Qu’est-ce qu’une sorcière? S’agit-il d’une simple chimère imaginée pour terroriser les enfants, ou est-ce une figure qu’on a inventée afin de banaliser une haine généralisée de la femme? Femme laide, diabolique, malveillante ou bien femme savante ensorcellante et puissante? La créature qu’on considère aujourd’hui comme un être à part entière de notre image collectif découle pourtant de concepts mysogignes et violents. Il est donc important de s’arrêter un instant sur la représentation de la sorcière et ce qu’elle signifie vraiment.

La sorcière, femme terrifiante ou simplement quelqu’un dont les nombreuses qualités effrayaient les hommes?

Figure de la sorcière du point de vue de sa représentation: une condition imaginaire

Signification des faits – En quoi cette représentation est-elle problématique?

Réalité historique:

La sorcière est une figure qui se transforme avec plusieurs significations au fil du temps et des interprétations.

Imaginaire:

Tellement présente dans l’imaginaire collectif qu’on peut déduire un fond de vérité historique. Toutefois, puisque la majorité de nos premier contacts avec cette figure sont faits durant l’enfance, on en arrive souvent à une première déduction qu’il s’agit ici d’une définition plus fantastique appartenant à l’imaginaire (par exemple au même titre que les super-héros).

Objectivité vs subjectivité:

Un passage entre la réalité et l’imaginaire.

Comment donc se situer dans notre rapport au faits?

L’objectivité fonctionne lorsqu’on observe le monde extérieur, le monde des corps, aka des représentations scientifiques. Représentations qui peuvent se traduire en explications donc une objectivité puisqu’il est possible de prédire des choses. Le problème pourrait être la connaissance des faits objectifs. L’être humain a besoin de s’expliquer le plus possible, et donc on pourrait alors attribuer à la magie à une science pour l’instant non explicable (tels que les sorcières du moyen-âge qui étaient plutôt des sage-femmes avec des connaissances des plantes et de la santé plus développées que la populace). Sans être une fantaisie, la magie pourrait simplement être la représentation même d’un fait non expliqué.

Le sujet de la subjectivité survient car beaucoup plus de facteurs entrent en jeu avec les humains, rendant les choses imprévisibles et donc souvent subjective (pensons simplement à l’imaginaire, les personnalités et les capacités d’interprétations de chacun). La subjectivité se ramène au désirs, émotions, rêves, interprétations, sentiments et ressentis.

C’est le rapport du monde physique corporel vs les désirs, sentiments et rêveries, bref tout ce qui est pensé ou interprété. La signification qu’on apporte au fait est modifiable selon comment est-ce qu’on se conçois ainsi que le monde qui nous entoure. C’est une constante évolution et relation, car l’être humain est toujours l’objet et le sujet, il est donc toujours en transformation. Voir ici l’importance de s’ouvrir au monde et aux interprétations des autres, en passant dans une réalité subjective qui nous permettra de développer notre propre opinion. On comprend donc ici l’importance d’enquêter. Lorsqu’on l’applique à la sorcière, on prend un concept tiré de l’imaginaire et on l’applique à la réalité, d’une façon généralement haineuse voir motivée par la peur.

Les significations (points de vue tirés de la classe) :

  • Femme méchante qui veut du mal aux enfants
  • Être imaginaire qui a des pouvoirs
  • Être en lien avec la nature, l’astrologie, etc.
  • Puissance surnaturelle – magique
  • Malédiction – Cruauté – Dangerosité
  • Association directe au diable – d’un point de vue moral
  • Sage femme – soigneuse, personne possédant des connaissances en rapport au plantes, corps, médecine alternative incomprise lors du moyen âge
  • Connaissances traditionnelles, ancestrales, transmises en générations par exemple
  • être imposant une peur
  • Identification extrêmement puissante entre la sorcière et la femme.
  • Idée du lien entre la spiritualité et la sorcellerie

Même en arrivant à une description positive, on reste toutefois dans une vision très marginale. La sorcière est donc déshumanisée, elle soit bonne soit mauvaise, sans entre-deux. On l’éloigne ainsi de la réalité, faisant une entité plus fantastique en lui retirant sa condition humaine. Elle devient donc presque plus près de l’animal que de l’humain, créant une crainte poussée par l’ignorance et le manque de savoir. On peut donc conclure qu’elle subit une ignorance généralisée, dans laquelle on lui attribue plus de caractéristiques animales qu’humaines, permettant de justifier le rapport de force imposé par la structure patriarcale qui se sent menacée.

