Vous voulez savoir comment ? Cela peut sembler plus simple que vous ne le pensez. L’essentiel est d’y croire vraiment fort et d’influencer ceux qui vous entourent à y croire aussi. Imaginons que vous ayez des soupçons concernant votre voisine, que vous la croyiez être une sorcière. Vous ressentez alors de la peur et d’autres émotions. Comment pouvez-vous prouver si elle est vraiment une sorcière ou comment prouver qu’elle n’en est pas une ? Vous n’avez pas à chercher des preuves, vous n’avez qu’à les inventer. Informez vos voisins, ils trouveront encore plus de preuves. Mais pour en avoir le cœur net, il faut se justifier, il suffit qu’elle avoue, allez y, elle finira par avouer.

L’introduction peut sembler exagérée, mais à l’image de l’inquisition elle est plutôt réaliste. On peut croire qu’il ne s’agit que du passé et que maintenant avec notre société si développé, si ingénieuse, si rationnel et si scientifique les injustices contre les femmes n’existe plus. Malheureusement, c’est tout le contraire, la violence envers les femmes semble avoir augmenté depuis la fin de l’inquisition. Comment est-ce possible ? Une société qui valorise la rationalité ne devrait pas engendrer plus de violence envers les femmes, et pourtant.
Personnage maléfique inventé de toutes pièces, la sorcière chevauchant son balai parcourt l’espace et le temps et, lorsque cessent ses courses effrénées, elle fait place à une femme vieille et laide, au regard menaçant qui, devant son chaudron, surveille d’horribles préparations, entourée de ses animaux favoris : chat noir, chauve-souris, chouette, crapaud.
Colette Arnould
Il faut comprendre qu’à la base, on caractérise la fin de l’inquisition par le début du siècle des lumières. L’arrivé des sciences, des droits, des lois. Et par l’émergence de la science et d’une société de droit, on valorise la rationalité, une survalorisation qui peut cacher certaines vérités. Une rationalité qui se base sur l’état, donc le droit et les lois. La violence contre les femmes est par conséquent légitimée par l’état en leur enlevant des droits. Comme Armelle Le Bras-Chopard dit l’inquisition a cessé puisqu’on a réussi à dominer la femme. En effet, la chasse aux sorcières n’est plus utile puisque la violence envers les femmes est maintenant légitimée par l’état de lois. Par exemple, c’est seulement qu’en 1940 que les femmes ont eux le droit de vote au Québec. Ce n’est pas tout, la science aurait également joué un rôle important à l’idée de légitimer la violence envers les femmes. Au siècle des Lumières, à l’émergence de la science moderne telle que nous la connaissons aujourd’hui, l’objectif principal des sciences était d’expliquer et de rationaliser l’environnement naturel, cherchant à donner un sens à la nature tout en tentant de la comprendre et de la maîtriser. Les avancées scientifiques étaient perçues comme des moyens de contrôler l’environnement au profit de l’humanité, ce qui a entraîné des progrès significatifs dans des domaines tels que l’agriculture, la médecine, la technologie et l’industrie. Mais cela influencera des idées sexistes. Certains scientifiques de l’époque classaient la femme comme une partie de la nature, la réduisant parfois à un simple instrument de reproduction. Cette vision contribua à des perceptions négatives et à des discriminations envers les femmes. La science de l’époque aurait ainsi pu renforcer le détachement des femmes de leur propre corps, alimentant ainsi des préjugés et des violences à leur égard.
De l’Imaginaire a la réalité:
Dans le contexte de la chasse aux sorcières, la rationalisation a été utilisée pour légitimer des préjugés et des discriminations profondément enracinés. On cherchait des explications aux événements terrifiants tels que les épidémies, les mauvaises récoltes, etc. Ainsi, l’accusation de sorcellerie fournissait une explication simple et rationnelle dans leur perspective de l’époque. Les accusations étaient jugées juste puisqu’il se basait sur des preuves. Des preuves souvent inventées, ou imaginées. L’imagination servait d’essence à différents mythes ou croyance, on finissait par croire vraiment en le mythe de la sorcière. L’imaginaire collectif permettait d’inventer des preuves ou des préjugés. De par l’imaginaire, émerge de la peur, une croyance partagée dans une communauté. Les gens étaient encouragés à adhérer à la croyance en la sorcellerie sous peine d’être eux-mêmes accusés. La peur et la pression sociale ont contribué à la persistance de ces croyances irrationnelles. Une boucle sans fin, la peur d’une communauté enragé tente de se libérer de cette peur en la nourrissant. De ce fait, il ne s’agissait plus que de légende, mais de réalité, les sorcières était réel, nous les avons rendu réel.
Maintenant, on représente la sorcière comme un conte de fées, souvent romanisé ou simplifier, elle est représentée comme un simple personnage fictif. Et malheureusement, l’imagination humaine semble également être un outil capable d’effacer d’horribles événements. Combien de personne vous dirais qu’il ne s’agit d’un personnage et que la représentation de sorcière dans certains films n’avait pas pour but de banaliser les persécutions vécues par les femmes de l’époque ? Combien de personne vous dirais que la sorcière n’est pas politique ?
Pour conclure, il faut comprendre que même si l’inquisition est toutefois terminée, les persécutions envers les femmes n’a pas diminué. Que ce soit d’avoir légitimé ou encore rationaliser cette violence qui est, sans aucun doute, irrationnelle, cette chance aux sorcières était basée sur l’imagination humaine. De plus, l’histoire de la chasse aux sorcières semble peu connue, on associe les sorcières comme les préjugés et les stéréotypes de l’époque, chapeau, cheveu noir, long né, femme, etc. L’histoire horrible de l’inquisition semble être banalisée par l’idée de la sorcière moderne, on la représente dans plusieurs films et ne semble choquer personne, est ce un problème ? Est-ce que l’imaginaire collectif de la sorcière dépolitise l’histoire de l’inquisition ?