Questionnement :

L’art est-il un bon moyen de résistance? Est-il en contradiction ou en aide aux les actions politiques? L’art et la politique accomplissent-ils les mêmes choses ? L’un est-il plus important que l’autre?

Sources :

BALASINSKI, Justyne & MATHIEU, Lilian. « La contestation dans l’art, l’art dans la contestation », OpenEdition Books, (s.d.), https://books.openedition.org/pur/12455?lang=fr (Page consultée le 14 décembre 2021). :

  • Ainsi Nathalie Heinich considère-t-elle la thématique de l’« art engagé » comme une représentation de sens commun dont l’origine remonte « à l’époque romantique, lorsque la figure de l’artiste se déplace vers une incarnation de la marginalité, en un double mouvement de singularisation et de contestation des valeurs établies, susceptible de s’orienter soit vers la création artistique, soit vers l’action politique » : forme d’art commune et qui date de très lontemps, peut donc être considéré comme efficace… explique la présence si importante de l’art de résistance, d’art comme mode de contestation chez les autochtones
  • Le dédain avec lequel la plupart des analystes des mouvements sociaux ont jusqu’à présent traité des rapports entre l’art et l’action protestataire prend les traits d’une véritable carence dès lors qu’on prend la mesure de l’enjeu que représente, pour toute mobilisation, l’implication d’artistes ou la disponibilité de ressources artistiques. On ne peut en effet que constater – et c’est la thèse principale qu’entend illustrer et défendre cet ouvrage – que le propre des artistes étant leur aptitude particulière à la manipulation des symboles, cette habileté spécifique les prédispose à jouer un rôle prépondérant dans ces luttes symboliques que sont aussi, et nécessairement, les luttes sociales et politiques (y compris les plus « matérialistes » d’entre elles). 
  • « Certes, des personnalités connues contribuent à la visibilité des causes dans lesquelles elles s’engagent en attirant sur elles l’attention des médias et, par suite, de l’« opinion publique ». Elles peuvent également apporter une contribution financière substantielle aux organisations de mouvement social qu’elles soutiennent, ou favoriser par leur présence le succès d’opérations de recueil de fonds. Elles peuvent même, dans certains cas, faciliter l’accès des protestataires à des élites politiques antérieurement sourdes à leurs doléances. Mais elles peuvent aussi contribuer, comme l’ont montré Joshua Gamson et David Meyer (1995), à dé-politiser et à dé-radicaliser les revendications et, les rendant ainsi plus consensuelles, à priver les mouvements d’une part de leur potentiel combatif, cela notamment parce que les personnalités doivent veiller à ce que la cause qu’elles défendent ne porte pas préjudice à leur image publique et à leur carrière » : l’art millitant a aussi des impacts négatifs au niveau de la politique
  • « Un tel soutien, comme on le sait depuis le travail fondateur de Luc Boltanski (1990), s’avère souvent décisif pour la légitimité d’une mobilisation : le fait que celui qui s’engage n’entretienne pas de lien préalable avec l’enjeu de la lutte et n’attende aucun bénéfice personnel de son éventuel succès constitue un gage de son désintéressement, et contribue à la doter d’une portée générale. Des « personnalités » telles que les artistes ou intellectuels connus sont particulièrement à même de réaliser ce travail de généralisation d’une cause, puisqu’ils lui apportent en réalité bien plus que leur soutien d’individus, mais celui de l’entité collective (l’art, la littérature, la science…) dont ils sont en quelque sorte les représentants ou les incarnations. » : me fait penser à la chanson « je me souviens d’émile Bilodeau, j’appelle l’importance de l’écoute
  • « Le problème de la censure, abordé dans l’ouvrage par Justyne Balasinski et par Christophe Broqua, amène à considérer un nouvel ordre de relation entre art et contestation, qui n’intègre pas tant le groupe des artistes que leurs productions : une œuvre peut elle-même devenir l’enjeu d’une mobilisation – que celle-ci vise à empêcher le public d’y accéder voire à la détruire, ou qu’elle tende au contraire à protéger son exposition ou sa diffusion. L’étude des mobilisations ayant des œuvres pour enjeu fait se rejoindre deux domaines de réflexion sociologique distincts : celui, propre à la sociologie de l’art, de l’iconoclasme, et celui, relevant davantage d’une sociologie des mobilisations, des croisades morales. » ce qui fait beaucoup pensé à la Cancel culture et fait s’interoger sur la limite de l’art de contestation

« Rencontre entre Marie-Louise Arsenault et l’écrivaine Naomi Fontaine », Les grands entretiens : OhDio!, (14 juin 2020), https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/les-grands-entretiens/segments/entrevue/178795/naomi-fontaine-shuni-innu-kuessipan-marie-louise-arsenault (Page consultée le 14 décembre 2021)