Supplice de l’Eau:

Si elle survit, elle est donc un sorcière, si elle meurs elle ne l’est pas (selon les interprétations elle pourrait être une sorcière aussi). La femme ici ne gagne donc pas dans tout les cas, dans ce paradoxe on poursuit donc cette marginalisation et on lui retire une fois de plus sa condition, sa valeur humaine.

Le problème de la conception stéréotypé, c’est qu’elle perpétue une même idée, contaminant un imaginaire afin de le rendre collectif voir cohérent puisqu’on finit par écarter la réalité. En intégrant la sorcière dans un contexte imaginaire et enfantin, on impose une perception de la femme misogyne, concept qui sera inculqué dès l’enfance. C’est donc très problématique, puisque ça institue des valeurs pouvant motiver de la violence et de la haine envers le sexe féminin dès le plus jeune âge.

Émancipation de la sorcière avec une image de la sorcière moderne, qui correspond avec les valeurs modernes et féministes. Ce qui permet donc au concept de la sorcière d’évoluer en parallèle avec la condition de la femme moderne, ce qui explique cette transformation des faits au fil du temps. Toutefois, tout comme le féminisme, on est loin d’être sorti de la problématique et il n’est pas difficile de constater que la femme est toujours victime de sa situation.

Atelier:

Réponses tirées de la classe permettant d’expliquer pourquoi il est possible de croire en des choses qui n’existent pas.

  • Ignorance voir manque d’éducation
  • Influence extérieure
  • Idéologies
  • L’enfance / naïveté
  • Conviction
  • La volonté de croire
  • Préférer nos représentations à la réalité
  • Légendes

Comment arrive-t-on à croire en l’existence de choses qui n’existent pas ?

Comment on passe de l’imaginaire à l’existence ?

Notion de perception vs identification.

Comparaison de deux textes afin de répondre à la question:

Texte 1:

http://www.philo-cvm.ca/?page_id=18103

1630

Pierre de Lancre est un démonologue qui se base sur la réalité afin de construire un imaginaire (Religion, mal, démons). Femmes ordinaires qui deviennent, sous l’interpretation du démonologue, des sorcières.

Vision teintée d’envie et de misogynie, de ses idéologies, Pierre de Lancre semble attribuer à des activités ou des traits relativement banals, une tournure magique, qui contraint aux idéologies religieuse de l’époque. Il est donc facile de « diaboliser » les femmes quand la société est crédule.

Parallèle avec la communauté « incels », on ressent l’envie, voir la haine que le démonologue semble avoir envers l’entité générale des femmes.

incel/ˈinˌsel/noun

  1. a member of an online community of young men who consider themselves unable to attract women sexually, typically associated with views that are hostile toward women and men who are sexually active. »self-identified incels have used the internet to find anonymous support »

Idéologies découlant d’une insécurité face aux actions des belles femmes, projetant une haine dirigée envers les femmes (beauté, sexualité, séduction, etc.) motivée par la religion et une victimisation de soi. On condamne le désir de façon religieuse et morale, on décide donc de mettre la faute sur les femmes plutôt que de réaliser que les hommes sont la source des problèmes.

En résumé il s’agit d’un fantasme de Pierre Lancre, et donc d’une construction d’un imaginaire à partir d’une réalité qui semble le déranger.

Texte 2:

http://www.philo-cvm.ca/?page_id=18135

1983 Roald Dahl – Sacrées sorcières

Faire exister un imaginaire, sortir les femmes afin des les amener dans une conception imaginaire.

