Représentation (de quelque chose qui n’existait pas et qui s’est mis à exister) –> rapport à la réalité

Signification des faits : imaginaire collectif

Figure de la sorcière  phénomène de banalisation La figure de la sorcière a masqué une importante part de l’histoire, de la réalité.

Quel sens on donne à la sorcière? Quelle image nous apparait quand on pense à celle-ci?

  • Femme méchante qui veut du mal aux enfants
  • Être imaginaire qui a des pouvoirs magiques, une puissance surnaturelle (nature, astrologie)
  • Malédiction, cruauté, dangerosité, MAL
  • Rapport au diable (inquisition)
  • Sage-femme : soigneuse, femme qui connait les plantes, la nature, la médecine, rapport au corps (médecine alternative -> Moyen Âge)
  • Nanny McPhee : attributs de la sorcière, mais vient éduquer les enfants (passage de la sorcière méchante à la sorcière gentille)
  • Connaissances traditionnelles ancestrales
  • Représentation marginale par rapport au savoir scientifique dominant, (univers médiéval) manque de savoir, elle subit l’ignorance généralisée
  • Soit gentille, soit méchante, pas de zone grise ou d’entre-deux (la sorcière ne s’en sort pas : laide est condamnable, gentille avec pouvoirs est aussi condamnable)
  • Elle fait peur
  • Sexisme, misogynie, conception de la femme
  • Sorcière moderne : émancipation (correspond à des valeurs, à des luttes féministes modernes)
  • Antonyme de la fée

Le stéréotype crée un imaginaire collectif cohérent (nous avons tous la même ou une image similaire d’une sorcière)

Comment arrive-t-on à croire en l’existence de choses qui n’existent pas? Comment passe-t-on de l’imaginaire à l’existence?

  • Ignorance
  • Sous influence
  • Idéologies
  • Enfance, naïveté
  • Convictions
  • On préfère nos représentations à la réalité

Roald Dahl : Sacrées sorcières, livre jeunesse (1983)

  • Imaginaire -> réalité
  • Pouvoirs magiques
  • « Une sorcière, c’est toujours une femme. Je ne veux pas dire du mal des femmes. La plupart sont adorables. Mais le fait est que les sorcières sont toujours des femmes et jamais des hommes. Il n’y a pas de sorcier, mais il y a des vampires ou des loups-garous, qui, eux, sont toujours des hommes. Les vampires et les loups-garous snt dangereux, mais une sorcière est deux fois plus dangereuse! »
  • La vraisemblance, réalisme : n’importe qui pourrait être une sorcière -> doute, peur, suspicion
  • Si on suit le raisonnement jusqu’au bout, toutes les femmes auraient le potentiel d’être dangereuses!
  • Le réel danger n’est pas la femme / la sorcière, mais bien cette peur qu’on a pour elle et ce doute qu’on exerce sur toutes les femmes qu’on rencontre
  • La beauté -> signe d’être une sorcière

Catherine Clément : Pierre de Lancre, démonologue (1630)

  • Réalité -> imaginaire
  • Pierre de Lancre utilise des objets ou des comportements normaux pour expliquer ou justifier le fait qu’il croit que ces femmes sont des sorcières
  • Il se base sur la réalité (religion, morale, mal, démon)
  • Il critique des comportements « féminins » normaux et les associe à la représentation d’une sorcière
  • Basé sur la jalousie, l’envie, le désir
  • Légitimation politique (sous l’autorité du roi, c’est le roi qui le commande)
  • Il observe les femmes dans leur vie de tous les jours et les enferme dans un imaginaire
  • Il sexualise les femmes et se comprend comme la victime de la séduction des femmes (fantasme)
  • Réalité perçue transformée par la projection d’un désir
  • Animalité, nature désordonnée
  • Condamnation du plaisir : tant chez la femme (la femme ne peut pas faire des activités qu’elle aime sans motif ultérieur) que chez l’homme (l’homme ne ressent pas de désir sexuel, il est sous l’emprise, sous le sortilège des femmes / sorcières)

Comparaison des deux textes

  • Dans les deux textes, les sorcières sont décrites comme des femmes « normales », qu’on croise à tous les jours
  • Réalité historique : femmes conduites au bûcher, inquisition
  • Banalisation de la réalité pour le transformer en un imaginaire complexe et de l’idée de la sorcière
  • Sorcière dans Sam Chicotte (personne ne sait que c’est une sorcière)
  • Sorcière dans Hansel & Gretel (veut manger les enfants)

Conditions qui ont rendu l’inquisition possible

  1. Condition anthropologique : le fait que l’humain soit doté d’imagination.

Anthropologie : humain du point de vue de l’espèce, référence commune

Imaginaire commune  symbolique – références – expérience vécue + culturelle

Imagination  puissante  expériences de pensée, déduire les caractéristiques de l’imagination

Sensations, reproductions des sensations, dynamique

Quelle en est sa puissance? L’imagination est connectée à notre sensibilité, elle renvoie à notre expérience, elle permet d’inventer des choses qui n’existent pas.

