Par Robin Lamontagne
1. Enquête

Dès notre premier contact avec le monde fantastique, on arrive déjà à différencier la sorcière de la fée, le bien du mal. Qu’est-ce que ces deux personnes ont de si différent pour qu’on les distinguent si vite? Qu’est-ce qu’elle incarne? Quelle image nous donne-t-elle? Qu’elles sont les émotions qu’elles provoquent? Et pourquoi avons-nous créer ces illusions?
L’humain a tendance à tendance à se créer des images mentales pour s’expliquer ses actions dans la réalité. Certains vont dire que je suis pessimiste, mais c’est parce que j’aborde cette idée de façon analytique et en tant que phénomène de notre espèce. L’imaginaire à son comble de bénéfice si on étudie son impact sur l’art, la culture et la création. Toutefois, au niveau éthique et politique l’imaginaire est probablement aux racines même des plus grandes atrocités de l’homme comme la répression, la guerre, le génocide et l’esclavage. Pour expliquer mon énoncé de départ je vais prendre l’exemple de Pierre de Lancre dans le texte de Catherine Clément.
1.1 Mise en contexte

Dans son texte, Catherine Clément raconte la mission de Pierre de Lancre, un conseiller du parlement de Bordeaux et écrivain en affaire paranormal. En 1609, il est envoyé dans la région de Labourd au pays basques par le roi Henri IV. Cette région est alors réputé pour être infestée de sorcières. Son devoir est de faire de l’observation et de rapporter des écrits de la situation. À son arrivée, il constate que les femmes sont libres, elles marchent, dansent, nages et bougent tout le temps. Elles portent des vêtements légers et se baladent les cheveux détachés. Elles sont belles. Pierre de Lancre le pense, il est séduit, il est comblé, mais il pose une critique atroce. Ces femmes l’ont provoqué! En réalité, non, elles vivent, elles sont libres, elles ne se soucient aucunement de lui et ça le rends fou: «Pire ! On ne voit que jupons retroussés montrant haut le cul nu. L’auteur du Tableau de l’inconstance n’a pas d’autre choix que de contempler, horrifié, l’inconstance féminine sur chaque plage, à chaque carrefour, dans les rues, surtout la nuit. Diablesses.»

Cette exemple démontre parfaitement la projection des sentiments que l’homme peut expérimenter à travers la beauté d’une femme. Pour mieux se comprendre, l’homme se sent séduit par la femme indépendante et libre, toutefois, son manque de contrôle sur elle l’amène à éprouver une haine envers elles. Je pose alors l’hypothèse suivante, la fée n’est telle pas l’image parfaite de la femme idéale pour l’homme, elle est à son service, elle est ravissante, elle lui obéit, elle respecte ses engagements, elle est loyal, elle pardonne alors que la sorcière elle, est laide, se venge, est incontrôlable, agie selon ses envies. L’homme a une emprise sur la fée, mais pas sur la sorcière. Bref, je ne serais pas surpris si l’on me disait que le concept de la fée et de la sorcière a été inventé par l’homme pour encourager la gente féminine à adhérer à sa conception patriarcale du monde.
1.2 Mise en relation
- Cueilleuses
- Femmes au foyer
- Ménagères
- Nounou
- Mère
- Gardiennes
- Cuisinières
- Soeurs (religieuses)
En poussant mon hypothèse plus loin, je constate que cette image mentale à la base imaginaire est devenue de plus en plus réelle avec le temps. La liste ci-haut témoigne de multiples rôles que l’homme a pu attribuer à la femme au cours de notre histoire. D’abord les hommes de caverne ce sont contentés des conditions anthropologiques comme la sensibilité de la femme et son physique moins imposant pour la placer en bas d’eux et donc de leur attribuer des tâches moins dangereuses comme la cueillette et la prise en charge des enfants. Puis, le fait d’instituer à complétement révolutionné le rapport homme-femme. La religion a permis de concrétiser l’imaginaire avec des récits comme celui d’Adam et Ève ou l’on porte une critique atroce sur la curiosité d’une femme (croquer la pomme) encore une démonstration de mon hypothèse, dans ce cas-ci l’Institution (l’Église) se permet de faire de la liberté de décision d’une femme, un pêché. En instituant l’éducation (l’école) on a attribué le prise en charge de la maison et des enfants à la femme pour que les garçons puissent s’éduquer et travailler. Au niveau métaphysique le clergé porte un discours qui se veut un facteur de crainte. »Si tu choisis le mal tu iras en enfer ». On est dans la répression ici, on crée des conflits morals pour que le peuple se conforme aux rôles et aux règles que l’on a imposés. Pour le clous de spectacle, on amène le concept de sorcière jusque dans le volet juridique de la société. L’hérésie devient un crime de sorcellerie voilà l’étape finale qui amène la sorcière à être réelle (une femme qui vit seul sans enfant est un danger). Elle peut être chassé et condamné à mort, ça semble poussé ce que je raconte, c’est une descente au enfer pitoyable. Et bien c’est malheureusement la réalité. Mais en quoi cette violence envers les femmes a-t-elle pu augmenté même après ces événements tragiques?

