Tout le monde connait le Rap américain. C’est là où le Hip-Hop est devenu le genre de musique qui fait danser les foules de partout depuis plus d’une dizaine d’années. C’est l’épicentre de plusieurs cultures et de centaines d’années d’histoire et d’évolutions qui ont menés à une des scènes lyrique parmi les plus respectées dans le monde : Le Rap. Évidemment, tout le monde connait le Rap ; Eminem, Jay-Z, Kanye »Ye » West, Notorious B.I.G, 2PAC, Kendrick Lamar, Drake ou Snoop Dogg sont sur les radios du monde occidental presque 100% du temps, il est rare de tomber sur une station qui ne joue pas leurs morceaux. Mais, pour mon enquête, j’ai décidé de m’intéresser aux endroits qui ont connu l’arrivée du Rap sans en être l’origine. Comment ces endroits dans le monde ont connu l’arrivée du Hip-Hop? Comment est ce que le genre a évolué au sein de cette région du monde? Comment se différencie-t-il du Rap américain? Connait-t-il le même succès? J’espère pouvoir répondre à ces diverses questions.
Pour arriver à une liste de Pays, j’ai fais confiance à l’application #1 dans le monde pour le streaming de musique, Spotify, et leur article sur le Rap dans le monde :
https://newsroom.spotify.com/2023-08-10/hip-hop-50-murals-new-york-atlanta-miami-los-angeles/
Mais également en suivant ce que j’ai entendu au travers des branches, notamment pour la France, car j’écoutes moi même du Rap Français et je trouve leur scène passionnante. Ce fut assez compliqué de prendre seulement 4 Pays car tellement ont d’histoire riche avec le Hip-Hop, j’ai trouvé crève-cœur d’avoir eut à exclure la scène québécoise ou du Royaume-Uni, deux des régions dont j’adore la musique, pareil pour la scène africaine ou sud-américaine. Mais dans un optique de ne pas me perdre dans mon sujet, j’ai fini par tomber sur les 4 pays suivants, France, Allemagne, Mexique et Corée du Sud.
Le rap trouve son origine en France au travers des médias, dans les années 1980, qui apportent le style de musique des États-Unis jusqu’à Paris. Il est remarqué que le Rap a vu une arrivée différente comparé aux US. Là où le Rap a commencé du peuple pour arriver aux Médias, en France, les médias ont apportés le Rap au peuple (un point qui sera beaucoup plus important un peu plus loin). Le style de musique se démarque, dans les années 1990-2000, par son lien profond avec le lyrisme et la poésie, les artistes faisant ce qu’on considère aujourd’hui comme du »Rap Mainstream » n’avaient pas leur place dans cet âge d’or du Hip-Hop Français. On parle de Rap de rue, qui parle de problèmes et de réalité dans les arrondissements et régions pauvres, semblable au Rap Américain dans sa forme, mais différent dans son contenue. Entre les années 2000 et aujourd’hui, le Rap Français a cependant connu des évolutions très intéressantes. Le Gangsta Rap a fait son entrée, très utilisé par les médias pour peindre le portrait des quartiers pauvres comme des endroits de violence inouï. Se créer alors un clash entre les styles, Rap de Rue, plus traditionnel, et Gangsta Rap, plus américain. Le Rap de Rue se présente comme le style qui reste sur ses bases, parle de la »vrai vie » des rappeurs qui viennent du peuple pauvre, tandis que le Gangsta Rap est plus violent, moins sur le message et plus sur les émotions. Le Rap de Rue se voit reléguer plus bas par les médias, qui à l’origine avaient apporté sa popularité, car le message qu’il transmet est vu comme trop populiste et résonne moins avec les foules. Le style se verra descendre encore plus bas, devenant »Old School » et plus underground, se liant encore plus au lyrisme et aux paroles, apportant éventuellement avec eux une longue tradition de »Rap Battle », avec notamment les Rap Contenders. Aujourduis, le Rap Français s’est beaucoup diversifié, comme partout dans le monde du Hip-Hop. La scène de Rap de Rue reste probablement la plus respectée, bien qu’elle est loin d’être la plus populaire. Des artistes comme Jul, PNL ou Bigflo et Oli ont apportés des styles différents qui résonnent avec beaucoup plus du grand public.
Je dirais donc que le Rap Français a évolué avec grande différence du Rap Américain, le rapport »Top-Down » que le Rap a connu en France a fait que les médias étaient beaucoup plus liés au Rap et son futur qu’en Amérique. Le style a connu une influence énorme du monde de la musique américaine, suivant beaucoup des mêmes courants et influences, mais, n’ayant pas connu le même succès au sein de sa population, il ne put grandir pour atteindre la renommé et l’influence du Rap Américain.

