Je n’y connais rien au rap, c’est pourquoi je trouvais pertinent de me plonger dans cet univers pour cette enquête. Je me concentrerai sur le rap québécois pour bien comprendre son rôle dans la résistance politique de notre province.
Lorsque j’étais jeune, les paroles du groupe Loco Locass me restaient dans la tête, sûrement comme plusieurs autres personnes, « libérez-nous des libéraux » (Loco Locass, 2004). Je n’en comprenais pas le sens quand j’étais plus jeune, mais aujourd’hui je prend en compte sa signification. Ce groupe chantait des paroles qui s’opposaient au pouvoir en place. Il faisait de la résistance politique. Cependant, ce n’est pas la même que celle des groupes de Hip-Hop américains vu en classe. Cette résistance est plus au niveau identitaire nationaliste. Le groupe lutte pour les francophones. Les francophones au Québec ont dû se battre pour conserver leur langue depuis que les Anglais ont conquis le territoire, et on en sent encore les répercussions aujourd’hui. Tous les débats sur la langue française et sur le nationalisme québécois dans les médias en sont des exemples. Dans cette même chanson le groupe incite à une révolte, mais une révolte pacifique. Sortir dans les rues, faire du bruit, mais surtout chavirer le parti au pouvoir. Ce groupe reproduit l’histoire du Québec de la révolution tranquille. Sans se gêner de dire ce qu’il pense, il n’est pas violent. Je trouve ça très révélateur de la population québécoise. On ne se gêne pas pour dénoncer les injustices et pour faire changer les choses, mais nous ne le faisons pas par la violence. Alors la chanson « Libérez-nous des libéraux » est une critique du pouvoir plus qu’explicite, mais pacifique.
En parlant de Loco Locass je crois aussi important de comprendre l’importance de leur message. Tout comme le Hip-Hop dans le Bronx répondait à l’impasse d’une communauté détruite, le rap québécois répond à l’impasse d’une identité menacée et d’une banalisation de l’histoire. D’autres artistes vont plus en profondeur pour montrer cette impasse, mais en étant moins directement envers le pouvoir. J’ai trouvé que la chanson « Enfant de l’asphalte » de Koriass (2011) est un bon lien entre la chanson de Loco Locass, très basée sur l’identité québécoise, et le rap qui dénonce des situations ressemblant à celle du Bronx. Cette chanson fait référence au référendum, mais aussi aux conditions dans les quartiers défavorisés (des appartements « crados », la drogue, les mères monoparentales, etc.). Cet artiste ne va pas critiquer le pouvoir directement, mais dénonce quand même les conditions difficiles, et ce, sans réel anonymat. Oui il a un nom d’artiste, mais il est connu, donc l’anonymat n’est pas total, et en plus, il prend le temps de se présenter au début de cette chanson. Il dénonce et fait passer son message, sans que la critique envers le pouvoir ne soit trop explicite.
Il y en a beaucoup à dire sur la lutte politique au Québec par le rap, et même si je suis loin d’avoir fait le tour de tous les artistes et encore plus de toutes les chansons, je comprend mieux comment le rap du Québec représente notre peuple au niveau des résistances et des révolutions. Le rap québécois est beaucoup plus vaste que je ne le pensais et mérite d’être découvert par le plus de personnes possibles.
Références
Koriass. (2011). Enfant de l’asphalte. Petites Victoires. Disques 7ième ciel.
Loco Locass. (2004). Libérez-nous des libéraux. Audiogram.