Comme la sorcière, nous étudierons la question de la répression, de la ségrégation et du racisme. Notre sujet principal sera la lutte pour l’égalité et la justice pour les afros-américains. Il nous sera à même mieux de comprendre le concept de résistance politique, en partant des connaissances acquises sur la construction de l’État moderne, donc de comprendre les rapports de pouvoir et de domination.
UNE FIGURE DE PROUE DE LA LUTTE : ANGELA DAVIS (1944- )

Elle publie, entre autres, un récit autobiographique dans lequel on comprend que, pour résister politiquement à une domination, il faut y aller d’une confrontation directe avec le pouvoir, d’abord car on sait que ce pouvoir ne pourrait les sauver. Elle milite pour l’abolition des prisons
Angela Davis en entrevue avec Ballast, sur les années 60-70
Nous avons appris dans ces années-là que les mouvements de masse peuvent provoquer des changements systémiques. Si l’on considère toutes les lois devenues effectives, le Civil Rights Acts, par exemple, ou le Voting Rights Act, on voit bien que tout cela ne découle pas d’un président qui aurait pris des mesures extraordinaires. C’est un aboutissement porté par des gens qui ont lutté et manifesté.
LE HIP-HOP
Au début des années 70, on assiste à l’invention d’un nouveau style musical, voire d’une nouvelle culture à part entière : le hip-hop, un art qui, dès sa remise, a toi à voir à la lutte. À cet effet, la force de l’imaginaire est transposée, à défaut d’être incarnée par une résistance radicale, dans les chansons et dans les paroles, ce qui constitue une immense résistance à l’hégémonie. Dès lors, il faut dire que l’art et la culture sont des expressions de la subjectivité, d’où la nécessité de faire entrer dans une logique de l’interprétation.

Dans tous les modes d’expression du hip-hop, il y a des espèces de tension et de paradoxe qui renvoient à toutes sortes de valeurs, d’idées, d’idéologies et de jeu de la représentation. À titre d’exemple, peut-on être féministe et écouter un artiste hip-hop parlant du corps de la femme de manière dégradante? Au fond, cela n’est ni plus ni moins que le témoignage d’une réalité sociale. Pourtant, dans l’espace public, ces réalités sociales sont banalisés, critiqués et vues d’un oeil péjoratif. On peut penser notamment au cas tout récent de l’enseignant et rappeur, suspendu après une plainte pour ses vidéos rap. Un professeur, figure ou modèle pour ses élèves, peut-il rapper allègrement? Si la question est odieuse en soi puisqu’elle témoigne de l’attitude méfiante que nous tenons encore aujourd’hui du hip-hop, que veut dire ce scandale si ce n’est que le hip-hop restera tant adulé que conspué.
Comment faire de la résistance politique quand nous sommes vis-à-vis des pouvoirs hégémoniques Des visions antagonistes
Libéralisme | Communautarisme |
1) Primauté du des droits de la personne sur le droit de la nation 2) Protection des libertés individuelles 3) Indépendance de la personne sur la majorité 4) Réussite de la vie appartient au domaine privé 6) Neutralité de l’espace public (ex. religion) | 1) Communautés donnent un sens à la vie 2) Le vivre-ensemble est considéré comme un interaction dynamique 3) Place plus grande accordée aux interventions de l’État 4) Valorisation de la différence des individus |
Une vision qui semble louable, débattue tout autant, maintenant galvaudée

Sommes-nous en train d’assister, dans l’esprit du mot « woke » au dénoyage du terme « communautarisme »? Si Charles Larmore défend le libéralisme, à savoir que L’État libéral doit (sic) toujours agir en fonction d’une morale élémentaire ou commune, qui est plus susceptible de faire l’objet d’un accord raisonnable, des commentateurs ou politiciens français penchants à droite usent maintenant de ce mot pour disqualifier, comme en conclut Slate.
En cherchant à dénoncer des «groupes d’individus qui se replieraient, feraient sécession dans leur communauté», il serait en réalité une «manière de requalifier des demandes d’égalité des droits en demandes de passe-droit». – Extrait de l’article de Slate
L’individu et la société
À propos du rapport public-privé, Dewey parle du fait que l’État doit protéger les droits de l’individus ; lui permettre de posséder (propriété privée). Pour comprendre le hip-hop, il faut donc analyser les conséquences des transactions ou échanges entre humains. Beaucoup d’humains vont faire des transactions avec d’autres humains. Mais alors, pourquoi l’analyser sous l’angle privé et public ? Il y a des impasses dans nos sociétés ; il y a un problème dans la résistance politique. Le hip-hop, dans notre hypothèse, serait une réponse à des impasses sociales difficiles à lire. Dans le rapport privé-public, on intériorise la propriété privée comme naturelle.
La résistance politique
La résistance politique est une réponse vis à vis des impasses sociales, notamment à travers la roue constante entre les luttes, les dominations, les pouvoirs = répression violente.
Le problème de l’interprétation : Il y a dans le hip-hop l’expression subjective en plus la présence de tensions, conflits et contradictions – comme cet art aborde une réalité sociale vécue, l’on retrouvera de l’ambivalence, de la nuance et de la tension. (ex. Rakeem ou Tupac est plus proche des conceptions nationalistes de Malcom X ; rapport de temporalité : des rappeurs qui changent de mouvements)
Intégrationnisme (MLK et la non-violence) | Nationalisme (Malcom X et la violence) |
Lutte d’obtentions de droits pour les personnes de couleur | Lutte nationaliste armée pour la lutte des droits de personnes de couleurs |

