Plan
Question d’analyse: “Pourquoi les paroles du hip-hop utilisent-elles la rhétorique et les métaphores pour critiquer les structures de pouvoir et les injustices sociales?”
Introduction:
- Pour mener mon sujet: Expliquer que depuis quelques années j’ai commencé à m’intéresser beaucoup à la musique comme passe temps. J’ai commencé en écoutant plusieurs albums de rap et en faisant de la recherche sur les différents styles et les différentes époques. ( J’ai même une liste de lecture avec tous les albums que j’ai écoutés en ordre d’artistes et d’album, annexé à la fin de mon enquête). Au début de mon parcours dans le monde du rap, j’ai été introduite à la chanson Survival Tactics par Joey Bada$$ et Capital STEEZ. Cette dernière est rapidement devenue une de mes chansons coup de cœur. J’ai adoré les rimes, le rythme , même si je ne comprenais pas exactement le message, juste avec le ton et la force dont ils rappaient on comprenait qu’ils parlaient de quoi important pour eux. Cela m’a poussé à écouter la chanson encore plus. J’ai décidé d’apprendre les paroles de la chanson entière. En apprenant les paroles j’ai réussi à comprendre une certaine partie du message mais il y avait encore plusieurs parties qui étaient vraiment floues. Il y avait plusieurs messages cachés en métaphore malgré une grande partie des strophes étant très directes.
- Problématique: ( La répression du discours politique chez les classes laborieuses): Je me suis demandée pourquoi il est souvent difficile de comprendre le message dans les chansons de rap. Dans cette analyse je cherche à répondre à la question à travers la décortication de la chanson Survival Tactics.
Développement
*Contextualisation du sujet:
- Comment les communautés dans le Bronx et les classes ouvrières sont traitées dans les années 70s:
“Nous étions dans une situation où nous avions simplement besoin d’un exutoire, où nous avions simplement besoin de quelque chose pour rendre une journée normale. » C’est ainsi que Melle Mel, MC légendaire, membre fondateur des Furious Five et chanteur principal du classique historique du hip-hop « The Message”, décrit sa jeunesse dans le Bronx dans les années 1970. New York était en faillite. Et à travers de vastes étendues du South Bronx, des propriétaires payaient des incendiaires pour incendier leurs bâtiments afin d’obtenir de l’argent de l’assurance, tandis que la ville, conseillée par la RAND Corporation pour fermer des casernes de pompiers et laisser brûler ses quartiers les plus pauvres. Personne ne voulait prendre action, le quartier devient de plus en plus dangereux et le taux de criminalité augmente.
- Comment ils ont essayé d’exprimer leur opinion et comment les supérieurs réagissent face à ça: Les habitants du Bronx, épuisés par leurs conditions de vie, cherchaient désespérément à exprimer leur mécontentement et à lutter pour la justice et l’égalité. Cependant, les autorités réagissaient violemment pour les réduire au silence. Cela les empêchait de s’exprimer, que ce soit par la force ou par la parole.
- Émergence du hip hop: Le Bronx répond aux injustice sociale en créant un résistance politique dû à la banalisation de la violence. C’était une façon non violente de faire passer un message à un large groupe de personnes sans se faire arrêter.
Les partis de quartier ont également servi de supports de commentaires sociaux et politiques pour la population afro-américaine. Le hip-hop est devenu la voix et le moyen permettant aux Afro-Américains d’exprimer leurs opinions et leurs préoccupations dans une société où la discrimination raciale et la ségrégation étaient institutionnalisées. C’était la seule forme de commentaire qui permettait aux communautés afro-américaines privées de leurs droits d’exprimer leurs frustrations et où leurs propres voix pouvaient être entendues.
*Évaluation de l’état de la discussion et du débat dans la société contemporaine
- Analyse comment le rap est devenu un moyen d’expression politique important: Les groupes dominés ont dont pris part du discours caché. Il font cela à travers des métaphores et rhétoriques dans leurs chansons. Ils créent des images formant un message que seule leur communauté puisse comprendre facilement . Faisant en sorte qu’ils puissent exprimer publiquement leurs propos sous forme masquée, permettant une critique du pouvoir anonyme et inoffensive en son état.
- “fuck tha police” de N.W.A.: Le groupe N.W.A ont été parmi les premiers à écrire une chanson avec un message clair tandis qu’un message caché sous diverses métaphores. Les paroles du groupe critiquaient vivement les abus policiers. Lorsque le groupe à performé la chanson à Détroit en 1989, la police est intervenue. Celle-ci, contrariée par le message, a tenté d’empêcher la performance, créant ainsi un conflit sur scène. Cela a reflété la barrière entre le rap politique et les autorités, mettant en lumière les problèmes de brutalité policière et de liberté d’expression.
