“Ce rêve incarné, c’est justement la femme; elle est lintermédiaire souhaité entre la nature étrangère à l’homme et le semblable qui lui est trop identique. Elle ne lui oppose ni le silence ennemi de la nature, ni la dure exigence d’une reconnaissance réciproque. Grâce à la femme, il y a un moyen d’échapper à l’implacable dialectique du maître et de l’esclave.”
– Simone de Beauvoir

“Mais une chose est certaine: le viol est d’abord l’acte d’un conquérant, il vise à manifester la prise de contrôle du territoire ennemi, à humilier l’adversaire. S’attaquer à des femmes, c’est aussi une manière de mettre l’accent sur l’impuissance de leurs maris ou de leurs fils, incapables de les défendre.”

– CABANES, Bruno, Héroisme et barbarie. Le tournant de 1914-1918, L’histoire, n.267

Les sorcières et les sages-femmes (idée de la naissance, du corps)? Agentivité? Pratiques ancestrales détournée de la rationalité et du savoir (inhérent à l’Homme, et non la Femme. Problématique de l’avortement? Les accoucheuses (Alias Grace) Rhétorique républicaine: détournement de l’ordre naturel et bon, de la volonté de Dieu: ça doit être diabolique.

Contrôle de la femme sur le contrôle de son corps (colonisation de l’appareil reproductif féminin)

La question d’intégrer le droit à l’avortement dans la constitution (concept ayant émergé dans la modernité) .. l’idée des droits humains (époque de la modernité) est contraire à l’impossibilité d’avoir un droit sur son corps

Histoire de l’avortement

Parallèle sur le contrôle sur le corps et la mise à mort des sorcières

SORCIÈRES ET AVORTEMENT

Notes du livre et autres sources:

Les femmes ont toujours eu le rôle de guérisseuses au sein de leurs communautés: mais en Occident, ce droit leur a été révoqué à l’aube de l’inquisition et de la modernité.

Femmes: 70% des travailleurs de la santé

Hommes: 93% du corps médical

L’accès aux soins de la santé a été commodifié par une société patriarcale qui annexa les femmes aux rôles de soutien (infirmières), ne leur laissant pas de liberté d’exercice.

Les préjugés face aux sorcières touchera également les sage-femmes. C’est d’abord une guerre classiste d’ordre féodal contre la paysannerie. Les sorcières représentaient une menace à la fois politique, religieuse et sexuelle pour l’Église catholique, comme pour l’Église protestante et pour l’État. (p. 23)

85% des victimes étaient des femmes. C’est une campagne de terreur de la classe dirigeante (p. 29). Elles étaient pénalisées pour détenir leur propre sexualité : quand une femme pense par elle même, elle pense au diable – et de pervertir les hommes après qu’elles aient eu effectué le coït avec le diable, et qu’elles performaient des avortements (contraire à la morale chrétienne) et qu’elle fournissait des contraceptifs.

Les guérisseuses étaient le seul recours du peuple: pour l’Église, la maladie était rétribution pour les péchés. Foncièrement diabolique. Les sorcières utilisent un savoir ancestral transmis: ergot pour réduire les douleurs de l’accouchement (l’église la voit comme châtiment de Dieu), ou la belladone pour les fausses couches. Ce sont des professionnelles empiristes plutôt que dogmatiques, démontrant un esprit de recherche active. Bref, leur magie était la science de l’époque. (p. 39) L’église n’est pas empirique puisque, dans une lignée de pensée presque cartésienne, nos sens peuvent nous tromper et nous induire en erreur par le diable (malin génie?) repris d’Augustin.

TRIPLE MENACE DE LA SORCIÈRE PAR L’ÉGLISE:

  1. Femme qui n’est pas chaste et conforme aux rôles patriarcaux
  2. Fait partie d’une organisation paysanne
  3. Utilise une recherche empirique antithétique au dogme de l’Église

Les connaissances des sorcières étaient telles qu’en 1527, Paracelse, considéré comme le père de la médecine moderne, brûla tous ses textes en s’accusant d’avoir tout appris des sorcières lui-même. (p.45)

L’éducation médicale (surtout composée de théologie, de principes d’alchimie néo-artistotéliciens sans fondements réels et d’étude de la théorie des humeurs) était inaccessible aux femmes. La première cible de l’Église fut donc les guérisseuses éduquées qui faisaient rivalité aux docteurs diplômés (ex: Jacoba Félicie, dotée d’une formation quelconque, guérisseuse à grand succès, accusée par la Faculté de médecine de l’Université de Paris en 1322). Monopole de la médecine bourgeoise, exception obstétrique. Pratique des guérisseuses = hérésie.