Banalise les faits d’une réalité historique, à l’aide d’une caricature enfantine. On y retrouve toutefois une même misogynie, et une attribution du mal aux femmes qui semble ma foi peu nécessaire, même si cela est ancré dans un imaginaire collectif. On déguise un sexisme indéniable sous fiction, mais est-ce vraiment ce qu’on souhaite enseigner au enfants sous prétexte d’imagination?

« Une sorcière, c’est toujours une femme.

Je ne veux pas dire du mal des femmes. La plupart sont adorables. Mais le fait est que les sorcières sont toujours des femmes et jamais des hommes.

Il n’y a pas de sorcier, mais il y a des vampires ou des loups-garous, qui, eux, sont toujours des hommes. Les vampires et les loups-garous sont dangereux, mais une sorcière est deux fois plus dangereuse !« 

Les sorcières – sont nécessairement des femmes,

Mais toutes les femmes ne sont pas des sorcières –

On inculque ainsi des doutes, des peurs et une suspicion, créant une méfiance générale envers les femmes puisqu’on leur attribue des caractéristiques vraisemblables. Pourquoi alors est-on surpris des féminicides ? Si dès le plus jeune âge, on camoufle un message d’apparence bénin mais pourtant tout à fait toxique, on ne peut alors s’étonner si on fait face à une société toujours sexiste malgré les progrès réalisés.

Divergences et convergences des textes:

Alors que les deux textes sont en soi différents, déjà par l’époque, on y retrouve une similarité indéniable: La misogynie et une interprétation teintée de haine envers l’image de la femme masquée sous une identité dite imaginaire de la sorcière.

Certes on y retrouve une fiction enfantine, et un récit de type plus historique, mais le point reste le même. On camoufle un sexisme flagrant sous un prétexte fabuleux servant de bouc émissaire pour une dégradation de la femme qu’on inculque dès un jeune âge à l’aide de récits et d’œuvres qu’on prétend être fiction.

On peut aussi comprendre par ces deux textes, que l’idée de la sorcière ne date pas d’hier. Il s’agit d’un imaginaire collectif bien ancré dans notre sociétés depuis des centaines d’années, expliquant la difficulté d’échapper aux idéologies toxiques que dégage la représentation de la sorcière.

Contexte historique – conditions d’émergences

Les questions impliquant l’humain exigent une certaine subjectivité puisque nous sommes impliqués. L’étude du comportement humain ne peut être objectif à cause de la diversité et complexité de ce dernier. Notre perception (voir désirs ou sentiments) peuvent teinter notre interprétation.

Ce qui a rendu possible la chasse aux sorcières, voir ce qui a rendu légitime les violences faites au femmes:

  1. Condition Anthropologique

Définition « Anthropologique »: Humain du point de vue de l’espèce, commun à tout les individus.

L’imagination des humains est extrêmement puissante, pour tout les individus, elle comporte des différence – personne ne voit exactement la même chose.

Les préférences, goûts ou les associations peuvent influer sur ces différences. L’imagination possède aussi un fond commun, indiquant des connaissances culturales présentes au sein d’un peuple (Imaginaire, commun, symbolique, références, expérience vécue… etc.)

Nous avons la possibilité d’une reproduction sensible à l’aide de l’imagination. Il est aussi possible de créer des choses purement imaginaires, simplement par agencement de choses connues ou familières. Quelque chose d’imaginaire réfère donc par association à des choses vécues ou connues. L’imagination permet d’induire ou de provoquer les stimulations du monde extérieur sans la présence de l’objet. La mémoire induit des sensations et des effets physiologiques qui nourrissent un imaginaire.

L rôle de l’imagination dans l’inquisition est nourrit par les hommes qui tentent de justifier l’assujettissement des femmes et donc de légitimer leur condamnation.

2. Conditions politiques et sociales

Les institutions et leur rôle dans le passage de l’imaginaire à la réalité:

Instituer – mettre en place, rendre durable, créer des pratiques et des habitudes. Façon d’organiser les comportements humains et créer des pratiques voir habitudes. C’est le passage de l’idée à la réalisation plus concrète.