À la suite du visionnement de cette vidéo qui est une sorte d’entrevue de Mona Chollet faites par plusieurs femmes, Mona Chollet qui a écrit un ouvrage sur la figure de la sorcière, je comprends mieux en quoi la sorcière est une forme de bouc émissaire de notre société. L’écrivaine explique notamment en quoi on a tendance à traité de sorcières les femmes mystérieuses que l’on ne comprends pas. On pose sur ces femmes le poids des problèmes comme les catastrophes naturelles, les infanticides ou les guerres. Elle parle également de misogynie et comment les sorcières ou les femmes en général on subit la haine des hommes à travers l’histoire. Et comment aujourd’hui nous avons encore beaucoup de travaille à faire pour déconstruire ces perceptions qui datent de l’évolution même de notre espèce.
2. Rédaction
À défaut d’être née dans une époque au futur incertain et craignant, je me suis toujours demandé comment mes ancêtres avait-pu commettre autant d’atrocités, j’ai toujours été dégoûté par les actes inhumains que mes ancêtres ont pu endossés. Et encore à ce jour, je me questionne sur où nous dirigeons nous en tant qu’espèce. L’optimisme me fait peur autant que le pessimiste m’attriste. Pour m’en sortir je passe de plus en plus de temps avec mon ami l’imagination. Un concept si primé, mais qui autrefois nous a trahit. Je vis dans un conte de fée et ce conte est vrai. Nous sommes tous familier avec la sorcière et la fée, mais l’on ne connait peu leurs origines. Avons-nous créé une société à partir de ces deux personnages, je crains bien que oui et laissez-moi vous expliquer pourquoi.
« Unique, la souveraineté ne peut être qu’absolue »
- Armelle Le Bras-Choppard
Depuis l’apparition de la société, la femme a trop souvent subi la violence de l’homme. Des sorcières de l’Inquisition jusqu’à aujourd’hui, l’homme s’est servi de la femme comme bouc émissaire. Il l’a blâmé pour tous les misères du monde en la faisant croquer dans une pomme, il a réduit sa place à la nature en rabattant sur elle sa fécondité dont il est dépendant, il l’a chassé et condamné pour ne pas s’être conformer aux normes, il l’a associé aux démons pour son caractère séducteur et vicieux. En quoi la courbe de la violence envers les femmes a-t-elle évolué dans le temps? Comment avons-nous pu refaire les mêmes erreurs en tentant de les corriger? Cette question est primordiale et nécessaire, car sa réponse est possiblement la seule solution pour cesser cette injustice qui dure depuis des siècles.
Concernant l’époque de l’Inquisition mon opinion est très sévère et est en grande partie à caractère psychologique. Je m’explique, précédant l’Inquisition, l’histoire a connu les Croisades. Il s’agit d’une série de guerre religieuse opposant les Chrétiens aux Musulmans. Durant cette période féodale, les hommes, pour la plupart des vassaux, ont quitté leur terre pour partir au combat. Pendant ce temps, la place de la femme c’est élargi, elle a pris en charge l’agriculture, les animaux et la défense en plus d’assumer les relations avec le souverain. À son retour, l’homme a constaté l’importance et la liberté que sa compagne pu développer en son absence et ça à mal passé. C’est le début de l’Inquisition, l’Église met en place des procédés juridiques pour combattre l’hérésie. Pour moi cet événement démontre parfaitement le concept d’espèce fabulatrice. Dans le texte de Nancy Hudson portant à ce sujet, l’autrice explique que l’humain ne peut s’empêcher de se raconter des récits pour comprendre le monde. Certaines femmes ayant maintenant acquis les facultés pour subvenir elle-même à leurs besoins, on décider de remédier aux normes de la famille institué par l’Église et adhèrent à une vie indépendante sans enfant. Les hommes tentant alors de s’expliquer le phénomène fabulent jusqu’à les associer aux démons, à la sorcière. Selon moi, c’est dû à un procédé psychanalytique nommé la projection qui est un mécanisme de défense inconscient par lequel le sujet projette sur autrui les craintes et les désirs qu’il ressent comme interdits et dont la représentation consciente serait chargée d’angoisse ou de culpabilité. Dans le contexte, les hommes projettent leurs craintes et leurs désirs face à ces femmes autonomes en les traitant de sorcières. Ils peuvent ainsi leur faire violence en les chassant et en les tuant sans angoisse ou culpabilité. C’est totalement dépourvu de raison et d’humanité à mon avis. Confondre l’imaginaire et la réalité c’est menaçant!