  • « Les Innus reprennent leur voix, la voix qu’on leur avait ôtée. C’est bien, une voix, mais il faut aussi des gens pour nous écouter » : montre l’importance de l’audience, de l’écoute
  • Celui-ci avait remarqué son talent d’écriture et l’avait encouragée à écrire un livre sur son identité et sur son vécu. « C’est la première fois qu’on me disait que c’était important, ce que j’écrivais », affirme l’autrice. : montre la difficulté de se faire remarqué en tant qu’artiste autochtone

« L’art comme arme de résistance contre l’oppression », Matins sans frontières, OhDio! (28 juillet 2017), https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/matins-sans-frontieres/segments/entrevue/32859/exposition-art-rebellion-institut-arts-detroit (Page consultée le 14 décembre 2021)

  • L’art de résistance n’est pas un art triste, c’est un art énergisant : Un art positif et évolution (on le retrouve avant pendant et après la révolution)
  • L’Institut des arts de Détroit célèbre l’art afro-américain d’une des périodes les plus sombres de son histoire à travers sa plus récente exposition. Art of Rebellion : Black Art of the Civil Right Movement rassemble des oeuvres créées par la communauté artistique noire pendant le mouvement pour les droits civiques aux États-Unis des années 60 et 70.

Exemple d’art de résistance (non autochtone)

Les cowboys fringuants : Plus rien

La chanson Plus rien des Cowboys fringuants est un exemple flagrant de l’art de résistance ou de dénonciation. « Tout ça a commencé ils plusieurs années/ alors que mes ancêtres étaient obnubilé/ par ces bouts de papier que l’on appelait argent/ qui rendait certains hommes vraiment riches et puissants/ Et ces nouveaux dieux reculant devant rien/ étaient prêts à tout pour arriver à leurs fins/Pour s’enrichir encore ils ont rasé la terre/pollué l’air ambiant et tari les rivière/Mais au bout de cents ans les gens se sont levés/et les ont avertis qu’il fallait tout stopper/Mais ils n’ont pas compris cette sage prophétie/ Ces hommes la ne parlait qu’en terme de profits »

Émile Bilodeau et les autochtones

Émile Bilodeau est un artiste de résistance que j’adore. J’adore ca facon d’écrire et de dénoncer et je suis rarement en déssacord avec lui. Il est une inspiration très importante pour cette enquête car il m’a fait me rendre compte de l’impact que pouvait avoir l’art de résistance dans la vrai vie. À travers ses chansons, il explique des concepts et des idées de façon si simple, mais si précise. On peut dire que cela tombe particulièrement bien car la cause dont Émile Bilodeau parle le plus en ce moment est la cause autochtone. Il est ressement partie à la rencontre des peuples autochtones pour apprendre et pouvoir mieux en parler. Cependant je n’aime pas l’idée de parler de la culture autochtone à travers un artiste qui ne fait pas partie de cette culture. C’est tout de même un point de vue interessant que celui de l’allié (ce n’est ni le point de vu trop rationnel ou objectif des institions, ni le point de vue très proche et sensible de quelqu’un dans la communauté). Ce n’est pas idéal, mais ca existe, c’est interessant et il faut en parler. C’est aussi pourquoi j’inclurais dans mon enquête quelques textes ou poèmes écrit par des artistes autochtones.

Entrevue d’Émile Bilodeau ou il parle de la relation avec les peuples autochtones du Québec
On voit aussi ce type d’art de résistance dans les oeuvres d’Émile Bilodeau : Si un jour ma fille/Se fait enseigner/La Révolution tranquille/Par une femme voilée/Bin là, crisse, on va le savoir/Le racisme a toujours eu tort
Je me souviens très bien /D’une femme qui filme la fin/De sa vie/Attachée à son lit d’hôpital/Traitée comme une hostie d’animal
Le nom de cette femme/C’est Joyce Echaquan

Peintures pendant la révolution francaise

http://www.dixielandtarragona.com/7-oeuvres-dart-animees-suscitees-par-la-revolution/ : Le site internet suivant montre différentes oeuvres qui ont été inspirer par des grandes révolutions (notamment la révolution française) dont La liberté guidant le peuple, cela montre bien l’ampleur de l’art de résistance et le fait que cela dure depuis très longtemps

L’art autochtone

Je m’inspire ici du travail en classe Nomade :

Kuessipan, de Naomi Fontaine

J’ai inventé des vies. L’homme au tambour ne m’a jamais parlé de lui. J’ai tissé d’après ses mains usées, d’après son dos courbé. Il marmon­nait une langue vieille, éloignée. J’ai prétendu tout connaître de lui. L’homme que j’ai inventé, je l’aimais. Et ces autres vies, je les ai embel­lies. Je voulais voir la beauté, je voulais la faire. Dénaturer les choses – je ne veux pas nommer ces choses – pour n’en voir que le tison qui brûle encore dans le cœur des premiers habitants. La fierté est un symbole, la douleur est le prix que je ne veux pas payer. Et pourtant, j’ai inventé. J’ai créé un monde faux. Une réserve reconstruite où les enfants jouent dehors, où les mères font des enfants pour les aimer, où on fait survivre la langue. J’aurais aimé que les choses soient plus faciles à dire, à conter, à mettre en page, sans rien espérer, juste être comprise. Mais qui veut lire des mots comme drogue, inceste, alcool, soli­tude, suicide, chèque en bois, viol ? J’ai mal et je n’ai encore rien dit. Je n’ai parlé de personne. Je n’ose pas.