Les choses qui n’existent pas peuvent être induites, c’est-à-dire qu’elles provoquent les mêmes effets que si elles existaient. (Passage de l’imagination -> la réalité) Ex. : les sorcières décrites dans le livre de Roald Dahl n’existent pas, mais la peur qu’elle provoque chez les enfants est bien réelle.

2. Condition politique + sociale : le rôle que jouent les institutions dans nos sociétés.

Instituer = mettre en place, rendre durable, créer des pratiques, organiser les comportements humains, passer de l’idée à la réalisation concrète

Ex. l’église est une institution, au point de vue

  • De l’architecture
  • De la religion
  • Des valeurs
  • Des morales

Des rituels, des sensibilités, les habitudes, la norme, le regard des autres gardent les institutions en place

Elles permettent de créer des habitudes, des rituels, des noms (à travers le langage).

Lorsqu’on nomme ou on décrit les choses, ça amène à penser que ça existe.

Le saut de l’imaginaire à la réalité est facilité par les institutions

Institutions : lois, architecture, arts, valeurs, croyances

3. Condition mythologique

Transformation des récits mythologiques, évolution de la figure de la sorcière  comment a-t-on associé la figure de sorcière au diable

Antiquité grecque

Circé :

  • Fille du soleil
  • Femme fatale
  • Amour et magie
  • Séduction
  • Animalité

Médée :

  • Étrangère
  • Magie – dangerosité
  • Prête à tout
  • Infanticide, fratricide
  • Vengeresse

Au Moyen Âge, la figure de la sorcière se retrouve quelque part entre les deux représentations des personnages de Circé et de Médée (amalgame). La sorcière décrite par la chrétienté est un mélange de ces deux personnages.

La sorcière est :

  • Fille du soleil (nature)
  • En rapport avec les animaux
  • Étrangère
  • Vengeresse
  • Utilise la magie
  • Dangereuse

Conséquence : on ne sait pas si la sorcière est bonne ou mauvaise  contradiction

On a pris les pires qualités des deux figures et on a créé une figure encore plus étrange, monstrueuse, paradoxale, où le bien et le mal ne se départagent plus

Le paradoxe dans lequel se retrouve la sorcière est le même paradoxe dans lequel se retrouvera la femme

Le mélange des caractéristiques des deux personnages crée un paradoxe ou une contradiction. En enfermant la femme dans ce paradoxe, elle n’a plus de porte de sortie. Elle est prise dans un double standard. Ex. : bonne mère de famille + carrière accomplie (les deux en même temps)

4. Condition métaphysique

Elles reposent sur des dogmes, des idées, des principes.

L’humain est fondamentalement doté de liberté.

Religion – théologie chrétienne : dogmes religieux  règles, vérités, pensées fondatrices non critiquable

Premier dogme : péché originel  l’humain a été chassé du paradis, il a perdu la possibilité d’être heureux, par sa propre faute – ÈVE (femme)

Dans la théologie chrétienne, nous sommes responsables de la chute d’Adam et Ève hors du paradis. Nous sommes responsables de notre perdition, nous sommes culpabilisés. Ex. : la décision libre qui leur a poussé à ne pas suivre la vérité de Dieu.

L’humain s’est retrouvé en perdition parce que l’humain est libre de choisir entre le bien et le mal

Deuxième dogme : rédemption (possibilité d’être sauvé) repose aussi sur un libre choix

Si nous voulons ravoir ce paradis, nous devons nous racheter, faire le choix libre de se rattraper.

Dans les deux cas, ils sont basés sur la liberté. Selon Colette Arnauld, ceci provoque l’angoisse métaphysique de la liberté

Responsabilisation, culpabilisation et angoisse causés par l’omniprésence de la religion

Conséquences : jalousie, peur, haine, folie, violence

Le bouc émissaire devient la sorcière!

Ceci cause l’angoisse métaphysique : angoisse collective qui a engendré la violence de l’inquisition.

La théologie chrétienne, si ancienne qu’elle soit, guide encore notre société par la culpabilisation qu’elle impose

5. Condition juridique

Ce qui est théologique est devenu juridique

Rapport au fait : quelle sera la conséquence de nos actions

Pendant l’inquisition, il y a des condamnations pour hérésie : condamnation morale de toute croyance contraire à la foi chrétienne

Condamnation morale -> sans conséquences tangibles

Condamnation légale -> loi votée, l’action mènera à une condamnation, à une conséquence réelle, à une violence

Organisations religieuses, organisations politiques, communautés qui vont condamner les sorcières

Judiciarisation du crime de la sorcellerie : procès, bûcher

La conséquence devient tangible, réelle.

La femme a été le Bouc émissaire de toute une société.

Bouc émissaire : groupe d’individus qui sera tenu responsable des malheurs de toute la communauté

Inquisition -> prétexte pour se défaire des malheurs en Europe au Moyen Âge

L’Inquisition aurait cessé parce que l’humain serait devenu plus rationnel : c’est FAUX!