Une institution permet de forcer une action, souvent motivé pour l’obtention de quelque chose ou par la peur d’une conséquence. Par exemple l’école, l’église, les valeurs ou l’éthique morale. Elle permet aussi l’existence de certains concepts qui sont plus abstraits, voir imaginaire dans le cas des sorcières. Il n’y aurait pas eu de chasse au sorcières si on n’avait pas eu par exemple l’institution de procès pour sorcelleries. Ce qui était de l’ordre de l’imaginaire a été institué de façon à faire exister ce concept qu’est les sorcières dans le contexte de notre réflexion, et de condamner ce même concept de façon juridique.

3. Condition mythologique – transformation des récits mythologiques

On peut décerner une évolution de la sorcière au fil de l’histoire, possiblement en parallèle avec l’évolution du diable. Dans l’antiquité grecque, on y retrouve deux figures pouvant être associées au concept de la sorcière, soit Circé et Médée. Circé est caractérisée dans les récits grecs comme une femme fatale qui associe amour et magie, avec un pouvoir de séduction et une touche d’animalité. Médée possède quant à elle les caractéristiques de l’étrangère, avec une magie plutôt associée à la dangerosité que l’amour, représentant une femme prêt à tout (infanticides, fratricide, vengeresse…). Au moyen-âge, on se retrouve avec une figure de la sorcière qui comprend les caractéristiques des deux icônes de la mythologie mentionnées précédemment dans un amalgame pouvant porter à un paradoxe contradictoire. En prenant les deux revers de la médaille des deux histoires, on en vient à perdre l’histoire et le sens de chacun des figures, au profit d’une créature contradictoire et paradoxale dans laquelle le bien et le mal ne se départagent plus. Cette fusion nous amène à une représentation éventuellement dangereuse de la sorcière, puisqu’elle est en quelque sorte une association directe avec la femme.

4. Condition métaphysique – décrit l’être humain du point de vue de la religion

Il s’agit d’une description du point de vue de la théologie chrétienne (depuis le 7e siècle A.P.J.C.), de façon directement reliée à deux dogmes religieux (règles permettant de garder les croyants dans une certaine ligne de pensée).

A) Péché originel – L’humain a été chassé du paradis par sa propre faute (aka la faute d’Ève, une femme). L’humain se trouve alors en perdition, puisqu’il est libre de choisir entre le bien et le mal. C’est donc une institution basée sur le consentement.

B) La rédemption – La possibilité d’être sauvé repose aussi sur un libre choix : La chute et le retour reposent donc entièrement sur la liberté.

Ces dogmes provoquent donc l’angoisse métaphysique de la liberté. C’est une pression institutionnelle très forte amenant à une responsabilisation et une culpabilisation qui résultent en une angoisse. Cela peut amener à de la peur, de la jalousie, de la haine, de la folie, une montée de violence, amenant au choix d’un bouc émissaire sacrifié pour le bien commun de la société : Les sorcières.

Exemples:

Éco anxiété générale ressentie à cause les problématiques de l’environnement résultants directement des actions humaines.

5. Condition juridique – L’inquisition

Hérésie : Condamnation morale de toute croyance contraire à la foi chrétienne.

  • Templiers
  • Organisations religieuses
  • Organisations politiques
  • Communautés

Définition du crime d’hérésie de sorcellerie (1326-1327). On passe d’une condamnation morale à la judiciarisation du crime de la sorcellerie.