Le Rap en Allemagne a vu son histoire être très différente du Rap Français et Américain. Le Hip-Hop fut introduit en Allemagne par des soldats américains dans les années 1980 et 1990, pendant que l’Allemagne était encore divisé entre le Bloc Communiste à l’Est, et le Bloc Capitaliste à l’Ouest. Il est à noter que, malgré son introduction en 1980, le Hip-Hop ne prendra pas de réelle vague de popularité avant le milieux des années 1990, où les artistes arrêteront de rapper en Anglais et commenceront à rapper en Allemand. Mais la langue que les artistes décidèrent d’utiliser n’est pas l’Allemand commun et pratiqué par la majorité du monde, ils décidèrent de prendre des mots en slang, venant des Ghetto de l’Allemagne en reconstruction pendant la guerre froide, ce changement les éloigna des médias et du grand public, qui n’était pas très intéressé dans le Rap de base. Mais cette démarcation attira le monde du ghetto encore plus proche du rap et bientôt, plusieurs choses se mêlèrent. Le Hip-Hop accueilli d’autres formes d’art, comme la dance au travers du breakdance, ou le l’art mural au travers du graffiti. Là où le Rap Français relégua ces genres au Rap de Rue, et où le Rap Américain en est très loin, le Rap Allemand prit ces additions et les rajouta dans son style, les échos de cette évolution se voient encore ressenti aujourd’hui. Cependant, il est à noter que, alors que l’Allemagne se redressait, il eut des vagues d’immigration qui changea le paysage des ghettos du pays. Des migrants arabes et turques donnèrent une bouffée d’air différente au Hip-Hop, rajoutant leur slang et leurs termes, ce qui fut accueilli avec un sentiment mitigé par beaucoup de MC, mais accueilli également par beaucoup de joie par les nouveaux migrants qui virent la musique de chez eux se mêler avec la musique de leur nouvelle maison. Cette vague migratoire amena beaucoup de racisme en Allemagne, du racisme qui ostracisa les migrants et les encouragea à faire parler leur réalité au travers de la musique et du Hip-Hop.
Le Hip-Hop Allemand a évolué très différemment des autres pays. Sa scène a été extrêmement influencée par la migration des peuples venu s’installer en Allemagne, créant un environnement où le Hip-Hop existait déjà et fut utilisé autant pour attaquer les migrants, que utilisé par ces derniers pour se protéger de leur attaquants. On remarque une présence beaucoup moins grande de l’attention des médias et une présence beaucoup plus grande des autres styles dit »de la Rue » à l’intérieur de son identité. Le Hip-Hop Allemand se voit marqué par son histoire, la scène s’étant développé en même temps que la reconstruction du pays, il est très ancré dans les racines du pays et est très proche du bas peuple et des migrants de deuxième, troisième et quatrième génération.

Le Hip-Hop au Mexique est aussi connu comme »Chicano Hip-Hop » car très très lié à la culture Chicano, une sous culture latino se caractérisant par leur appartenance aux communautés autochtone et à la classe ouvrière et pauvre du Mexique. C’est l’influence du voisin Américain qui apporta le Hip-Hop, mais c’est la culture Chicano, qui a prit de l’ampleur entre les années 1940 et 1960, qui s’est approprié ce style pour exprimer sa réalité dans les années 1980. La culture a apportée sa propre identité au Hip-Hop, ajoutant des guitares acoustiques, très utilisées par les musiciens Chicano, des danses trouvant leur origine dans les traditions autochtones du Mexique, ainsi que de l’influences dans les motifs et symboles portés par les artistes. Avec le temps, l’influence américaine, la pression gouvernementale, la montée en puissance des gangs, l’instabilité économique et la polarisation de la classe ouvrière poussa le Rap Chicano loin des grands médias et plus proche des gangs, des cartels et du Gangsta Rap. C’est d’ailleurs ce qui est le point le plus notable du Chicano Rap des années 2000 à aujourd’hui, il est utilisé par le crime organisé, les cartels et gangs, pour faire grandir leur influence. Assez ironiquement, les États-Unis ont énormément de difficulté à arrêter l’influence des cartels au sein de leur propre pays… Alors que c’est leur tentatives de prise de contrôle agressive de l’économie mexicaine qui mena à la montée des cartels et, par extension, à la montée du Hip-Hop Chicano comme étendard des cartels. Cela dit, une bonne partie de la scène Chicano tient fortement à ses racines non-violentes et porte, au contraire, un message non politique et célébrant simplement ouvertement la culture autochtone du Mexique ainsi que le peuple la constituant.