Commentaire :

Naomi Fontaine raconte l’oppression des femmes autochtones. Ces dernières doivent vivre une double oppression (du fait d’être autochtone et du fait d’être une femme). La dernière partie du texte est particulièrement touchante :

« J’aurais aimé que les choses soient plus faciles à dire, à conter, à mettre en page, sans rien espérer, juste être comprise. Mais qui veut lire des mots comme drogue, inceste, alcool, solitude, suicide, chèque en bois, viol? J’ai mal et je n’ai encore rien dit. Je n’ai parlé de personne. Je n’ose pas. »

En plus de voir tout ce que les femmes autochtones vivent, il y a l’expression d’une solitude. L’autrice n’ose pas en parler, dénoncer ses agresseurs. Le début de la citation me donne l’impression que la situation est horrible, mais surtout permanante. L’autrice raconte ses rêves, mais semblent dire qu’ils sont irréalisable.

An Antane Kapesh

Il y a très longtemps de cela, il y avait un vieux dans la forêt. Il avait la peau très foncée. Il élevait son petit-fils qui lui aussi avait la peau foncée.

Le vieux, qui était seul dans la forêt, avait une façon de vivre remarquable tellement elle était ingénieuse. Il ne manquait de rien, il était très bien. Son territoire était très beau et très grand. Il possédait plusieurs rivières qui se jetaient dans la mer. Et dans la forêt, là où il vivait, il ne dépendait que de lui-même pour subsister.

À l’endroit où il était, il ne cultivait pas. Il ne faisait pousser ni la nourriture ni les petits fruits. Il y avait plusieurs espèces d’animaux à quatre pattes et plusieurs espèces de poissons dans les lacs et les rivières. Quant aux petits fruits, plusieurs variétés poussaient naturellement un peu partout. C’étaient là ses seules ressources et assurément que lui et son petit-fils étaient en bonne santé, ils mangeaient toujours de la nourriture fraîche. Ce n’était pas grâce à l’argent que le vieux pourvoyait à ses besoins, il ne connaissait pas l’argent, il n’en avait jamais vu. Par contre, son territoire était toujours propre.

Commentaire :

Le poème An Antane Kapesh parle de l’importance qu’accorde les autochtones au territoire. Je sais pas si c’est un problème de traduction, mais par rapport à ce qui été vu dans le cours, certains mots m’ont surpris dans la phrase suivante:

« Son territoire était très beau et très grand. Il possédait plusieurs rivières qui se jetaient dans la mer. »

La notation de « son territoire » et celle de « posséder » une rivière sont étonnante par rapport à ce qui été vu dans le cours (par exemple qu’il n’y a pas de pronom possessif dans certaines langues autochtones), il serait intéressant de se pencher sur la traduction.

«  À l’endroit où il était, il ne cultivait pas. Il ne faisait pousser ni la nourriture ni les petits fruits. Il y avait plusieurs espèces d’animaux à quatre pattes et plusieurs espèces de poissons dans les lacs et les rivières. Quant aux petits fruits, plusieurs variétés poussaient naturellement un peu partout. C’étaient là ses seules ressources et assurément que lui et son petit-fils étaient en bonne santé, ils mangeaient toujours de la nourriture fraîche. Ce n’était pas grâce à l’argent que le vieux pourvoyait à ses besoins, il ne connaissait pas l’argent, il n’en avait jamais vu. Par contre, son territoire était toujours propre. »

Ici, on a une représentation plus fidèle de comment on s’attendrait à ce que la notion de territoire soit discuté. L’idée de laisser la terre faire pousser les plantes de façons naturels plutôt que de pratiquer l’élevage ou l’agriculture (bien que plusieurs nations autochtones pratiquaient l’agriculture bien avant l’arrivée des européens en Amérique).

J’aime aussi beaucoup cette vision de l’argent. Le personnage du poème ne connait pas l’argent et son territoire est toujours propre. C’est un message qui veut dire que c’est à cause de l’argent (du capitalisme) si la terre va aussi mal aujourd’hui (si nos territoires ne sont pas propres).

Conclusion

Je me suis permis pour ce dernier travail de sortir d’aller plus loin et de profiter de cette opportunité pour parlés de plusieurs artistes de résistances de pleins de milieu variés. Je me suis beaucoup éloignés de la littérature autochtochne, mais pour mieux y revenir, pour mieux la comprendre et mieux voir l’impact qu’elle peut avoir sur notre société.

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