Quelles sont les conséquences de la définition du crime de la sorcellerie? :

Le fait de définir un personnage imaginaire en une action criminelle viens directement instituer le concept de la sorcière qui devient réalité. Il est aussi important de noter une relation de pouvoir entre le peuple et l’église à l’époque, notamment au niveau de la liberté de penser. Afin d’éviter une angoisse métaphysique, il est plus facile de remettre le choix aux « dirigeants », donc l’église, permettant ainsi de se débarrasser de la responsabilité face aux sorcières. Il n’est donc pas question ici de remettre en question les propos des dogmes religieux, qui contrôlent la pensée populaire à l’aide de la peur du peuple. Le concept de la sorcière passe donc de l’imaginaire au palpable, condamnant au passage la condition de la femme. La chasse au sorcière deviens donc un bouc émissaire, voir un prétexte permettant de persécuter les femmes. En conséquence, on légitimise donc les violences faites aux femmes.

Malheureusement, les conséquences de la persécution des femmes continuent de se présenter encore de nos jours, puisque la misogynie est toujours d’actualité. C’est un sexisme ancré dans notre apprentissage dont on ne réalise pas la gravité puisqu’on utilise un prétexte dit imaginaire.

La femme bouc émissaire – Hypothèses

L’inquisition était une façon de prendre la femme comme responsables des choses qui se passaient mal à l’époque du moyen-âge, et donc de l’utiliser comme bouc émissaire. En revisitant l’inquisition d’un point de vue féminin, on viens donc s’attarder à critiquer les préjugés et les idées préconçues. L’inquisition aurait alors cessée parce que l’humain serait devenu plus rationnel (18e siècle, les lumières par exemple) selon certaines sources puisque l’être humain serait en mesure de combattre les superstitions.

Par contre, en regardant les statistiques, on peut comprendre que malgré l’évolution de la société, la violence faites au sorcière continue toutefois d’augmenter. Il est donc fautif d’assumer que le problème se règle dès la fin de l’inquisition et que la société est devenue rationnelle.

  1. La place grandissante des femmes au moyen âge

On a l’impression que le moyen-âge est une société obscure, sans progrès, dans laquelle les femmes seraient impuissantes et assujetties au pouvoir des hommes. Pourtant, cette histoire serait écrite d’un point de vue de la modernité, ce qui nous amène à la problématique incompréhensible de l’acharnement des hommes contre les femmes. Si les femmes étaient soi-disant soumises avant l’époque de l’inquisition, que serait le point de celle-ci? On peut donc comprendre qu’à l’époque, les femmes avaient sûrement une place grandissante au sein de la société. C’est la modernité qui impose un regard de dominant, venant fausser l’histoire du moyen-âge en imposant de fausses valeurs qui n’avaient pas lieu d’être.

L’homme dans l’idéologie de la féodalité n’as plus de liberté ou de pouvoir, c’est donc la femme dans son environnement domestique qui grandit en puissance. Elle sera dominée pendant la modernité.

2. Le transfert de la lutte de pouvoir entre l’Église et l’État

Lutte de pouvoir constante entre deux monde, le monde céleste de la croyance et de la religion, versus un monde terrestre et laïque. Les seigneurs tentent alors de rivaliser avec l’Églises et ses figures d’autorités. La religion est ce qui rassemble le peuple de l’époque, c’est donc en partie une cause de l’inquisition. Au 17e siècle, plus précisément au 18e siècle, à travers l’émergence de la modernité, on séparera les deux pouvoirs. On peut parler d’émergence de la souveraineté des états sur le pouvoir des églises, puisqu’on fait reposer les lois sur la rationalité humaine, voir le droit. On voit aussi l’adoption du modèle de la famille, aka l’autorité paternelle du père de famille. La souveraineté n’est plus dieu, c’est le père de famille, donc le patriarcat. Tout cela fait en sorte que la femme se retrouve sous l’autorité patriarcale et perdra beaucoup à ce moment là. Cela transforme la lutte de pouvoir entre l’Église et l’État en une lutte de pouvoir entre l’homme et la femme. Elle en perdra donc beaucoup, puisque plusieurs pouvoirs et protections lui sont retirés.

