Le Hip-hop et le rap sont les premiers styles de musique dont je me souviens avoir écouté dans mes écouteurs, seul. Au primaire, mon premier Ipod m’a permis de pouvoir télécharger les vidéos Youtube des chansons d’Eminem et de Lil Wayne. Aujourd’hui, l’accessibilité des chansons est hautement développée. Avec l’émergence du streaming, je trouve que le Rap a de plus en plus grandi en popularité. On peut voir apparaître deux grandes catégories s’inscrivant respectivement dans les concepts de Mainstream et Underground. Avec le récent thème abordé lors du cours, j’en suis venu à me questionner à savoir si il y avait une corrélation entre le discours artistique et le mainstreaming. Je vais me pencher sur la question du rôle du Mainstream, principalement dans notre culture. Il est important de se poser la question, car c’est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur avec la montée en flèche de l’informatisation et de la médiatisation.

Je veux commencer par définir brièvement les deux concepts en opposition. Le Mainstream est un courant de consommation s’adressant au grand public. C’est un mouvement de masse, global, visant à plaire et rassembler la majorité. Au contraire, l’Underground est un courant de contre-culture souvent rattaché à la minorité et à la marginalité. Il est expérimental et n’est pas ce qu’on pourrait qualifier de politiquement correct. S’en est même une critique. Cette division n’est pas naturel et il y a une théorie comme quoi ceci serait une division ayant pour but de maintenir l’importance hiérarchique d’un certain groupe dans la société (H. Poulain, 2020 a). Je crois fermement qu’il y a une part de vérité là-dedans. Comme vu lors de l’étude du sujet, le rap est une forme de résistance et une lutte artistique face à de nombreux problèmes de rapports sociaux. Aujourd’hui, je pense encore que le message véhiculé chez les artistes en émergence va encore dans ce même sens, mais que le grand public ne l’affichera pas nécessairement. Je le vois comme si on leur disait: «Votre message est bon et authentique, par contre personne ne vous entendra. Changez de discours et dites ce que la majorité veut entendre et vous serez écoutez». Il y a pour moi une forme d’hypocrisie de la part de l’espace public dans la mesure où chacun est libre de dire ce qu’il veut, mais il ne sera entendu seulement si le discours est politiquement acceptable ou bien carrément si le discours est tout simplement rentable, car on sait au combien la rentabilité prône de nos jours.

Je pense donc, après mes recherches, que les intentions des artistes n’ont pas vraiment changées, mais que c’est l’attention que l’on y accorde qui diffère. «Le hip-hop est né dans des conditions défavorables. Ça a créé une esthétique, on s’est rendu compte qu’on pouvait la vendre. Pour mieux la vendre, il faut éviter tout inconfort, tout aspect menaçant.» (P. Némeh-Nombré,La Presse 2019). J’ai trouvé cette citation tirée d’un article de La Presse intéressante, car elle m’a rappelé les fondements du racisme ou de la discrimination: la peur de la différence et de l’inconfort relié à ce qui remet en question nos acquis. Je pense que quelqu’un s’intéressant un minimum à ce courant artistique qu’est le Hip-hop se doit de se poser la question à savoir ce que sont les intentions derrière le Mainstream. J’ai comme hypothèse que c’est une manière de réconforter le grand public, la place médiatique et les auditeurs de radio et autres plateformes. Parler de choses crues qui choquent, ça met le monde mal à l’aise. S’ils ne sont pas à l’aise d’écouter, la perte de ces précieux auditeurs signifie également des pertes au niveau de l’argent et de la crédibilité. Bref, dans une ère où le consommateur est roi, il est primordial de fournir un contenu socialement et politiquement acceptable, autrement dit qui ne dérange pas. C’est étrange, car à l’origine, déranger est de loin l’un des objectifs principaux de ce mouvement. «Les gens veulent quelque chose qui leur ressemble, le politique veut quelque chose pour le représenter, l’économie veut quelque chose qui va vendre. Ces trois éléments n’ont pas tendance à voir un profil comme le nôtre. Le profil de la diversité n’a pas encore atteint cette étape au Québec. Il faut qu’on commence à voir dans la diversité un potentiel de profit pour que les choses changent.» (J. Kyll, La Presse, 2019). Je veux finir en affirmant qu’il est du devoir de chaque passionné de Hip-Hop qui respecte cet art de ne pas se limiter à la pointe de l’iceberg et d’oser se tremper, au risque de ne tout simplement pas trouver ça à son goût.

Pour terminer, je tiens à dire que je suis conscient que c’est une généralisation et que la représentation des minorités dans les hautes sphères des médias se fait de plus en plus. Ceci n’était aussi qu’une hypothèse sur une fonction que pourrait avoir un mouvement de masse ne cherchant qu’à s’adresser au grand public. Je maintiens qu’il y a une part de vérité, mais je doute d’avoir traité l’entièreté des aspects touchant la question. Il ne faut pas oublier qu’il y a aussi des enjeux linguistiques, de genre, démographique ou encore de représentations ethniques sur lesquels il serait tout aussi intéressant de se pencher.

Médiagraphie

M, Ferah. 2019. Trop blanc, le « rap keb » ?. La Presse. Consulté le 17 avril 2022 à https://www.lapresse.ca/arts/musique/2019-07-29/trop-blanc-le-rap-keb

H, Poulain. 2020. L’institutionnalisation de la scène Hip-hop underground à Montréal, ses enjeux et rapports au mainstream. Mémoire présenté en vue de l’obtention du grade de Maître ès sciences (M. Sc) en sociologie. Consulté le 17 avril 2022 à https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/25640/Poulain_Helene_2020_Memoire.pdf?sequence=2&isAllowed=y

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