À la suite des derniers cours de philosophie, il a été possible, d’un point de vue très personnalisé, de réaliser une forme d’introspection face à propre relation avec les membres des Premières Nations, ainsi que de me questionner sur la nature de mon contact avec ces derniers. Limitée en ce qui a trait aux connaissances historiques, j’ai décidé de m’informer sur le sujet inquiétant que représente l’instauration de plusieurs pensionnats autochtones partout à travers le Canada. Tel que proposées par la figure de la sorcière ou par la culture du hip-hop, le rapport de « Dominant/Dominé » reste un enjeu omniprésent au cœur de la problématique; à travers mes réflexions je tenterai d’analyser et de comprendre l’origine même de cette forte dualité entre ce rapport de force, d’autorité et de supériorité injustifiée. En discutant avec mes parents, mes amis, mes sœurs et mes collègues, j’ai rapidement réalisé que nous sommes tous liés par quelque chose de bien précis ; une curiosité bienveillante en ce qui concerne les communautés autochtones, je me suis alors posé la question suivante : Pourquoi est-ce difficile de s’éduquer et de s’informer sur le sujet si un grand engouement est véhiculé par celui-ci ? La solution serait-elle une réforme du système éducatif par le gouvernement? Au contraire, serait-ce judicieux de limiter la théorisation de la question et de se concentrer sur l’expérience humaine et la pratique directe, ceci en créant un contact immédiat avec la culture autochtone et les personnes cherchant à se familiariser avec le sujet? En conclusion, après mes discussions avec mon entourage, je n’avais malheureusement pas de réponses à mes nombreuses incompréhensions, cependant, ce qui est devenu clair comme de l’eau de roche, c’est que nous étions tous habités par ce désir d’assimiler davantage de connaissances sur cette culture voisine et complémentaire à la nôtre, celle-ci qui, initialement peut nous paraitre comme étrangère et éloignée.
La négligence de l’apprentissage historique
Les pensionnats autochtones
Bien que fervente passionnée de l’histoire du Québec, j’ai très peu de souvenirs associés à mes apprentissages sur le récit des premiers arrivants en Amérique du Nord ainsi que sur celui de l’évolution sociétale des Autochtones. J’ose avancer que je connais les grandes lignes de l’histoire des Premières Nations, les points fondamentaux et quelques faits pertinents. Je me rappelle avoir ouvert mon manuel d’histoire et civilisation de secondaire III et avoir lu, intégré dans la première phrase, le terme « Amérindiens ». Confuse et perplexe, je ne comprenais pas l’origine du mot; je me demandais pourquoi le terme « Indiens »était pertinent dans le contexte et quel était son lien avec les Autochtones. Malheureusement, j’ai été habité par mon questionnement tout au long de mon année scolaire, la professeure, telle qu’exigée par le ministère de l’éducation, nous apprenait notamment le principe des maisons longues et des canots. De plus, arrivée au printemps, vers la fin de ma 3ième année de secondaire, nous manquions de temps académiquement ; nous avions pris du retard sur les autres groupes, il nous restait deux chapitres à survoler et les examens finaux arrivaient à grands pas. Mon enseignante d’Univers Social a alors pris la décision consciente de sauter par-dessus le chapitre de 1980 à aujourd’hui. Ainsi, je n’ai jamais reçu le cours sur l’historique des pensionnats autochtones et celui sur les motifs gouvernementaux derrière l’inauguration de ces derniers. Bien qu’à l’époque je ne voyais la problématique derrière la situation, aujourd’hui, j’affirme que je trouve viscéralement ambigu et questionnable la négligence académique commise face à certains sujets sensibles. Nous sommes habités par le passé, pour avancer, il ne faut pas nier, surtout ne pas éviter. Parler, comprendre, écouter, assumer, éduquer, s’excuser et enseigner, c’est choisir d’aller de l’avant.
La création consciente d’un rapport de force injustifié
Dès 1870, les Autochtones se retrouvent profondément dépendants du système économique mis en place pour l’exploitation des ressources naturelles ; pour survivent ils sont dans l’obligation de s’appuyer sur les directives instaurées par le gouvernement. En effet, en raison de la surexploitation des ressources ainsi que de la diminution drastique et subite de celles-ci, les membres des Premières Nations ne peuvent vivre tel qu’ils le faisaient selon leurs traditions. Rendre les Autochtones dépendants du système était le but premier du gouvernement de l’époque, c’était sous l’angle assimilatoire qu’étaient prises la majorité des décisions liées à l’économie et aux ressources. En 1850, l’État fait naître le statut « d’Indiens », ce dernier permettait au gouvernement de placer les membres des communautés sous tutelle, l’émergence de ce nouveau terme donne le pouvoir aux Allochtones de catégoriser les Autochtones pour ainsi les dominer plus facilement. En quête perpétuelle de leur autonomie, les Premières Nations n’avaient d’autre choix que de se plier à cette nouvelle étiquette, et ce, dans l’unique objectif que représente celui de la survie. En conclusion, l’État, par ces décisions économiques, assimile les autochtones pour ensuite les sauver d’eux-mêmes avec l’arrivée du statut d’ « Indiens ». Il devient alors pratiquement impossible pour les Premières Nations de s’émanciper du gouvernement, ce dernier qui définit désormais sa responsabilité face aux Autochtones. La loi sur les Indiens et ce même statut légitime toutes les actions commises par le gouvernement sur le futur des membres des communautés, et de là naît le rapport dominant/dominé.
La théorie embrouille la possibilité d’une relation humaine
Tel que discuté en classe, la relation entre les Autochtones et les Allochtones n’est, en aucun cas, humaine. Le lien collatéral entre les membres des communautés et le gouvernement en est un institutionnel : les Autochtones entretiennent une relation, un dialogue, un lien, un contact, non pas avec de véritables personnes mais bien avec la présence d’importants services publics. Sans vouloir excuser ou déculpabiliser qui que ce soit, la relation reste à la base erronée ; comment bâtir une connexion solide qui découle de la bienveillance, de l’écoute, de l’empathie et de la reconnaissance si celle-ci n’est pas initiée du même point de vue? Afin d’appuyer l’idée proposée ci-haut, prenons l’exemple vu en classe sur la question du rapport à la nature. Dans l’obligation de répondre à la demande, l’ingénieur forestier se doit de raser des forêts entières sous le prétexte d’une quête monétaire indispensable ; ce dernier qualifie l’extinction du caribou ainsi que celle des autres espèces animales résidant au cœur de ces mêmes forets, telle une véritable source de gain économique. À l’inverse, l’Inuit perçoit le caribou comme un réel Dieu, celui qui se retrouve au sommet de la hiérarchie. Caractérisée telle une objectification de l’animal, les inuits et les ingénieurs forestier ne vivront jamais la problématique de la même façon et c’est ce qui serait à l’origine de la complexité de la relation entre les Autochtones et les Allochtones ; n’ayant pas les mêmes priorités, les mêmes inquiétudes, il reste difficile d’évoluer dans la même direction sans brimer ou reprocher quoi que ce soit à qui que ce soit.
Anaelle :)))