L’animalisation
Dans le cours de philosophie 102, l’être humain, nous avions passé beaucoup de temps à analyser les concepts d’animalité et d’humanité. Comment à travers la modernité, une distinction et une hiérarchisation entre l’humain et l’animal (et tout ce qui fait partie du domaine de la nature). Dans un texte que j’ai écrit dans le cadre de ce cours, j’ai fait une simple explication des représentations de l’animalité et l’humanité qui nous avait été présenté. Dans la dissertation, j’ai écrit « Les caractéristiques associées à l’humanité sont la raison, la dignité, être civilisé, cultivé alors que celles associées à l’animalité sont au contraire le manque de raison, l’instinctivité, la sauvagerie et la brutalité. Les êtres qui possèdent alors les caractéristiques associées à l’humanité sont donc placés dans une position de supériorité, d’autorité et de contrôle face aux êtres associés avec l’animalité ».
J’ai fait mon cours en automne 2023. Le 9 octobre 2023, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a dit en conférence de presse en parlant du Hamas « Nous combattons des animaux humains et nous en agissons en conséquence ». Il a dit cela pour essayer de justifier des coupures d’électricité, d’eau, de gaz et de beaucoup d’autres besoins fondamentaux nécessaires à la survie. Il affirme être en guerre contre le Hamas mais ces coupures affectent tout le peuple palestinien. Le terme animaux humains s’applique donc alors au peuple entier et non seulement au Hamas. Cette appellation était utilisée pour déshumaniser le peuple et justifier les abus horribles et les conditions de vie complètement dégueulasses et inhumaines dans lesquelles vivent les Palestiniens depuis plusieurs mois.
Associé l’humain au domaine de la nature, ainsi l’animalisé, est une façon qui a souvent été utilisé pour discriminer des peuples ou des personnes. Le domaine de la nature comme les animaux, les forêts et les rivières sont des choses que l’on peut observer et analyser de façon rationnelle. Les femmes ont été rajoutées par la science moderne dans cette catégorie. Elles seraient des êtres observables de l’extérieure, comme des objets.
Cela rapporte à une autre théorie que nous avons étudié en 102 et brièvement abordé dans le cours d’éthique et politique, le dualisme entre le sujet et l’objet, présenté par Descartes. Être sujet, c’est-à-dire être un « Je » qui pense, qui a des connaissances et une volonté libre, a longtemps été associé avec l’homme, l’humanité. Descartes en a fait la distinction, ce qui rend de lui un sujet est son âme, le corps est une machine. Descartes explique alors que l’animal n’est pas sujet car il n’a pas la capacité de penser, il n’est pas capable de raisonner. La raison est une caractéristique de l’humanité que l’animal ne possèderait pas. Il est donc objet. Il fait donc partie du domaine de la nature.
Cela m’amène aux peuples autochtones qui ont été longtemps associés au domaine de la nature. Lorsque les colonisateurs sont arrivés en Amérique, ils ont rencontré les autochtones. Des personnes qui vivaient dans la nature. Ils ne portaient pas les mêmes vêtements qu’eux. Il ne se nourrissaient pas de la même façon et n’habitaient pas dans le même genre de maison. Ils les ont donc définis comme sauvage, du monde de la nature. Ils ne seraient pas civilisés comme les européens. « Il suffit de prendre connaissance des lois de l’époque et de leur langage pour se convaincre que les autorités considéraient les Autochtones comme des êtres « non-civilisés », d’où l’appellation très officielle de « sauvage ». » Cette appellation est restée de multiples années avant d’être remplacée par le terme « indiens ».
Nommer les autochtones de sauvages fait directement référence au domaine de la nature auquel ceux-ci ont été attribué. Le colonisateur regardait désormais « le sauvage » d’un point de vue extérieur et rationnel. Dans cette perspective, le colonisateur civilisé et rationnel est associé à l’humanité et l’autochtone il est sauvage, non-civilisé et irrationnel.
L’expression « traité comme des animaux » fait preuve du traitement malsain des animaux. Un traitement que les humains ne veulent pas recevoir. La forte distinction établie pendant la modernité entre l’humain et l’animal favorise ce traitement péjoratif. La pensée que l’humain n’est pas un animal est aussi une perceptive qui permettrait l’inclusion de certains peuple (humain) dans ce monde animal qui reçoit un traitement péjoratif.
Le traitement des peuples autochtones a été extrêmement à la suite de la colonisation. Plusieurs fragments horribles de leur histoire sont survenus car les colonisateurs essayaient de « civiliser les peuples autochtones ». Les pensionnats ont longtemps été utilisé avec le but d’assimiler les jeunes enfants qui étaient forcés à y aller. « Les pensionnats indiens ont été créés par les églises chrétiennes et le gouvernement du Canada dans le but d’éduquer et de convertir les jeunes Autochtones et de les assimiler à la société canadienne. »
« Les tentatives d’assimilation des enfants commencent dès leur arrivée à l’école : on leur coupe les cheveux (dans le cas des garçons), on les dépouille de leurs vêtements traditionnels et on les remplace par de nouveaux uniformes. Dans bien des cas, on leur donne aussi un nouveau nom. Les missionnaires chrétiens consacrent leur temps et leur attention aux pratiques religieuses, tout en critiquant ou en dénigrant ouvertement les traditions spirituelles autochtones. »
Dans un document publié par Gouvernement Canada il est inscrit que « Le projet de colonisation supposait qu’il fallait « civiliser » les Autochtones en les obligeant à adopter le mode de vie des Européens, par la force, au besoin. La Loi sur les Indiens, les pensionnats et les processus de cession des terres avaient tous été créés dans ce but. » La loi sur les Indiens qui est encore en vigueur aujourd’hui a été créée dans le but de civiliser les peuples autochtones.
C’est très choquant de voir l’intensité de la perspective coloniale sur un peuple et comment celle-ci à été influencée par une distinction entre l’animalité et l’humanité qui a été développée pendant la modernité. Beaucoup de peuples colonisés ont vécu cette animalisation dans le but de justifier les actions qu’ils subissent. Même aujourd’hui, plusieurs peuples vont vivre de la discrimination ou du racisme à cause de l’attribution de caractéristiques animales.

Sources :
Notes de cours
El Sayed, K. (2023). Israël : Yoav Galant, le ministre à la tête de l’offensive militaire contre le Hamas. L’express. https://www.lexpress.fr/monde/proche-moyen-orient/israel-yoav-galant-le-ministre-a-la-tete-de-loffensive-militaire-contre-le-hamas-TTIWT4UADVBPXE7MHUZUCC5JGU/
Université du Québec à Trois-Rivière. (S.d). Faits et évenements entre 1500 et 1745.EduTIC
AKI – Sociétés et territoires autochtones. https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/portail/gscw031?owa_no_site=85&owa_no_fiche=193.
Gobeil, S. (2015). Les sauvages. Journal de Montréal. https://www.journaldemontreal.com/2015/06/04/les-sauvages#:~:text=Il%20suffit%20de%20prendre%20connaissance,tr%C3%A8s%20officielle%20de%20%C2%ABsauvage%C2%BB.
Forencich, F. (2023). Treat people like animals. The Maverick Paradox Magazine. https://themaverickparadox.com/treat-people-like-animals/
Miller, J.R. (2012). Pensionnats indiens au Canada. The Canadian Encycopedia. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/pensionnats