- Changement d’époque jusqu’à “Survival Tactics” Retour du vieux rap:
Le message politique dans le rap a tendance à s’estomper au fil des ans en raison du changement de l’espace publique. “Survival Tactics” est une chanson datant de 2012, étant le premier album de Joey Bada$$ et Capital STEEZ. Cela leur a permis d’aborder plusieurs thèmes sans avoir à cacher un certain message. Par contre, les deux artistes décident de faire un retour sur le rap politique. Se basant sur l’instrumental de “Survival Tactics” par Styles Of Beyond datant de 1999, le nouveau groupe décide de reprendre la chanson et lui donner une nouvelle vie en ajoutant des critiques modernes à leur tour. Dans leur chanson ils mentionnent: “I’m in Marty McFly mode, so tell em that the future’s back”: se comparant à Marty McFly du film classique des années 80 Retour vers le futur. Tout comme Marty remonte le temps dans Retour vers le futur, les deux jeunes proposent un style boom bap qui rappelle les années 1980-1990.
- position/opinion: je ne suis pas d’accord que les dominants ne laissent pas les dominés donner leur opinion politique. Par contre, le fait qu’ils ont utilisé des alternatives pour s’exprimer en utilisant des métaphores et des messages cachés, donne un charme dans le rap. Ce que j’aime de Survival tactics c’est que la chanson a un mélange des deux. La chanson a des phrases très directes mais aussi garde le côté du “message caché” que le rap a perdu à travers les années.
*Chanson
*les strophes avec des messages clairs semblent critiquer ce que doivent subirent les gens dans leurs communautés tandis que les strophes plus métaphoriques semblent plus critiquer les dominants de la société.
- Représentation claires des expériences des classes laborieuses dans la chanson:
“Like everyday in every way, and everywhere you go just ain’t safe, the only thing that I can say to you is pray” Joey exprime l’insécurité de vivre dans les zones défavorisée de new york dû à la violence qu’il font face quotidiennement.
“Yo, Fuck the police, n*gga” : référence à “fuck tha police” de NWA
“Cause when n*ggas start equipping, and throw the clip in, Your blood drippin; and catch you slippin. Another victim, don’t know what hit them — through a spinal, Just another man who defeated by survival”: Joey expose ce qui pourrait arriver dans le quartier. Les mecs prennent des armes et commencent à pulvériser, et si vous êtes surpris en train de glisser, vous pourriez être touché avant même de savoir ce qui s’est passé. Aussi utilise une métaphore pour décrire un homme qui a perdu la vie dans la rue ; les gangs et la violence lui ont coûté la vie. Il n’a pas réussi à vivre cette vie.
“Fucking ridiculous. Finger to the president screamin; “fuck censorship!”; Ces paroles expriment de vives critiques à l’encontre de Barack Obama pour avoir adopté des lois qui restreignent la liberté d’expression, notamment contre des lanceurs d’alerte. Dans le temps où la chanson fut écrite, l’emprisonnement de Chelsea Manning était récent. Ils critiquent également son refus de divulguer des informations qui devraient être rendues publiques par la loi et ses tentatives de censurer Internet.
“Jobs are scarce since the Scientific Revolution. And little kids are shooting uzis cause its given to them” : Il est si facile de se procurer des armes à feu de nos jours que même les petits enfants en ont. Certains jeunes enfants reçoivent même des armes et sont encouragés à s’impliquer dans la culture des gangs de rues. C’est la révolution scientifique, une époque qui devrait élever l’intelligence et amener l’ensemble de la société à l’ère de la modernité, mais les mêmes problèmes existent toujours. La technologie et la miniaturisation des armes à feu font reculer la société plutôt qu’elle ne l’avance.
- Symboles et images métaphoriques à travers la chanson:
“Wiping out motherboards”: La carte mère, appelée motherboard en anglais est ce à quoi toutes les parties d’un ordinateur se connectent, donc Steez implique qu’ils éliminent les personnes qui contrôlent tout. La « carte mère de la société » pour ainsi dire. Les cartes mères se connectent également à l’ambiance futuriste exprimée dans les lignes précédentes (martymcfly mode)
- “And you’ll be quick to catch a bullet like and interception”: Lorsqu’un joueur de football lance une passe rapide, on parle parfois d’une « passe de balle », donc si l’équipe adverse l’attrape, c’est une interception. Avec les criminels et les policiers qui tirent dans les rues, tout le monde devient une cible, ce qui signifie que vous pouvez prendre une balle dans la tête rien qu’en marchant dans le centre-ville, sans être impliqué du tout avec des armes à feu, en vivant simplement votre routine quotidienne.
