L’art comme forme de désobéissance civile
Les conventions sociales dictent nos agissements en rapport avec les autres. Il est convenu que nous agissons de façons respectueuses face à notre patron même si le dit patron est en fait une ordure. On accepte donc chez cette personne ce que l’on n’accepterait pas forcément d’une personne au même niveau que soi, et ce, dans l’ultime but de servir nos intérêts; soit de ne pas perdre son emploi, ou de gagner ses faveurs afin d’avoir une promotion. C’est donc dire que mieux nous jouons notre rôle, plus grande sont nos chances d’obtenir notre promotion. Il y a fort à parier que ceux qui n’entrent pas convenablement dans ce rôle dicté par cette convention sont mis-à-pied pour cause d’insubordination. À plus forte raison, c’est l’honnêteté et la liberté de pensé qui sont, dans une certaine mesure, réprimés. Le discours public est donc une façade dans l’intention d’assurer la survie. En effet, une fois rentré à la maison, dans l’abri de notre intimité, sans doute parlerons-nous à notre conjoint ou nos parents de la réalité sans détournement eu leur racontant à quel point notre patron est un tyran. Ce rapport de force qui dicte notre discours en public jusqu’à l’étouffement n’est-il pas lui-même ce qui engendre les formes d’art comme outils de rébellion? Chaque grand mouvement, que ce soit la libération de la femme, de la communauté afro-américaine ou encore du sort des autochtones connaissent à un moment ou à un autre un important essor artistique. Le hip hop n’est qu’une manifestation parmi tant d’autre de résistance contre les dominants. On retrouve ses formes de manifestation depuis que le monde est monde autant chez les poètes, les peintres ou les musiciens. Victor Hugo, poète et dramaturge engagé utilisera l’écriture comme forme de résistance face à des injustices sociales. Par exemple, l’un de ses poèmes qui dénonce les inégalités sociales et le manque d’éducations avec le poème ‘’À qui la faute?’’
‘’Le livre est ta richesse à toi ! c’est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !
– Je ne sais pas lire. ’’
En évitant ainsi une confrontation directe, l’art sous toutes ses formes devient l’outil par excellence afin de prendre position sur des situations qui vont à l’encontre de nos valeurs personnelles. Il permettra aussi de revendiquer une appartenance à une culture.
‘’ Peu après, le DJ Afrika Bambaataa, originaire du Bronx et ancien membre du gang new-yorkais Black Spades, voit dans le hip-hop un moyen culturel de remplacer la violence physique des bandes par la violence virtuelle des mots. ’’
1- À qui la faute?, est un poème tiré du recueil L’année terrible de Victor Hugo publié en 1872.
2- Olivier CACHIN, « RAP, musique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 12 avril 2020. URL : https://universalis-vieuxmtl.proxy.collecto.ca/encyclopedie/rap/