RÉFLEXION : La littérature comme moyen de résistance politique noire? Entre deux de ces militants : James Baldwin – écrivain de l’oeuvre : La prochaine fois, le feu. Il fait dialoguer ces deux millitants dialoguer afin de trouver un juste milieu dans leurs conceptions de résistance politique. Baldwin, grâce à son oeuvre, apporte un aspect esthétique à la résistance politique. À cet effet, n’y a-t-il pas lieu de se demander si, dans le passé ou présentement, la littérature peut agir en tant que résistance. Les milieux littéraires occidentaux sont, bien évidemment, très blancs. Néanmoins, l’on remarque une tendance : l’émergence grouillante de la littérature africaine et des voix afro-descendantes. A fortiori, le Devoir déclarait, en 2022, que l’avenir du livre francophone serait francophone, ce que fait aussi TV5 dans un autre papier étalant les plus récents lauréats des plus prestigieux prix littéraires : tous africains. À cet effet, du moins dans la francophonie, que dit cette appropriation de ce médium historiquement élitiste par les personnes afro-descendantes si ce n’est que leurs voix doivent être urgemment entendues. Osons dire que la résistance politique peut assurément, à la lumière ce constant, s’incarner comme une résistance en soi face à une hégémonie polyphonique.
L’ÉMERGENCE DU HIP-HOP, À TRAVERS LE SPORT
Figures symboliques du sport | Infos et réflexion à propos de ces figures |
Jackie Robinson (#42) | Jackie vient de Montréal ; premier noir à être accepté dans la Ligue de Baseball ; meilleur joueur tout en étant hué lorsqu’il arrive dans le stade. |
Reggie Jackson (# | Durant les séries mondiales de baseball en 1977, un match opposant les Dodgers de L.A et les Yankees de N.Y.C, Reggie Jackson réalise trois coups de circuits. Le Bronx, plongé dans le noir, se réveille et, à partir de cet instant, ne se tait plus. |
Tensions | Figures du sports adulées et tout autant conspuées, ce faisant des attentes immenses envers les Afro-Américains : être parfaits malgré la haine banalisée. |
Qu’est ce qui fait de l’art un moyen de contrecarrer les impasses?

- Usage des sens : l’expression de la sensibilité, provocation d’émotions, expérimentation d’expériences subjectives = nous ne sommes plus dans l’abstraction et dans le rationnel
- Absence d’automatisme : expression de l’humanité et reproduction de l’expérience est limitée ; opposition à l’industrialisation
- Non-conformisme : exploration continuelle de nouvelles manières de faire, de penser, de ressentir les choses
- Interprétations multiples et complexes : l’art véhicule beaucoup d’informations implicites et explicites, utiles à la représentation.
- Sollicitation et conservation de la mémoire individuelle et collective : une constitution d’imaginaire commun et collectif
- Puissance de la revendication grâce au tapissement d’un message politique
RAPPORTS DOMINANTS ET DOMINÉS
La théorie de l’ethnologue James C. Scott étudie, entres autres, les rapports de domination. Le penseur travaille sur les dynamiques des groupes d’individus, sous l’emprise d’une forte domination, arrivant à se révolter et critiquer ouvertement les instances du pouvoir et les structures sociales qui y sont rattachées. Sa thèse exacte, ce qu’il va trouver en étudiant les rapports de domination, : lorsqu’il y a domination sur un groupe, il y a résistance. Il critique l’idée qu’il n’y a jamais une totale hégémonie.
- Il installe les bases des rapports sociaux entre dominants et dominés. Il remarque, d’une part, le texte public (le discours, l’observable, etc) et son antagoniste, le texte caché. Le premier s’inscrit dans le discours du dominant en présence des dominants ; ce que le dominé dit en présence des dominants. À cet effet, Scott postule que plus il y a domination, plus il y a de résistance. Le second est le discours présent des dominés en l’absence des dominants ; ce que les dominants disent entre eux. Mais ces discours sont aussi des actions, des attitudes.
- Les dominés élaborent un texte caché aux yeux des dominants afin de critiquer leur mainmise du pouvoir ; les dominants élaborent un texte caché qui comprend les dessous de l’exercice du pouvoir. (ex. l’élaboration de mesures pour protéger la liberté académique)
- Théâtralisation des rapports de domination dans l’espace public ; devoir d’interprétation du degré de menace.
- Le système a plus à craindre des dominés chez lesquels les institutions de l’hégémonie ont un impact fort. Plus le texte est caché, plus les structures sociales sont bien implantées. Cela dit, les dominants ont ainsi tout à craindre de cette résistance.