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***Beaucoup de rhymes avec les références plus actuelles( références de back to the future, toys story, pokémon, les cartes magic, les sims, faisant partie de mon enfance ). Mentionner qu’ils avaient 17 ans lorsqu’ils ont sorti cet album.
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Décortication de la chanson:
“N*ggas don’t want war i’m a martian with an army of spartans. Sparring a knife in a missile fight”; Déclarer une guerre dans le monde du rap.
“Brooklyn’s the residence, the best and its evident” Joey réside à brooklyn, ce qui est à son point de vue la meilleure place ou être
“Tryna catch a buzz, tryna pollinate” catch attention and spread. ( résistance ) ainsi que pouvoir grandir
– “Cause when n*ggas start equipping, and throw the clip in, Your blood drippin; and catch you slippin. Another victim, don’t know what hit them — through a spinal, Just another man who defeated by survival”: Joey expose ce qui pourrait arriver dans le quartier. Les mecs prennent des armes et commencent à pulvériser, et si vous êtes surpris en train de glisser, vous pourriez être touché avant même de savoir ce qui s’est passé. Aussi utilise une métaphore pour décrire un homme qui a perdu la vie dans la rue ; les gangs et la violence lui ont coûté la vie. Il n’a pas réussi à vivre cette vie.
Son flow sur ces barres est également très similaire à celui de B.I.G. sur Warning : I bring pain, bloodstains on what remains
Of his jacket – he had a gun he shoulda packed it
Cocked it, extra clips in my pocket
“That’s your biggest rival, in your whole life”: La survie est votre plus grand rival, vous êtes constamment confronté à la survie toute votre vie. Remarque : un son de pistolet retentit lorsqu’il dit « rival », ce qui sonne ressemblant à “rifle”. Notez cependant le moment choisi pour le coup de feu, car cela donne presque l’impression que « dans toute votre vie » ressemble à « mettre fin à votre vie entière », un peu comme le ferait une balle.
Capital STEEZ. ( parler plus en détail à propos de lui )
“I’m in Marty McFly mode, so tell em that the future’s back, Riding on hoverboards”: Steez se compare à Marty McFly du film classique des années 80 Retour vers le futur, car il est l’avenir du rap game. De plus, tout comme Marty remonte le temps dans Retour vers le futur, Pro Era propose un style boom bap qui rappelle les années 1990.
“Wiping out motherboards”: La carte mère, appelée motherboard en anglais est ce à quoi toutes les parties d’un ordinateur se connectent, donc Steez implique qu’ils éliminent les personnes qui contrôlent tout. La « carte mère de la société » pour ainsi dire. Les cartes mères se connectent également à l’ambiance futuriste exprimée dans les lignes précédentes.
“Fucking ridiculous. Finger to the president screamin; “fuck censorship!”; Ces paroles expriment de vives critiques à l’encontre de Barack Obama pour avoir adopté des lois qui restreignent la liberté d’expression, notamment contre des lanceurs d’alerte. Dans le temps où la chanson fut écrite, l’emprisonnement de Chelsea Manning était récent. Ils critiquent également son refus de divulguer des informations qui devraient être rendues publiques par la loi et ses tentatives de censurer Internet. L’expression « Fuckin’ ridiculous » est empruntée à une chanson de Kanye West pour souligner à quel point la situation est absurde ou scandaleuse.
“Fuck what I once said, I want the bloodshed. Cause nowadays for respect, you gotta pump lead. I guess Columbine was listening to Chaka Klan”: Utilise du sarcasme en disant qu’Eric Harris et Dylan Klebold (ceux qui ont orchestré le massacre de Columbine, une fusillade scholaire) ont dû écouter l’artiste Soul et R&B Chaka Khan. Cela fait référence à la ligne précédente sur le fait de vouloir et de mériter le respect. Cet exemple était un exemple concret de personnes qui veulent le respect avec de la violence brutale.
“It’s like we’ve been content with losin”: STEEZ continue de parler politiquement, selon lequel les gens dans la rue se contentent d’être dans la rue ou la classe inférieure est satisfaite de son 9-5 mais ne parvient pas à voir la situation dans son ensemble. Les Blancs maintiennent ainsi les minorités dans les classes inférieures. Ils se retrouvent donc comme victimes du système.