À l’approche de la modernité je suis de ceux qui croit que la violence envers la femme n’était qu’à ses débuts. Une lutte de pouvoir s’instaure entre l’Église et l’État et c’est l’État qui l’emporte. L’autorité qui autrefois était Dieu revient maintenant au père de la famille, il devient le souverain, l’autorité suprême, et pour revenir sur ma citation de départ, la souveraineté unique du père est alors absolue. La lutte de pouvoir est maintenant une lutte entre homme et femme, l’homme dans un esprit de capitalisme et de raison se voit objectiver la femme comme un moyen de production de la main d’œuvre. Il réduit sa place à la nature et tente alors de la domestiquer. On comprend maintenant d’où vient la femme à la maison. Selon moi, cette démarche est misogyne et va à l’encontre de l’entraide. La seule partie qui gagne dans cette lutte c’est l’homme. Ça me révolte à quel point c’est injuste. On a tenté de libérer la femme des contraintes de l’Église, mais à la place on l’a rapproché de la répression, celle de son marie égoïste. Encore aujourd’hui dans les médias et dans les propos dont je suis témoin chaque jour, cette objectivisation de la femme est encore présente. Le désir que nous les hommes éprouvons envers la femme nous empêche de la voir pour sa personne. Toutefois, chez mes proches et au cégep, les hommes qui m’entourent me font voir de l’espoir. Les vagues de dénonciation et les protestations des femmes fortes de mon époque font effet même si c’est loin d’être parfait. Mes amis sont de plus en plus conscients de la problématique et font preuve d’ouverture et de progression de la mentalité vers laquelle on souhaite se diriger, je parle aussi pour moi qui dans les dernières années a vu sa perception évoluée avec ma découverte du monde adulte et des réalités qu’elle me projette. Je dois cela aussi à toutes les femmes avec qui j’ai eu la chance de discuter de l’enjeu. Merci Mesdames.
Objectivement parlant, là, cette fois-ci, nous ne pourrons pas commettre les mêmes erreurs puisque vous les femmes avez le courage de nous les mettre en face. Je vous admire et j’ai confiance en vous. La remise en question du rôle des femmes que les dernières décennies ont apportées nous ont fait progresser énormément socialement. Du droit de vote à l’accès à l’éducation à l’entré en milieu de travail à la représentation politique et j’ose espérer à l’équité salariale vous avez transformé notre société pour le mieux. Dans la fonction sociale, vous avez permis de meilleurs soins de santé, un système juridique plus métissé, des droits et liberté mieux adaptés, une éducation plus libre, des aménagements adaptés, de l’art plus humain, vous amenez une sensibilité et une humanité dont notre monde a besoin. Et malgré tout cela vous subissez encore le passé, des commentaires misogynes, des doubles standards, une taxe rose, de l’abus verbal et physique, des féminicides, de l’injustice et j’en passe. Pour revenir au concept de la sorcière, selon Mona Chollet, vous l’avez transformé à votre façon, vous l’utilisez comme figure féministe comme figure de fierté, comme figure de liberté et franchement c’est beau!
Pour l’intérêt public je crois que la lutte ne fait que commencer, je suis content d’en constater les changements et je vois encore le travail qu’on a à faire. Socialement et collectivement, on se doit de vous appuyer et réparer nos erreurs sans les effacer. C’est ensemble que l’on arrivera à déconstruire le passé et à défaire les préjugés.
En guise de conclusion, je crois que le gros du changement doit être apporter par les institutions qui prône le patriarcat. Par nos votes politiques, choisir les partis qui savent valoriser les femmes autant que les hommes. On doit changer les relations amoureuses et démystifier les rôles et les comportements de chacun au niveau de la séduction, des critères de beauté, du consentement et de la vie de couple. On se doit de faire équipe et de vivre selon nos valeurs, nos besoins et nos personnalités et non selon nos rôles, nos conceptions et nos préjugés basés sur le sexe.