Hypothèses de l’inquisition

  1. La place grandissante des femmes au Moyen Âge

Fausse impression que les femmes vivaient une soumission extrême à cette époque : les femmes pratiquaient l’Agriculture, la médecine, l’économie domestique, etc.

2. Le transfert de la lutte de pouvoir entre l’Église et l’État

ÉgliseÉtat
ReligionLaïque
CélesteTerrestre
AutoritéAutorité
DieuRepose sur l’humain
SpirituelMatériel
VéritésImparfait

Lutte de pouvoir : Papes vs. Seigneurs

La lutte des pouvoirs est passée de la lutte entre l’état et l’église à la lutte entre l’homme et la femme.

La femme trouvait une plus grande liberté dans l’institution de la religion. Le patriarcat s’est imposé après le Moyen Âge.

3. Modernité et domestication de la nature

Au Moyen-Âge : les savoirs reposent l’usage des sens, la science aristotélicienne, l’humain et la terre au centre de l’univers, observation directe, empirique.

Pendant la modernité : l’impression que nos sens nous trompent, illusion, doutes, dualisme, rationalité

Objectification : la femme est encore qualifiée comme objet de la nature, au même titre que les arbres, les rivières, les plantes, les animaux!

Les hommes sont considérés comme rationnels

4. Rationalisation capitaliste de la sexualité

Silvia Federici – critique du marxisme

Industrialisation –> travail –> usine, ouvriers –> capital –> investissements + valeur –> argent!

Inquisition du corps des femmes (plus d’enfants = plus de personnes qui travaillent)

Le travailleur est séparé de ses moyens de production, comme la femme est séparée de son corps.

Aliénation : elle a le rôle simple de procréer

On élimine la femme laide qui ne correspond pas à l’idée qu’on se fait de la procréation –> sorcière.

5. La force du droit

État de droit, rationalisation instrumentale, science moderne (contexte de la société moderne)

Par le droit, on fait usage des lois, ce qui mène à l’assujettissement des femmes. La femme est obéissante par le droit.

Rapport domination / oppression : l’inquisition n’a pas cessé parce que la violence faite aux femmes a pas cessé, mais bien parce qu’elle les a assujettis, elle les a rendues obéissantes.

La rationalité n’a pas fait cesser l’inquisition, mais elle a fait que l’inquisition remplisse sa fonction.

The Take. (2020, octobre 31). The Witch Trope, Explained. https://www.youtube.com/watch?v=QW5p0gNQiX4

Représentation ultime du pouvoir féminin. Elle est une antithèse du stéréotype de la femme soumise.

Son archétype :

  • Laide
  • Vaniteuse
  • Obsession avec la jeunesse et la beauté
  • Déteste les enfants
  • Célibataire

En gros, leur féminité transgresse les normes sociétales.

Inquisition –> peur et incompréhension de la femme et de sa sexualité

La sorcière est devenue un icône féministe. Les féministes réclament le mot pour reprendre le pouvoir qui leur a été enlevé.

The Take. (2020, avril 7). The Femme Fatale Trope, Explained. https://www.youtube.com/watch?v=XjAKd-Lfmt0

Belle, audacieuse, irrésistible, manipulatrice, froide et distante, pas intéressée à poursuivre un chemin de vie « normal »

Femme fatale = fatale pour l’homme, l’amène à sa descente

Femme très sexuelle et se sert de sa sexualité pour obtenir ce qu’elle veut

Elle représente toutes les anxiétés que la société a envers les femmes

Thèmes souvent explorés chez la femme fatale : fidélité, argent, ambition

La femme fatale en veut aux hommes

Sa représentation est-elle féministe ou misogyne?

La plupart de son temps à l’écran, on la voit agir de manière honnête et plutôt féministe, mais sa fin (souvent la mort ou la prison) est misogyne car elle condamne ses comportements.

Rédactrice (France), Z. M. (2022, janvier 29). Circé, première sorcière. D’une construction patriarcale à une réappropriation matriarcale du mythe. R Magazine. https://www.r-magazine.ca/circe-premiere-sorciere-dune-construction-patriarcale-a-une-reappropriation-matriarcale-du-mythe/

Circé : puissante magicienne, image péjorative associée à celle de la sorcière

Les hommes n’ont pas confiance en elle. Manipulatrice et habile dans la métamorphose et les poisons

Circé est déjà très proche de l’idée qu’on se fait d’une femme fatale. Les hommes trouvent un destin tragique lorsqu’ils tombent sous son charme.

Sorcières. La puissance invaincue des femmes de Mona Chollet—Grow Think Tank. (s. d.). Consulté 3 mars 2022, à l’adresse https://www.growthinktank.org/sorcieres-la-puissance-invaincue-des-femmes-de-mona-chollet/

La figure de la sorcière est multiple. Elle passe de « la femme affranchie de toutes les dominations » à « la pire des marques d’infamie ».

Dans tous les cas, elle se soustrait aux normes sociales préétablies pour les femmes.

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