Bien que l’image de la sorcière maléfique au nez crochu soit maintenant réservé à notre imaginaire collectif, cette légende/croyance s’est jadis étendue jusqu’à exercer un contrôle social, opprimer les femmes et justifier la répression. Lorsqu’on survole l’histoire de l’humanité, on se rend vite à l’évidence que l’humain est en recherche perpétuelle de sens. Par exemple, les religions ont offert des réponses sur la vie et la mort, le bien et le mal, lorsque l’humanité n’avait pas encore suffisamment de connaissances et points de repères. Contrairement aux animaux, l’humain a une conscience, et c’est pourquoi,
«Quand des antilopes arrivent devant un lit de rivière desséchée, elles recherchent de l’eau ailleurs ou elles meurent de soif. Les humains, devant un même constat désolant, tout en cherchant de l’eau ailleurs, et avant de mourir de soif, interprètent. Ils prient, dansent, cherchent des coupables, se lancent dans des rituels de propitiation pour convaincre les esprits de leur envoyer de la pluie ».
L’espèce fabulatrice, Nancy Huston, Babel 2008 P,17
Cette comparaison de l’autrice Nancy Huston illustre que contrairement aux animaux qui réagissent de manière instinctive, directe et pragmatique, les humains dotés de conscience ont plutôt le réflex d’agir en fonction de leur interprétation de la réalité, parfois basées sur des croyances irrationnelles. Comparer les légendes sexistes de sorcières aux croyances religieuses sous un angle social permettrait d’illustrer la tendance que l’humain a de façonner des fictions pour modeler la réalité, autrement dit faire appel a des croyances pour profiter de la tranquillité d’esprit et de conscience au détriment de la lucidité.
Les impacts sociaux des croyances reliées aux sorcières et aux religions.

Comparons les conséquences de la croyance des sorcières en parallèle avec la religion sous un angle social pour appuyer cette réflexion. Premièrement, sous un angle de contrôle de la société et du pouvoir, les légendes de sorcières ont exercé un immense contrôle social sur les femmes en les forçant à se restreindre aux attentes de la société. Les femmes qui défiaient l’autorité étaient considérées comme des menaces et étaient ensuite punies. Les croyances religieuses ont-elles aussi été très souvent utilisées pour mettre sur pied des normes et des valeurs sociales et morales, dictant le comportement de la population.
Penchons nous maintenant vers le coté répressif et persécutif. Les chasses aux sorcières ont entrainé jugement et exécution de plusieurs femmes et ces pratiques étaient souvent appuyés par l’église. Les croyances religieuses ont d’autres fois elles aussi été utilisées pour justifier la persécution. Ceci nous mène à un certain dilemme. Ces croyances sont-elles utilisées afin de modeler l’opinion du peuple? ou bien est-ce la population elle-même qui par recherche de sens, se rendrait jusqu’à persécuter pour s’en procurer? « Le sens dépend de l’humain, et l’humain dépend du sens».
Pour ce qui est de l’évolution et du changement au travers du temps, les légendes de sorcières ont perdu en signification en puissance et en pertinence. Les religions ont-elles aussi perdu en influence. Cependant, on peut constater que dans les sociétés ou la religion exerce encore une forte influence, la place des femmes n’a généralement pas beaucoup évolué. C’est comme si la place de la femme déviait en fonction du réajustement des valeurs et des croyances archaïques.
Les chasses aux sorcières et les croyances religieuses font partis des moyens par lesquels les sociétés ont tenté de donner un cadre aux questions fondamentales de la vie et d’exercer un contrôle social, parfois au détriment des individus, en particulier des femmes. Les humains sont doués d’une capacité très unique à interpréter et créer des significations à partir de leur environnement, mais cela peut nous conduire à des croyances irrationnelles, à des rituels et à des actions qui ne sont pas toujours bénéfiques. Les croyances religieuses et les légendes de sorcières ont été des outils de contrôle puissants, et leur influence persiste au fil du temps a différente échelle dans le monde. Même dans les pays les plus développés, il y a une omniprésence de cette ancienne vision de la femme. Par exemple, il est fréquent qu’une femme émotive soit traité d’hystérique et de folle. Contrairement a un homme, une femme qui aurait eu plusieurs partenaires dans sa vie pourrait plus rapidement perçue comme impure, (presque un dérivé de la sorcière maléfique). Des miettes de ces croyances sont encore encrées en notre inconscient. En somme, cette réflexion suggère qu’il pourrait être temps de mettre davantage l’accent sur la philosophie et la science pour répondre à notre quête de sens, plutôt que de s’appuyer sur des croyances souvent dépassées. Il est important de promouvoir la lucidité d’esprit et la recherche de compréhension, tout en reconnaissant les conséquences négatives de la recherche de sens à travers des croyances irrationnelles. La clarté de la pensée devrait primer sur la tranquillité d’esprit obtenue au prix de la justification d’actes cruels.