3. Modernité et domestication de la nature

On s’appuie lors de la modernité sur la science et la modernité. Au moyen-âge, les savoirs reposent sur l’usage des sens, voir les théories d’Aristote. Les raisonnements scientifiques vont donc reposer sur les qualités qu’on applique au choses. Tandis que pour la modernité, on comprend que nos sens peuvent être trompeurs, engendrant toutes sortes d’illusions. On en viens donc à une science qui reposera plus sur le doute, ce qui nous amène donc à une sorte de dualisme entre la raison humaine et le monde extérieur. La rationalité permet d’organiser notre rapport avec la nature en fonction de nos besoins et d’agir sur cette dernière avec beaucoup d’efficacité.

Tout ce que permet la science à l’égard de la nature, est aussi permis au domaine des femmes, qui seraient soumises au même contrôle, voir maîtrise de la nature.

4. Rationalisation capitaliste de la sexualité

Silvia Federici – marxisme – critique de marx

Quand on regarde l’histoire de l’inquisition, ce qui a servi à l’accumulation primitive du capital, c’est le corps de femmes, la procréation afin de créer de futurs travailleurs. Pour que le capitalisme fonctionne, le travailleur doit être séparé de ses moyens de production, la valeur devient alors uniquement monétaire et marchande. Si on y applique alors la théorie de Silvia Federici, la femme serait donc séparée de son corps. Le corps devient alors un objet, une simple usine permettant de fournir des ouvriers à notre société. L’inquisition permet d’écarter les femmes qui ne correspondent pas au critères de procréation.

5. La force du droit:

Qu’est-ce qui fait que l’Inquisition a cessé ?

Dans le contexte de la société moderne, de l’État de droit, de la rationalisation instrumentale, de la science moderne, on a plus besoin d’inquisition car c’est par l’usage des lois et du droit qu’il y avait assujettissement des femmes. On n’a plus besoin du bûcher, puisque les femmes sont contrôlées par les droits, garantissant alors l’assujettissement. Toute l’émancipation des femmes repose sur l’acquisition de droits, alors pourquoi les avons-on enlevés? Le droit peut autant nous émanciper que nous enfermer. Les bûchers ont clairement cessés d’exister simplement parce que les droits on été retirés, ce n’est donc plus nécessaire.

Rédaction:

The Goat Whisperer, an art print by Jorge Mascarenhas | Goat art, Satanic  art, Occult art

La sorcière, un bouc émissaire?

Être une femme, ce n’est jamais facile. Quoique tu fasses, tu seras toujours dans le tort, et tu en froisseras toujours quelques-uns. Trop belle, pas assez, intelligente, bête, dénudée ou bien trop habillée, c’est impossible de s’en sortir. Il s’agit ici d’un concept qui, malgré les progrès, semble intemporel et qui transgresse même les limites de la réalité. La figure monstrueuse de la sorcière telle que nous la connaissons dans notre imaginaire collectif est inextricablement liée à la condition des femmes. Simple histoires innocentes, ou bien bouc émissaire d’une société patriarcale et misogyne? D’une histoire réelle qu’on tente d’oublier, en passant par les injustifiables violences jusqu’aux représentations modernes de la sorcière, on n’arrive pourtant pas à y échapper. Pour un concept qu’on qualifie d’imaginaire, ce dernier est d’un réalisme effrayant et voir dérangeant lorsqu’on s’y attarde plus profondément.

Tout d’abord, commençons par le tout début, les inquisitions. À travers ces quêtes religieusement motivées, pourquoi donc avoir décidé que les femmes étaient alors toutes éligibles de devenir des complices du diables? Nous pourrions nous compliquer la chose et tenter de l’expliquer en balbutiant des raisonnements plus complexes les uns que les autres alors que c’est pourtant très simple. Lorsque nous revisitons l’histoire, nous la comprenons d’un œil moderne de petit peuple soumis à une hiérarchie patriarcale. Les femmes de l’époque n’ont pas été visées parce qu’elles étaient les plus faibles et donc les plus facile à cibler, au contraire, il est même possible d’assumer que ces dernières possédaient beaucoup plus de ressources que les seigneurs. Elles étaient libres et avaient le temps d’apprendre, elles élevaient la relève et on peut donc comprendre que les hommes dans leur fragilité se sont sentis menacés. C’est pourquoi, plutôt que de tenter de changer et de s’élever eux-mêmes au rang des femmes, ils ont décidé d’attaquer. Quoi de mieux que d’instaurer une peur au sein d’un peuple crédule afin de reprendre le pouvoir qu’ils sentaient alors leur échapper? Ainsi, tout est devenu un potentiel pour passer au bûcher, que ce soit le statut marital, les connaissances, d’être simplement trop belle ou bien encore d’être au mauvais moment au mauvais endroit. Car oui, les sorcières, femmes de l’époque, ne pouvaient jamais gagner, tout comme les femmes d’aujourd’hui.

