GABRIEL PHARAND

Comme dans toutes facettes artistiques, les artistes ont leur mot à dire. Leur mot est interprété différemment dû au type d’art dont il le représente. Leur histoire, leurs origines, leur ethnicité sont tous des facteurs qui jouent des rôles cruciaux dans l’interprétation de leur art et du décodage de leur message à travers leur art. L’émotion que nous ressentons lorsque nous observons une toile de Basquiat ou de Rothko nous submerge et nous n’avons peut-être pas les mots pour décrire cette émotion. Le message peut être interprété de façon différente parce qu’ils transmettent leurs convictions grâce à l’art visuel. La musique quant à elle est beaucoup plus limpide car elle nous raconte une histoire. Cette histoire peut avoir différente interprétation mais une base littéraire a été installée, donc un sens simple est exposé au lecteur ou auditeur. C’est par choix que le lecteur ou auditeur décide de pousser sa recherche du vrai message énoncé par l’artiste. C’est dans ce texte que nous allons parler d’un sujet qui est, selon moi, extrêmement d’actualité ; Devrions-nous considérer les paroles des rappeurs comme vérité ?

Depuis les années 70, le Hip-Hop a beaucoup évolué. Dans les débuts, les « OG » comme Grandmaster Flash parlait des injustices systémiques envers les communautés afro-américaines. Le mouvement a rapidement évolué et certain rappeur ont commencé à se vanter des ventes de drogues qu’ils faisaient. On peut dire qu’ils glorifiaient la vie de gang et revendeur de drogue. C’était le cas de Notorious B.I.G. ou encore de Rick Ross. Les deux rappeurs avaient une approche de mafiosi ce qui peut être attirant pour leurs jeunes audiences. Je pense que comme toute bonne histoire racontée les faits sont toujours un peu embellis. Malgré, ces rappeurs proviennent tout de même de ghettos violents et sont exposés à la violence et la drogue. Je crois donc qu’il faut prendre leurs paroles avec un grain de sel et se rappeler qu’à la base, c’est de l’art. De plus, je trouve cela tout à fait normal que les rappeurs embellissent leurs histoires car de cette façon, le message peut faire rêver et amène plusieurs sujets de discussion. Ce qui par la suite apporte des réflexions sur le message exposé dans les écritures. D’un autre côté, les textes dénonciatifs sont souvent très crus et exposent la vérité brute. Dans leur cas, l’embellissement n’est pas au rendez-vous et on l’y retrouve des vers et rimes qui peuvent être difficile à absorber, dû à leur pesanteur messagère. C’est justement lorsque la vérité nous est rabattue dessus que l’on se rend compte des atrocités commises par les forces policières à l’égard des communautés afro-américaines.

Dans plusieurs cas criminels aux États-Unis, des paroles de chanson ont été écoutés en Cour. Elles ont été acceptées comme preuve. Certes, dans la chanson en question l’artiste raconte le meurtre de ses deux amis mais outre cela aucune preuve tangible n’a été découverte. Les paroles de chanson font parties d’un tout, la chanson. Elles ont donc été réfléchies puis mises sur papier pour ensuite les diffuser. Ce ne sont pas des aveux. C’est exactement comme n’importe quel tableau ou peinture. Il y a libre expression mais aussi libre interprétation. Ayant plusieurs interprétations possibles, il n’est pas possible de s’arrêter littérairement sur les paroles. Les paroles ont un sens qui n’est pas nécessairement celui écrit. Il peut être caché entre les lignes. Le message peut être l’inverse total de ce qui est écrit dans les paroles. À cause de cela, deux artistes se sont retrouvés inculpés de crimes qu’ils ont ou n’ont pas commis. Nous ne pourrons pas le savoir si nous nous aidons des paroles car de multiples interprétations peuvent y être retrouvés. De plus, comme mentionné plus haut, plusieurs rappeurs embellissent leurs faits d’armes. Alors de purs mensonges se retrouvent peut-être dans leurs chansons et Young Thug et YNW Melly se retrouve donc emprisonné pour des sottises. Encore une fois, les forces légales cherchent encore et toujours des moyens douteux pour incarcérés des soi-disant criminels afro-américains. Bizarrement, on se retrouve à la même place qu’il y a 50 ans, à la même place que Grandmaster Flash ; les forces de l’ordre qui s’oppose aux communautés afro-américaines. Nous retombons à la base et même les rappeurs considérés « gangster » font des chansons dénonciatrices visant la police. C’est le cas de Lil Baby avec sa chanson ; The Bigger Picture.

En conclusion, les paroles de chanson ne doivent pas être prises comme vérité. Beaucoup d’entre elles peuvent être embellies ou, pire, être de purs mensonges. Les paroles sont de l’art et l’art a été créé pour nous faire rêver. Alors rêvons autant que nous le voulons en écoutant The Blueprint de JAY-Z ou son album collaboratif avec Kanye West ; Watch The Throne. Apprécions la musique et les paroles pour l’histoire et le message qu’elles ont à raconter, mais par pitié n’amener en aucun cas cet art pour incarcérer des innocents.  

Lil Baby – The Bigger Picture

JAY-Z – The Blueprint

JAY-Z / Kanye West – Watch The Throne

Rick Ross- 9 piece

Notorious B.I.G. – Ten crack commandments

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