“And half our students fallen victim to the institution”: « Institution » désigne une organisation ou un groupe dédié à un objectif spécifique, souvent au profit du public, de l’éducation ou d’une œuvre caritative. Nous avons chacun notre propre compréhension de ce que les institutions signifient pour nous, et nous pouvons comprendre le fait d’être influencés ou contrôlés par elles. Cela peut se produire en raison de facteurs tels que des ressources limitées, les actions du gouvernement, notre environnement ou la situation familiale. Essentiellement, les institutions sont les systèmes qui gouvernent et façonnent nos vies.
“Jobs are scarce since the Scientific Revolution. And little kids are shooting uzis cause its given to them” : Il est si facile de se procurer des armes à feu de nos jours que même les petits enfants en ont. Certains jeunes enfants reçoivent même des armes et sont encouragés à s’impliquer dans la culture des gangs de rues.
C’est la révolution scientifique, une époque qui devrait élever l’intelligence et amener l’ensemble de la société à l’ère de la modernité, mais les mêmes problèmes existent toujours. La technologie et la miniaturisation des armes à feu font reculer la société plutôt qu’elle ne l’avance. .
“Little weapon: code name: smith and Wesson”: Smith and Wesson est un fabricant d’armes à feu. Smith & Wesson sont également célèbres pour leurs armes de poing qui sont littéralement de petites armes. Little Weapon peut être une référence à la chanson « Little Weapon » de Lupe Fiasco, qui parle des enfants ayant un accès facile aux armes à feu.
“And you’ll be quick to catch a bullet like and interception”: Lorsqu’un joueur de football lance une passe rapide, on parle parfois d’une « passe de balle », donc si l’équipe adverse l’attrape, c’est une interception. Avec les criminels et les policiers qui tirent dans les rues, tout le monde devient une cible, ce qui signifie que vous pouvez prendre une balle dans la tête rien qu’en marchant dans le centre-ville, sans être impliqué du tout avec des armes à feu, en vivant simplement votre routine quotidienne. .
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Sources et liens:
Ma liste de lecture qui est mon répertoire de musique (rap et rock):
Chanson:
Music vidéo Survival tactics: https://www.youtube.com/watch?v=DDWAk8-leVA
Biographie de Capital STEEZ: https://alexgravellebusiness.medium.com/the-complicated-life-and-mind-of-pro-eras-founder-capital-steez-9ac8612418a
À propos de la chanson: https://www.youtube.com/watch?v=LWsai8SJ1vg
Recherches externes:
L’émergence du hiphop dans le bronx: https://www.pbs.org/independentlens/blog/how-the-burning-of-the-bronx-led-to-the-birth-of-hip-hop/
A propos du rap: https://www.mironline.ca/fighting-censorship-with-the-revolutionary-power-of-hip-hop/
Incident “fuck tha police” à detroit: https://www.gq.com/story/nwa-fuck-the-police-live-detroit
L’évolution du rap politique: https://www.mironline.ca/evolution-political-consciousness-hip-hop/
Block parties :https://www.mrporter.com/en-ca/journal/lifestyle/how-the-block-party-invented-hip-hop-665720
Sources du site web du cours:
l’expression cachée s’effectue loin d’une observation directe des dominants, derrière la scène pour ainsi dire, et confirme, contredit ou infléchit ce qui apparaît dans le discours public.
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Allant plus loin Scott prétend que parfois le discours caché des groupes dominés s’exprime publiquement sous forme masquée, par l’art, permettant une critique du pouvoir anonyme et inoffensive en son état.
Même si d’autres procédures sociales quotidiennes peuvent intervenir pour parvenir au même résultat, Scott focalisant sur la «performance», l’art manifeste distinctement la dimension «stratégique» de certaines situations — où une méprise des acteurs sociaux entre eux peut engendrer des effets de réciprocités positifs ou négatifs.
