S’il est entendu que la sorcellerie a été particulièrement diabolisée et chassée à partir de la renaissance car cela permettait de remplacer la place de force incontrôlable par les hommes que la religion occupait avant cette période. Cette séquence me laisse avec une interrogation: si les sorcières sont diabolisées suite au retrait de la religion, pourquoi sont-elles aujourd’hui banalisées alors que la religion est moins importante qu’elle ne l’a jamais été. Cette enquête va être la première étape pour tenter d’apporter une réponse à cette problématique et va se dérouler en deux temps. J’imagine qu’il y a un point de pivot assez net où la sorcière est subitement banalisée. Je vais le faire de façon empirique, en collectant des œuvres représentant la sorcellerie de différentes époques et je vais observer un avant et un après, le point de changement représentera la période dans laquelle le changement a été fait. Après il ne me restera qu’à identifier la période en question et l’enquête sera terminée. La suite du travail sera de trouver un lien entre l’époque et le changement afin d’établir une thèse, construire une antithèse puis, une synthèse. Puisqu’il est déjà établi que la période de la renaissance jusqu’au XVIIème siècle ne comporte pas le point de pivot recherché et que je me doute bien que c’est durant le siècle des lumières que le changement va se faire, je vais balayer entre le XVIIème et le XIXème siècle.
Les œuvres collectées sont: Les Amours de Renaud et l’Enchanteresse Armide, Antoon Van Dyck, 1629 à 1632. Witches at their Incantations, Salvator Rosa, environ 1646. Le Vol des Sorcières, Francisco de Goya, 1798. Les Trois Sorcières de Macbeth, Daniel Gardner, 1775. Martyr du fanatisme, José de Brito, 1895.
Pour m’aider à trouver ces œuvres j’ai eu la chance de tomber sur un extrait d’un magazine portant justement sur la représentation artistique des sorcières de l’antiquité jusqu’à aujourd’hui (Source en fin de texte). J’ai simplement recherché individuellement plusieurs artistes et/ou œuvres des époques qui m’intéressaient et ait lu à leur sujet pour être certain de bien comprendre le message de chacune d’entre-elles afin de construire une pensée adéquate ultérieurement. (Sources en fin de texte).
XVIIème siècle: L’œuvre de Van Dyck représente l’enchanteresse qui vient écarter Renaud de son ordre moral, en le faisant abandonner les croisades, soit le combat pour dieu. Cette peinture dépeint ainsi la sorcière (enchanteresse) comme un être invincible par son charme qui va sournoisement soumettre l’homme à ses désirs. L’autre tableau, celui de Salvator Rosa est encore plus explicite dans la mesure où il utilise des symboles et couleurs associées au diable, à l’univers du mal et rend ce « champ lexical visuel » intimement lié aux sorcières et donc les diabolise et illustre toute la souffrance qu’elles causent. Le XVIIème siècle n’est donc évidemment pas sorti de cette diabolisation de la sorcière.


XVIIIème siècle: La première peinture, celle de Goya montre des sorcières entrain de porter un homme et de lui souffler dessus, en me renseignant dessus j’ai découvert que la présence de l’âne dans le coin gauche en bas représente le peuple, idiot par sa superstition. Aussi le chapeau, s’apparentant à des mitres, pour montrer dénoncer des travers de l’église. Les experts disent que cette œuvre dénonce la superstition du peuple, encourageant ainsi à ne pas croire aux sorcières et fait plutôt preuve de rationalité. L’autre peinture, de Daniel Gardner est beaucoup plus simple à comprendre dans la mesure où les trois sorcières représentées sur la toile sont trois femmes politiques importantes de l’époque (Elizabeth Lamb, Georgiana, Duchesse de Devonshire et Anne Seymour Damer) qui ont été volontaires pour figurer sur ce tableau. Ce qui prouve assurément que la figure de la sorcière n’est plus diabolisée et peut être prise avec légèreté.


XIXème siècle: L’œuvre de José de Brito, représente une scène de torture issue de l’époque de l’inquisition d’une sorcière dénudée. Mais tous s’accordent à dire que c’est une vaste mise en scène pour montrer une image érotique de la femme. Cette volonté de l’artiste montre donc que la sorcière n’est plus du tout diabolisée si se rappeler de cette époque se fait au travers d’œuvres érotiques.

Au final, c’est bel et bien au XVIIIème siècle que le changement de la perception des sorcières se fait. L’évènement issu de cette époque, le plus lié et le plus susceptible d’être la cause de cette banalisation est bien évidemment le siècle des lumières, qui apparaît entre 1715 et 1789 et encourage une rationalisation de la société.
Sources: Sorcières ! Leur représentation de l’Antiquité à nos jours | Dossier de l’Art n° 280 (dossiers-art.com), Les Amours de Renaud et de l’enchanteresse Armide – Louvre Collections, Bewitched: Salvator Rosa’s satanic art | Painting | The Guardian, The Three Witches from Macbeth – National Portrait Gallery (npg.org.uk), Le Vol des Sorcières — Wikipédia (wikipedia.org), The martyr of fanaticism – José de Brito — Google Arts & Culture.