes en mesure de poser les gestes significatifs pour nos populations. » p.122.
« Je ne crois pas que l’Innu subisse davantage de malheur qu’ailleurs. Je ne crois pas que naître Innu constitue un précurseur pour la misère. D’ailleurs, je ne crois pas que la souffrance soit quelque chose que l’on peut mesurer et comparer. Ce que je crois, c’est que l’Innu vit d’abord dans son cœur. |…| Poussé par ses émotions. Hyper attentif à ce qu’il ressent à l’intérieur de lui. Si l’Européen est cartésien, l’Innu est sensitif. C’est notre plus belle force et notre plus grande faiblesse » p.125.
Ce livre m’a marqué, j’ai pleurer à plusieurs reprises durant ma lecture, pour toutes ces personnes qui se sont senti comme Naomi Fontaine une fois dans leur vie. La première fois était celle de trop. Personne ne devrait se sentir pas à sa place, rejeté ou méprisé par d’autres. Tout le monde est égaux et la différence est ce qui fait la beauté de l’humanité.
Nous serions ennuyant si nous étions tous pareilles. Je pense réellement qu’il faudrait honorer nos différences, tenter d’apprendre des autres. Connaître les forces et les faiblesses de chacun pour s’entraider, pour se remonter plutôt que de se rabaisser. C’est tellement inutile et idiot de détester.
Je n’arrive pas à comprendre qu’il y aie encore du racisme, du sexisme et toutes ces choses encore aujourd’hui.