Dans le récit « Sacrées sorcières » de Roald Dahl, on parle des vraies sorcières, non pas celles des récits merveilleux et des légendes, mais plutôt de femmes réelles qui vivent parmi nous, d’après l’auteur. Il les décrit comme banales et camouflées au sein des autres femmes, sans réelle manière de les démasquer. Il y a toutefois certains détails à observer qui pourraient nous aider à les distinguer des autres, mais Dahl semble insister sur le fait que ces sorcières sont maîtres du déguisement et qu’il faut les craindre, au risque de baisser sa garde en présence d’une d’elles. Ce genre de texte ruine la vision qu’ont les enfants des femmes. Les jeunes lecteurs crédules et facilement impressionnables vont développer une réelle haine envers les femmes et cela pourrait avoir diverses conséquences dans leurs relations futures avec le genre féminin. En bref, c’est une représentation fautive et mensongère de la femme, qui entraîne une exposition à la misogynie dès le plus jeune âge. Mais pas que!

Cette réflexion me fait réfléchir à un phénomène prenant davantage d’ampleur dans les dernières années : la transphobie. En effet, explorer son genre eut une «montée en popularité» en 2020 durant la pandémie, surtout à cause de l’application TikTok. Monsieur et madame tout le monde furent tout à coup beaucoup plus exposés à ce genre de contenu, et l’existence des personnes trans devint une connaissance plus courante, surtout pour les plus jeunes, moi y compris. J’ai pu m’y découvrir à travers plusieurs méthodes telles que le maquillage et le style vestimentaire, et aujourd’hui je suis beaucoup plus épanouie. Ce fut très bénéfique dans mon contexte. Toutefois, plusieurs n’ont pas le même avis. Certaines personnes de la génération plus âgée ne voient que les aspects néfastes, souvent créés de toutes pièces : «Ils poussent leur sexualité sur la jeunesse!», «Bientôt il y aura des hommes dans la toilette des femmes!», «They are grooming our children!» sont des phrases que beaucoup d’ignorants propagent dans leur entourage, créant au passage de la mauvaise représentation, de la désinformation pure et dure. Eh oui, on dit que les personnes trans «groom» des enfants par leur simple existence (en bref, c’est une technique de manipulation afin de créer un lien de confiance avec un enfant pour ensuite abuser de lui sexuellement). Ce sont des accusations sans aucune source valable, évidemment. Ce mythe fut fabriqué de toutes pièces par les transphobes pour justifier leur haine irrationnelle envers ce groupe. Il provient probablement de la nouvelle activité de lecture pour les enfants popularisée aux États-Unis : le drag storytime, qui consiste à inviter des drag queens à lire des histoires en classe. Les enfants sont captivés par leurs accoutrements, maquillage et chevelure colorée et apprécient ces moments tendres, tandis que les parents voient dans leur performance un côté sexuel. Pourtant, ces rencontres n’ont rien à voir avec les spectacles de drag à caractère sexuel, qui est un genre complètement différent de drag. Malheureusement, il n’y a rien à faire pour convaincre ces individus.

À mon humble avis, communiquer aux jeunes que l’identité de genre est malléable et qu’ils ne sont pas limités par le sexe qui leur fut donné à la naissance est extrêmement bénéfique pour le développement de leur identité. Certains vont bien évidemment aller sur de fausses routes et se rendre compte que ce n’est pas leur tasse de thé, mais la petite minorité de transgenres en devenir mérite cette exposition, pour éviter de vivre des années de souffrance sans en comprendre la source. Et pour le reste, ces leçons leur apprennent à être plus éduqués sur le monde qui les entoure et à aimer leur prochain, peu importe comment il s’identifie. Un autre argument que les transphobes utilisent est d’amener la science dans le débat. Ils sont persuadés que les transgenres s’opposent à la biologie, qu’ils sont contre-nature, exactement comme ce qu’on disait des sorcières à l’époque! La seule différence est qu’auparavant, c’était les scientifiques qui étaient de cet avis, mais puisque la science se développe au fil du temps, les transphobes vont vite réaliser qu’elle ne peut plus justifier la haine. Le genre est à présent considéré comme un concept sociologique, même par les plus savants. En effet, puisque l’accouchement et la naissance humaine sont un phénomène binaire et naturel, au fil du temps, on a associé par principe le sexe avec le genre. Pourtant, ils sont séparés. L’identité de genre n’est qu’une expression personnelle en société, notre manière à chacun de s’identifier publiquement en communauté. En tant qu’individus, nous grandissons et prenons conscience de notre liberté d’expression, et certains penchent naturellement davantage vers la féminité, d’autres vers la masculinité, et d’autres se positionnent au milieu (comme les non binaires, par exemple).

