Ce n’est pas facile de concevoir un avenir pour les relations avec les communautés autochtones. On regarde ce qui se passe dans l’actualité et on reste bouche bées. Je vois mon gouvernement priorisé un gazoduc au bien-être des Wet’suwet’en. Je vois mon gouvernement laisser les femmes autochtones disparaitre. Ce même gouvernement qui pleurniche devant les Nations unies en parlant des atrocités commises envers les peuples des Premières Nations. Ce même gouvernement qui me poivre lorsque je vais manifester pour soutenir les Wet’suwet’en.

Cependant, ce n’est pas parce que c’est pas facile que je ne vais pas tenter de l’imaginer ce futur. Alors, je fais comme Joséphine Bacon, je regarde l’horizon et je rêve.

Dans ce rêve les enfants autochtones ne sont plus déracinés. Ces enfants si importants ne grandissent plus loin de leurs parents. Ils grandissent entourés de membres de leurs familles. Ils évoluent dans un réseau de sécurité avec un sentiment d’ancrage. Les enfants autochtones sont à tout prix protégés et éduqués. Naomi Fontaine le dit mieux que moi « L’enfant, une boule de chaleur, un rêve, petite fille ou petit garçon, une échographie, une parcelle de réalité, un battement de cœur si rapide, une prospérité, une façon d’être aimée, une rentabilité assurée, une manière d’exister, de faire grandir le peuple que l’on a tant voulu décimer, une rage de vivre ou de cesser de mourir. L’enfant. ». Je rêve des enfants de Naomi Fontaine.

Dans ce rêve, les langues des Premières Nations ne sont plus en voie d’extinction. Ces langues sont protégées. Montréal porte un nom autochtone comme toutes les villes du Québec d’ailleurs. Un lexique a été créé pour répertorier tous les mots de toutes les langues autochtones afin qu’elles ne soient plus oubliées. Les enfants apprennent, à l’école, des langues autochtones à même titre que l’anglais. La bible n’est plus le seul livre écrit en innu. Il y en a des centaines de milliers. Des centaines de milliers écrits par des Innu, mais aussi traduit en innu. Parler innu n’est plus une barrière, une excuse pour marginaliser, mais un privilège et cela va de soi pour toutes les autres langues autochtones. Les parler, les comprendre et les écrire ne seraient plus tabou, mais encouragé. Je rêve d’un Canada où l’on parle les langues du territoire.

Dans ce rêve, la culture autochtone est protégée. Le savoir-faire des ancêtres de ce pays n’est plus tassé au profit de la technologie. Au contraire, il est mis de l’avant et nous aide à faire face enjeux modernes. On envoie plus les enfants à l’école pour leur inculquer la culture dominante. On les envoie à l’école pour qu’ils partagent leur culture avec leurs camarades. Pour que tous ensembles, ils apprennent les uns sur les autres et en ressorte enrichit. Je rêve que les jeunes Québécois n’aient plus de difficulté à nommer les onze nations autochtones, je rêve qu’ils les connaissent par cœur ;

Inuit

Cris
Naskapi
Innu
Algonquin
Huron-Wendat
Attikamek
Mohawk
Abenaki
Malécite
Micmac

Dans ce rêve, le gouvernement fait un effort. Il remue ciel et terre, finance tous les programmes possibles pour aider les membres des Premières Nations à se reconstruire. Qu’il coupe dans l’armée pour donner à nos premières nations. Il investit pour leur procurer une éducation de qualité avec des enseignants qualifiés. Il investit pour aider les familles à se reconstruire. Ces familles qui n’ont jamais connue douceur, tendresse et qui ont du mal à en parler. Le gouvernement ne se débarrasse plus des autochtones qui consomment en les envoyant en prison. Je rêve qu’il les aide, paye pour toutes les cures de désintox, tous les psychologues et spécialistes nécessaires pour leur redonner une vie digne d’eux-mêmes.

Dans ce rêve, je porte sur mon dos les ainées autochtones. Je les amène avec moi pour qu’ils m’aident moi et mes enfants. Je les porte à bout de bras pour qu’ils aient enfin une voix. Qu’ils puissent crier à bout de voix tout ce qu’ils ont à dire. En les portant sur mon dos je m’assure qu’il y ait toujours quelqu’un qui les écoute. Le jour où ils seront fatigués et ne pourront plus crier, ils pourront alors simplement me chuchoter à l’oreille leurs pensées et je m’appliquerai à ce qu’elles ne soient pas oubliées. Dans ce rêve, les membres des Premières Nations ont une grande, belle et majestueuse voix qui est dorénavant écoutée.

Dans ce rêve il y a encore mille et un autres souhaits. L’Indian act de 1876 est abolie et remplacée par un document fait en collaboration avec les autochtones qui protège enfin les droits des Premières Nations. Ils auraient désormais la possibilité de faire ce que bon leur semble sans être sous la tutelle du gouvernement. Dans ce rêve, ils ne seraient plus confinés à de petites réserves ridicules, ils auraient enfin droit à toutes les étendues de territoires possibles. Cela en priorité aux multinationales qui cherchent à les exploiter. Dans ce rêve, écrire Wet’suwet’en ne serait plus souligner en rouge comme une erreur sur Word. Dans ce rêve, ils auraient leur mot à dire sur ce qui se passe sur leur vaste territoire et pas que, ils auraient leur mot à dire partout, aux nouvelles, sur la scène culturelle et dans les écoles. Leurs opinions et savoirs seraient accueillis à bras ouvert au ministère de l’Éducation pour qu’enfin les enfants apprennent autres choses que les maisons longues.

Je sais, je rêve beaucoup et je n’ai pas fini de rêver non plus. Peut-être que je rêve trop grand, mais au moins j’ai un rêve. Un rêve bien lointain qui prendra du temps à atteindre. Pour l’instant, il faut se contenter d’écouter ces membres des Premières Nations. D’écouter tout ce que ces communautés ont à dire sur tous les sujets et les écouter attentivement. Ainsi, on ne répétera pas les erreurs du passé. Ainsi, on s’excusera correctement après avoir compris nos erreurs. Ainsi, nous construirons mains dans les mains un futur qui nous ressemble et avec lequel tous sont d’accord.

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