Contrairement à certaines autres scènes de Hip-Hop dans le monde, on remarquera deux choses par rapport à la musique Chicano qui la différencie grandement du reste des scènes de Rap. Premièrement, son attachement très important à la culture de la classe dites Prolétaire, mais aussi à son attachement très profond à la culture de la terre de son pays et à ses origines autochtones. Cet attachement rend le Rap Chicano très ouvert à l’ensemble du pays et de la culture, donnant une base commune à tous et toutes. Deuxièmement, son lien profond et très important avec le Gangsta Rap des cartels. Ce lien est né de plusieurs problèmes, intérieur et extérieur, qui ont bouillonnés avant d’éventuellement causer la montée radicale des cartels dans le Hip-Hop Mexicain.

Semblable à l’Allemagne, la Corée du Sud a vu le Hip-Hop être introduit par des soldats américains autour des années 1990-1980. Le Hip-Hop Coréen est, à mon avis, le plus différent de tout ceux que j’ai parlé jusqu’à maintenant. Ayant vu son évolution en ligne droite et constante, le Hip-Hop Coréen n’est pas associé à la classe pauvre, aux milieux défavorisés ou aux réalités de personnes en marge de la société. Le Rap en Corée subit le même sort que la Pop (aussi appelé K-Pop), il est utilisé pour le sensationnalisme et attirer l’œil, pas pour passer un message. Les médias ont très bien compris ce point, l’émission ayant fait grandement évolué le Rap en Corée du Sud, Show me The Money, qui a commencée en 2012, est grandement critiqué pour avoir rendu le Rap Coréen unidimensionnel et fade. L’émission est extrêmement populaire pourtant, elle a engendrée deux émissions voisines du même nom, en Thaïlande et au Vietnam, et reçoit des milliers d’application de participants chaque saisons… Mais ne se renouvelle jamais vraiment et ne cherche jamais à aller plus loin dans les racines du Rap. Les sons restent cependant parmi les plus originaux. La scène de Hip-Hop en Corée s’est fut grandement influencée par la techno qui a grandit au même moment et souvent dans les mêmes milieux, clubs pour jeunes ou autre, c’est donc sans surprises que les deux styles se joignent avec une certaine splendeur dans les grandes lignes du Rap Coréen. De plus, on notera que le Rap Coréen est celui qui reste le plus proche au niveau linguistique du Rap américain, les artistes de Rap Coréen étant connu pour rajouter de nombreux bouts en anglais dans leurs chansons, ce qui leur a permis de facilement s’étendre à l’international et de rentrer dans le marché international mieux que n’importe qui d’autre que j’ai pu aborder.
L’un viendrait à penser que le Rap Coréen s’est approprié un style de musique américain mais en a coupé tout le sens et le but pour en faire une coquille de ce qu’il devrait être. Certains MC se rapportent quand même à des idéaux et valeurs philosophiques pour écrire leur couplet, on pensera au Confucianisme, ou utiliseront des thèmes très commun, comme la famille, les amis, les saisons ou l’amour. On remarquera d’ailleurs une absence quasi complète de Gangsta Rap, attribué au fait que le crime organisé en Corée est soit absent, soit très silencieux. On est donc sur une scène complètement différente sur tout les points possible. Mais la question se pose sérieusement : Est ce que la Corée s’est réapproprié le Rap, ou a-t-elle volée le style pour le rendre tellement mainstream que même sa population est incapable de se rendre compte de la supercherie?

Au travers de cette enquête, j’ai fais le tour du monde en explorant plusieurs mondes du Hip-Hop, certains que je n’ai pas pu ajouter sur cette liste, mais qui rentrèrent quand même dans ma réflexion. Du street-rap Français conservateur de ses idéaux au hip-hop trop mainstream et sans saveur de la Corée, j’ai vraiment vu de tout. Chaque pays a fait évoluer le Rap de manière différente selon ses expériences avec le monde qui l’entourait, renforçant l’idée que la musique est un art tout autant social qu’individuel et qu’elle évolue au sein d’une société de manière très différente selon l’endroit où elle se trouve, mais gardant toujours des traits commun très important. Au travers de mon enquête, j’ai répondu plusieurs fois aux questions que je me suis posé, cependant je reste perplexe sur une question qui m’est venu au travers de mes lectures, une question qui mériterait son enquête en soit, une question que je laisse au lecteur le soin de répondre par soi-même selon son apprentissage du sujet : Dans l’optique d’unir les peuples sous une même bannière, celle de la musique, devrait t’on célébrer les différences de régions, même si elles creusent de profonde tranchés, ou devrions nous chercher à trouver des lignes directrices sur les codes des genres pour pouvoir faciliter le mélange de cultures au travers de la musique?
Bibliographie ;
https://theses.fr/2007PA082780
https://www.grammy.com/news/how-are-k-pop-hip-hop-connected-history-moon-night-club-idols-videos
https://www.vulture.com/2019/01/a-brief-history-of-korean-hip-hop.html
Paul. B.