Puis, une fois les bûchers disparus? Lorsque le pouvoir s’est transféré de l’Église à l’État, la structure de la société de l’époque amorcera les changements qui mèneront à la modernité que nous connaissons tous aujourd’hui. La fin des bûchers n’a jamais signifié la fin de la persécution des femmes, elle est simplement indicatrice d’un changement de combat. Alors qu’auparavant, la religion s’opposait à l’état, maintenant, avec l’adoption du modèle de la famille patriarcale, on se retrouve face à l’opposition de l’homme et la femme. Ce changement fera perdre plusieurs protections et pouvoir pour la femme. On usera alors lois et droits afin d’assujettir la femme plutôt que de la brûler sur le bûcher. Outre, l’émancipation des femmes repose sur l’acquisition de droits, alors pourquoi les avons-on enlevés? Le droit peut autant nous émanciper que nous enfermer, c’est une lame à double tranchant. Les bûchers ont clairement cessé d’exister simplement parce que les droits ont été retirés, ce n’est donc plus nécessaire.

Enfin, la sorcière, concept imaginaire, est devenue réelle, pour redevenir imaginaire. Après avoir été persécutées, nous avons tenté d’enterrer l’histoire, d’oublier que ces violences injustifiées se sont produites en transformant une tragédie en fantaisie. Les contes enfantins qu’on raconte pour s’effrayer ne sont pourtant pas apparus d’une fabulation. Comment peut-on oublier une histoire chargée de meurtres et torture? C’est bien simple, on prétend avoir affaire à un monstre, au même titre que les vampires et les loups-garous, si ce n’est pas vrai ça ne peut pas faire de tord après tout… Alors que pourtant, on perpétue des préjugés et des conceptions au sujet des femmes tout en prétextant un personnage pour se couvrir les arrières. Je cite, du roman jeunesse sacrées sorcières, par l’auteur Roald Dahl : « Les sorcières – sont nécessairement des femmes, Mais toutes les femmes ne sont pas des sorcières – » Quelle sorte de jugement inculques-on à travers d’un livre qui semble à l’abord pourtant innocent? En discutant avec certains de mes proches et collègues, j’ai pu constater ne pas avoir été la seule à avoir lu ce livre dans ma jeunesse. Le pire? Cela ne choquait personne puisqu’un enfant ne sait pas mieux. On institue alors subtilement des doutes, des peurs, bref une méfiance générale envers les femmes. Il n’y a pas de quoi s’étonner des féminicides si nous arrivons à glisser des messages aussi toxiques dans nos médias destinés au jeune public. Avons-nous vraiment évolué de l’époque des femmes sur le bûcher, ou sommes-nous toujours en train d’essayer de les brûler de façon camouflée?

En conclusion, la femme et la sorcière ne font qu’une. La femme est l’origine de la sorcière, mais elle ne s’est pas effacée malgré ce que l’on pourrait penser. Il est selon moi, impensable de séparer les deux entités, et c’est pour cela que la représentation de la sorcière est aussi toxique. Sans en être la cause, l’institution de notions aussi sexistes dès le plus jeune âge contribue indéniablement à la persécution du genre féminin qui, malgré nos progrès, persiste toujours. Comment alors se réapproprier la figure de cette dernière sans tomber dans les clichés qui semblent forcés pour se faire pardonner?

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