Femmes / superstition : Hommes / médecine

Le poste de médecin venait avec une rémunération immense, une autorité hors de tout doute et un titre d’homme de sciences. C’était une profession difficile d’accès pour les femmes et pour les personnes noires.

En 1910, environ 50% des accouchements étaient pratiqués par des sage-femmes, qui, pour la plupart, étaient des Noires ou des immigrantes de classe ouvrière. (p. 80). Cela était un revenu de moins pour les professionnels de la santé. Les médecins étaient généralement moins compétents et préventifs que les sage-femmes, utilisant des procédés dangereux pour la santé de la femme et de l’enfant. Malgré tout, on discréditait le savoir des sage-femmes. Lorsque des législations étatiques restreignant la pratique des sage-femmes furent passé, la qualité des soins obstétriques fournis aux femmes américaines chuta dramatiquement ou complètement. La mortalité des nouveau-nés se serait grandement accrue directement après.

La façon dont on gère la maternité chez la femme renvoie directement à la façon dont la femme est traitée dans la société de manière plus vaste. Empêcher une femme d’exercer son droit à l’avortement revient à menacer sa capacité d’autodétermination en tant qu’individu.

La vision judéo-chrétienne teinte notre vision de la maternité, et par extension, notre vision de la vie et des rôles sociaux. La femme est responsable du péché originel et est ainsi responsable de la douleur qu’elle endure par l’accouchement, rétribution juste qu’elle doit nécessairement traverser. Elle est responsable de la tentation, de la perversion de l’homme : les grossesses extra-conjugales sont ainsi par sa faute, bien que, cependant, elle ne soit qu’un réceptacle de la semence de l’homme. Ainsi, c’est à elle de s’assurer, dans ce monde moderne, de la contraception, puisqu’elle sera celle qui portera la tâche de la maternité. Cependant, dans certaines perspectives, ce n’est pas à elle de faire le choix de poursuivre l’épreuve longue et ardue de la grossesse, puisqu’y mettre un terme ferait d’elle une meurtrière. Bref, la femme est tenue responsable de tout ce qui pourrait advenir pour mener à la grossesse ou au cours de la grossesse, mais les femmes ne peuvent pas détenir le droit de gérer les soins obstétriques qu’elles nécessitent.

Les réponses aux questions posées par rapport au moment où l’être devient une personne varie : certains répondront que c’est dès l’instant de la conception (la théologie chrétienne classique affirme que le spermatozoïde est déjà un être à part entière), d’autres affirment que l’enfant ne devient qu’une personne après la naissance (dans la culture romaine, le père avait encore un droit sur l’enfant comme une possession, pouvant choisir de mettre un terme à sa vie). Dans la majorité des cas prédatant la deuxième moitié du 20e siècle, les femmes n’ont toutefois aucune place dans la réponse à cette interrogation, ni un droit au choix de leur grossesse. Encore aujourd’hui, le manque de disponibilité de soins suffisants empêche souvent les femmes au droit de choisir ce qu’il advient à leur corps. Dans plusieurs sociétés, la stigmatisation sociale, l’infantilisation patriarcale des femmes ou le droit législatif prime sur les libertés reproductives des femmes. Rappelons que la contraception n’est que devenue accessible aux femmes dès les années 60 dans la majorité des sociétés occidentales, bien que les guérisseuses connussent les divers moyens de contraception depuis des siècles.

STRUCTURE :

  1. Éradication des guérisseuses par l’Église
  • Savoir ésotérique et erroné de l’Église médiévale : scepticisme moderne envers le savoir autochtone
  • Revers : l’empirisme des guérisseuses face à la culpabilisation masochiste de l’Église face à la maladie
  1. Droits reproductifs
  • La guerre sur l’avortement et la diabolisation de la sexualité de la femme (péché originel). Hypothèse sur l’absence de représentation féminine positive
  • La persécution des sage-femmes aux États-Unis

Conclusion : absence de représentation féminine positive dans la religion pour cause du mépris envers la femme et son rôle sexuel + reproductif? Même schéma sceptique et xénophobe perpétré envers les femmes et les minorités ethniques reproduit, dogmatisme de la religion catholique. TOUCHE AVANT TOUT LES CLASSES POPULAIRES

https://cras31.info/IMG/pdf/sorcieres-sages-femmes-et-infirmieres.pdf

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