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Si les groupes dominés ont pu gagner une certaine réputation de subtilité – subtilité que leurs supérieurs ont souvent perçue comme ruse et comme tromperie – c’est probablement parce que leur vulnérabilité leur a rarement offert le luxe d’un affrontement direct. La maîtrise de soi et les manœuvres requises de leur part diffèrent ainsi fortement de l’approche directe, sans détour et sans inhibition, du puissant. Il suffit ici de comparer la tradition aristocratique du duel avec l’entraînement visant à avoir assez de maîtrise de soi lorsque l’un se trouve sous le feu des insultes, que l’on retrouve chez les Noirs américains comme chez d’autres groupes dominés. Cet entraînement à la maîtrise de soi est tout à fait flagrant dans la tradition des dozens chez les jeunes noirs aux États-Unis. Les dozens sont des groupes de deux jeunes Noirs s’échangeant en rythme des insultes au sujet de leurs familles respectives (et en particulier de leurs mères et de leurs sœurs). Remporte la victoire celui qui ne perd pas son sang-froid ou commence à se battre, et qui continue plutôt à inventer d’habiles insultes afin de remporter ce duel uniquement verbal. Alors que l’aristocrate est socialisé de manière à porter toute insulte verbale sérieuse sur le terrain d’un duel à mort, ceux qui n’ont pas de pouvoir s’entraînent à absorber les insultes sans y répondre physiquement. Comme le fait remarquer Lawrence Levine : « Les dozens servaient de mécanisme destiné à enseigner et à affermir la capacité à contrôler ses émotions et sa colère : une telle capacité était souvent nécessaire à la survie. » On trouve des éléments montrant que de nombreux groupes dominés ont développé des rituels d’insultes similaires dans lesquels une perte du contrôle de soi équivaut à la défaite.
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La guérilla idéologique non déclarée qui fait rage dans cet espace politique nous pousse à pénétrer le monde de la rumeur, du commérage, du travestissement, des jeux de langage, des métaphores, des euphémismes, des contes populaires, des gestes rituels et de l’anonymat. Pour de bonnes raisons, rien n’est jamais complètement franc ici : les réalités du pouvoir des groupes dominés sont telles qu’une grande partie de leur action politique doit toujours être interprétée, précisément parce qu’elle est voulue cryptique et opaque.
la répression empêchait tout discours directement politique de la part des classes laborieuses, avec pour résultat que « l’expression des sympathies politiques des individus était plus souvent oblique, symbolique, et trop indéfinie pour tomber sous le coup de persécutions. » Reste à spécifier les techniques par lesquelles les groupes dominés parviennent ainsi à infiltrer el texte public malgré tout, et à y introduire certaines formes de dissension et d’affirmation d’eux-mêmes.
Lorsque l’on parvient à discerner les atours dont ceux qui n’ont pas de pouvoir doivent se parer lorsqu’ils quittent la sécurité du texte caché, on aperçoit les contours d’un dialogue politique avec le pouvoir dans le texte public. Si cette affirmation peut être défendue, elle est d’une grande importance, car, pour des raisons pratiques, il est impossible d’avoir accès au texte caché de nombreux groupes dominés d’une grande importance historique. Ce que l’on peut retrouver, par contre, c’est ce qu’ils ont réussi à introduire, sous des formes voilées ou bien mises en sourdine, dans le texte public. On est alors confronté, dans le texte public, à un débat idéologique étrange au sujet de la justice et de la dignité dans lequel l’une des parties souffre d’un sévère défaut d’élocution directement causé par les relations de pouvoir. Si l’on souhaite entendre cette version du débat, il nous faut en apprendre le dialecte et les codes. Plus que tout, l’accès à ce discours nécessite de comprendre les arts du déguisement politique.
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Les formes pratiques de la dissimulation ne sont limitées que par l’étendue de l’imagination des dominés. Toutefois, il est probable que le degré de dissimulation à laquelle doivent recourir les auteurs du texte caché afin de s’introduire avec succès dans le texte public croit probablement à mesure que l’environnement politique se fait plus menaçant et arbitraire. Il faut ici reconnaître que la création des déguisements repose sur la capacité à manipuler avec agilité et de manière décisive les codes du discours. On ne saurait surestimer la subtilité de cette manipulation.
L’euphémisation est une bonne manière de décrire ce qui arrive à un texte caché lorsqu’il est exprimé dans une situation chargée de pouvoir par un acteur qui souhaite éviter les sanctions encourues par une déclaration directe. Bien que les groupes dominés ne soient en aucune manière les seuls à recourir aux euphémismes, ils les utilisent fréquemment à cause de leur plus grande exposition aux sanctions. Reste dans le texte public une allusion au blasphème qui n’est pas totalement réalisée; un blasphème privé de tout mordant. Avec le temps, l’association d’origine entre l’euphémisme et le blasphème qu’il imite peut disparaître complètement, et l’euphémisme devient alors inoffensif. Néanmoins, tant que l’association persiste, tous ceux qui l’entendent le comprennent comme substitut au blasphème d’origine. Une grande partie de l’art verbal des groupes dominés consiste en ces euphémismes habiles qui, comme le note Zora Neale Hurston : « sont caractérisés par un commentaire et une critique sociale indirects, voilés, par une technique bien décrite par le dicton « taper dans le mille avec un bâton tordu. » […]