Donc, si nous revenons à la transphobie en tant que telle, qui consiste principalement à traiter les personnes trans comme si elles étaient inférieures, ce sont plutôt ces actes de haine extrêmes qui teintent la génération future, qui l’influencent à penser comme leurs parents. Les enfants sont trop petits pour avoir un esprit critique assez développé, qui séparerait le bon du mauvais dans ce que leur entourage leur transmet. De plus, si on fait un lien avec les sorcières, la violence qui s’était développée envers celles-ci à l’époque était causée par un manque d’information, une peur de l’inconnu et une justification par des croyances et récits, exactement comme la bigoterie publiée sur le fil Facebook d’un vieil oncle transphobe. Tout comme pour les sorcières, on interprète ce que l’on perçoit sans dépasser la surface, sans vraiment essayer de comprendre le sujet lui-même (comme les drag storytime, ou tout simplement les personnes transgenres dans leur ensemble).

En conclusion, la tendance négative que cette enquête dégage pourrait nous faire perdre espoir en l’humanité, mais n’ayez crainte! Des manifestations contre l’homophobie et la transphobie ont toujours lieu et on peut même voir des campagnes publicitaires qui mettent leur grain de sel, comme par exemple cette campagne actuelle qui amène un côté humoristique et ironique à l’homophobie et à la transphobie, en les comparant à d’autres phobies irrationnelles. Je recommande d’aller y jeter un œil!

https://www.ledevoir.com/societe/791229/homophobie-et-transphobie-cette-peur-de-l-autre-qui-n-a-pas-raison-d-etre

Ajouts :

J’ai trouvé l’idée pour mon titre après une courte réflexion sur les similitudes entre le comportement qu’on avait envers les sorcière et celui qu’on a aujourd’hui envers les personnes trans. Concernant les sorcières, on les traitait comme des amies du diable, ses disciples en quelque sorte. On racontait qu’elles se soumettaient à lui en lui faisant vivre des expériences sexuelles indescriptibles, l’aidaient à la conception de ses potions et autres actes maléfiques, etc. Une vraie caricature. Les gens de l’époque les voyaient comme de véritables démons, comme si elles étaient contre-nature, participaient à de réels crimes, et posaient un danger pour leur sécurité. Bref, ces femmes étaient considérées comme des persécuteurs, et le peuple se sentait réellement persécuté par celles-ci. Mais en inversant les rôles, on comprend vite que les persécutés sont ceux qui font le plus de dommages. Ils sont destructeurs et ont tué des milliers de femmes innocentes, uniquement à cause de leur imagination débordante.

Malheureusement, ce phénomène s’est transporté au fil du temps et est toujours d’actualité. En l’appliquant à la transphobie, on voit à quel point il y a toujours les mêmes réflexions portées sur ceux qui diffèrent de la norme. On pense que les transgenres sont dangereux, qu’il faut les éviter, qu’ils ne sont pas ce que Dieu aurait voulu, qu’il faut les exterminer de la planète d’une manière ou d’une autre. On ne se rend pas toujours jusqu’au meurtre, mais plusieurs lois ont été instaurées autour du monde pour rendre leur vie plus difficile. Peu importe, les gens plus conservateurs se sentent persécutés et en danger, alors que s’ils faisaient un minimum de recherches, ils verraient à quel point c’est la vie des transgenres qui est menacée. Ce sont eux qui se font maltraiter ou tuer parce qu’ils s’expriment ou tout simplement parce qu’ils existent. Ceux qui en ont contre eux ne reçoivent qu’une petite tape sur la tête en comparaison avec ce que la communauté trans vie quotidiennement.

Bref, il faut toujours prendre un peu de recul afin de comprendre la réalité qui nous entoure. Et avant de mettre des étiquettes sur les gens, commençons par voir les deux côtés du débat et sortir de ce que nous connaissons déjà, car la vie est encore pleine de découvertes. Ne devenons pas le persécuteur, le réel démon.

Notes de cours :

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *