Enquête sur la place qu’occupe la communauté queer dans l’histoire des sorcières et sur la représentation de cette dernière dans les médias
Questions à l’enquête :
- Pourquoi les sorcières sont telles souvent représentées comme des personnes queer dans les médias actuels?
- Une représentation plus forte ?
- L’utilisation d’un stéréotype ?
Pourquoi ce choix ?
Tout d’abord, commençons par établir pourquoi j’ai voulu faire mon enquête sur ce sujet en particulier. Au début de cette enquête, j’étais un peu perdue sur le sujet que j’allais aborder pour cette dernière. Un soir en cherchant sur Netflix quelque chose à regarder, je suis tombée sur Fear Street, une série de films d’horreurs que j’avais énormément apprécié il y a un an de cela, les films ne faisaient pas peur en soit, mais j’appréciais l’histoire. Ce qui me fit penser au thème des sorcières puisque celui-ci est très présent dans ces 3 films, j’en parlai à ma blonde qui me fit remarquer que les sorcières dans les médias, films et séries sont souvent représentées comme des membres de la communauté LGBTQ+, comme il est le cas dans Fear Street. Et après quelques recherches dans mes souvenirs et sur Internet, j’ai réalisé qu’elle avait bel et bien raison, presque la totalité des séries et films que j’avais regardée ayant des sorcières dedans les écrivait comme étant queer. Motherland Fort Salem, Fear Street, Luz à Osville, The Originals, Legacies et j’en passe. Était-ce juste un simple choix d’intégration et de représentation de la communauté queer de la part des auteurs, ou il y a-t-il un vrai lien entre ces deux communautés.
Pourquoi les sorcières sont-elles souvent représentées comme queer dans les médias actuels?
Dès le début de mes recherches, je suis tombé sur un article très intéressant intitulé : »QUEERING WITCHES : A QUEER FEMINIST EXPLORATION OF WITCHES IN MEDIA » . Cet article est une thèse faite par Kaitlyn Gael Ricks en mai 2020. C’est une plutôt longue thèse qui me mis un peu de temps à lire, si je suis parfaitement honnête, je ne l’ai pas lu au complet, dû à mon niveau d’anglais approximatif et la longueur du texte, j’ai sautée les parties qui concernait moins ma recherche comme les chapitre 3 et 4, parlant plus de la représentation physique des sorcières (belles, moches) et de la représentation de sorcières noirs. Deux sujets terriblement intéressants mais moins liés à mon enquête.
Si je devais résumer cette thèse, l’auteur offre beaucoup d’exemples et d’impacts de la représentation des sorcières queer dans les médias, donnant en exemple, le cas de Tara et Willow dans Buffy the Vampire Slayer. Très avancées pour son temps, elles représentent un couple lesbien. Kaitlyn, considère que l’impact de cette représentation n’était pas si positif, puisque (spoiler alerte.) le personnage de Tara n’a été créé que pour être tué et donc montrer le visage de Willow sous un autre jour, c’est-à-dire celui d’une sorcière se laissant prendre le dessus par ses émotions. Ce qui vient représenter plus une instabilité de la sorcière qu’autre chose. Même si cette représentation était une des premières de ce genre, était-elle positive ? A-t-elle donné une bonne image aux deux communautés ? Je ne pense pas qu’elle donna l’image d’une sorcière stable mentalement, pour moi, elle nous donne une représentation d’une femme queer, n’étant pas stable avec ses émotions et viens renforcer l’idée que les sorcières peuvent être dangereuses et que les femmes n’ont pas de contrôle sur leurs émotions. Tout de même, il n’y a pas que des représentations négatives de ce mélange de communautés, c’est le cas par exemple de Motherland Fort Salem qui sera analysé en détails plus loin dans l’enquête.
Kaitlyn Gael Ricks
« La prévalence des sorcières s’identifiant comme queer augmente également, probablement en réponse à la communauté queer qui réclame une représentation dans ses médias »
Comme l’indique cette citation, une des raisons de cette augmentation de présence de représentation est due à la demande de la communauté, mais pourquoi passer par le biais d’une sorcière ? Je pense similairement à l’opinion de Kaitlyn que la figure de la sorcière est une figure féministe, sans prendre en compte les stéréotypes plus enfantins et anciens, la représentant avec un nez longs et des intentions maléfiques, dans les séries sortantes de nos jours, la sorcière représente une femme puissante et indépendante, une figure plus féministe. Je pense par exemple à la série Motherland Fort Salem, qui met les sorcières à un haut grade sociale, dirigeant des armées. Dans cette série, aussi, deux des sorcières les plus puissantes et parmi les principales de la série sont queer. Associer des personnages aussi puissantes et respectées à une orientation sexuelle différente qu’hétéro vient renforcer et améliorer l’image des queer dans les médias.
Une représentation plus forte ?
Tout ceci est intéressant, mais je n’ai toujours pas vraiment de réponses à ma question et si je suis honnête avec moi-même, je doute arriver à une réponse claire et précise, mais je peux produire des théories. Alors comme écrit plutôt, essayons d’analyser une représentation de figure forte de sorcières queer. Motherland Fort Salem, une série que j’ai énormément appréciée, met la sorcière sur un piédestal. Eliot Laurence, le créateur de cette série met les femmes dans une des positions les plus importante de l’état, l’armé. Raëlle, l’une des sorcières principales de cette série est queer, tout comme le bon tiers des sorcières principales de cette série. C’est une représentation moins populaire des sorcières, qui est pourtant très intéressante et valorisante pour cette communauté. Mais quel impact une telle représentation a sur ces communautés ? Bien que la série n’était pas très populaire, j’ai pu observer lors de sa publication un sentiment d’appartenance fort de ses auditeurs. Une série qui était supposée finir à la saison 2, pu faire une saison 3 en raison de la voix des fans, qui se sont acharné sur les média pour exprimer leur mécontentement de l’arrêt de cette série, une communauté peu nombreuse, mais avec des voix fortes. Avoir pu observer cette ferveur et cette puissance de parole de mes propres yeux, me fit réaliser que pour beaucoup d’auditeurs, cette série n’était pas qu’une simple histoire, c’était quelque chose à laquelle ils s’identifiaient, quelque chose qu’ils aimaient et valorisaient. La représentation de la sorcière et des queer était tellement positive qu’ils ne voulaient pas qu’elle s’arrête.
L’utilisation d’un stéréotype ?
On peut aussi voir l’origine de cette liaison entre ces deux communautés par leur histoire commune. En effet, les deux sont des communautés ayant été persécutées et brûlées au bûcher. Elles étaient vues très négativement auprès de l’église et étaient considérées comme associées à Satan à cause de leurs actions et leurs croyances. Un exemple de cette représentation dans les médias serait Fear Street, une série de films mentionnés plus tôt dans cette enquête, Fear Street 3 pour être plus précise. Je préviens, il y aura beaucoup de spoilers, en résumé, une sorcière du nom de Sara Fier est dit avoir placé une malédiction sur une partie de la ville en 1666, cette partie devint connu sous le nom de Shadyside. Fear Street 3 nous donne un aperçu de comment cette fameuse malédiction pu être créé. Tout cela pour découvrir que Sara Fier avait bel et bien été pendue et considéré comme une sorcière auprès du village, sauf qu’ils pensaient qu’elle avait conclu un pacte avec le diable, apprenant de ses préférences sexuelles (shocker : elle est gay.). Les villageois avaient donc pris son homosexualité comme un crime que seul une sorcière aurait pu commettre et l’ont accusé de tel. Ce qui me fit questionner sur l’existence d’un tel genre de situation dans l’histoire. Eh bien, il y en a ! Dans un essai de Rictor Norton nommé « 4 gay Heretics and Witches », il y est expliqué que les communautés satanistes étaient très acceptantes des orientations sexuelles allant même jusqu’à considérer l’homosexualité comme supérieur. Les gays furent associés au diable très rapidement, tout comme les sorcières qui elle aussi étaient réputée pour leur ouverture d’esprit sur ce sujet. Venu de cette « union » ou simplement une compréhension de la part des deux communautés, naissait un lien entre ces communautés.
Mots final
Cette enquête m’a permis d’en apprendre beaucoup sur les sorcières, mais aussi sur ma communauté. Je pense sincèrement que ce sont deux communautés sont intimement liés depuis très longtemps, et que maintenant, avec l’explosion des médias et des représentations diverses et variés, ils ont vu une opportunité de représenter ce lien à l’écran, en nous montrant des figures fortes présentant une bonne image et impressions sur les lesbiennes, mais aussi les sorcières. La seule peur que je pourrais avoir si ce mix de communauté continue et se popularise encore plus, c’est que ces représentations viennent créer un nouveau stéréotype aux yeux du public, comme quoi les sorcières sont toutes gays, une idée qui n’est évidemment pas vraie.