Nous avons fait exister la sorcière au travers des institutions pour pouvoir légitimé, justifié la répression violente dirigée contre les femmes.

La banalisation

On a réduit à une caricature la sorcière. Alors qu’il y a des milliers de femmes qui ont été torturées, violées et tuées dans d’atroces souffrances. L’inquisition derrière la sorcière semble avoir été oubliée.

« Réduite à une image caricaturale, ce qu’on prétend en savoir suffit à faire frissonner ou phantasmer, quand elle ne fait pas tout simplement sourire » – Colette Arnould

Peut-être que la banalisation de la sorcière nous vient de la religion. Nous sommes habitués de voir la femme placée comme bouc émissaire. C’est son cas depuis le dogme du péché originel.

« Reflet de toutes les peurs, de tous les phantasmes, d’une société malade, il [le diable] deviendra bientôt la cause de tous ses maux et sera tout naturellement associé à la femme, elle-même liée au péché originel. » – Colette Arnould

Comment la banalisation d’un tel geste a pu s’installer? L’attitude de masse?

Banalisation par honte?

« À vrai dire, c’est précisément parce que les chasses aux sorcières nous parlent de notre monde que nous avons d’excellentes raisons de ne pas les regarder en face. S’y risquer, c’est se confronter au visage le plus désespérant de l’humanité. » – Mona Chollet

L’Inquisition – Les procès, les preuves, les jugements.

Tout est un possible signe de sorcellerie. On se méfie énormément et de tout le monde. Comme c’était un phénomène courant de se méfier, ça peut avoir eu un impact dans la banalisation. C’était un truc de l’époque.

« Dans un monde où le surnaturel est partout, le moindre fait, le moindre comportement sortant de la norme peut devenir objet de méfiance et de suspicion, et cela entre pour une grande part dans les accusations de sorcellerie issues des masses. » – Colette Arnould.

Quand on comprend que par la seule imagination, nous pouvons agir sur le corps et produire des réactions physiologiques, on comprend d’où vient cette peur et il est possible de faire un lien entre l’inquisition et la peur. Cependant, bien que la peur soit un mécanisme qui soit présent dans l’optique de nous soustraire à un danger, à réagir rapidement, la solution de l’inquisition était vraiment démesurée par rapport au phénomène.  

L’attitude de masse, une des raisons qui ont fait que l’Inquisition a pris autant d’ampleur?

« Désormais, il faudrait y croire sous peine d’être considéré à son tour comme hérétique. » – Colette Arnould

« Dans un tel contexte, les accusations reposent sur peu de choses et il faut surtout tenir compte des rumeurs. » – Colette Arnould

Mauvaise réputation (prostituée, adultère, sexualité hors mariage et hors procréation) = Preuve de culpabilité

« Ainsi, tout le problème de la sorcellerie repose sur une accusation banale. » – Colette Arnould

L’Église et l’État : le pouvoir

L’hérésie a été utilisée par l’Église, qui avait le pouvoir, pour orchestrer le plus grand féminicide de l’histoire. On a ensuite continué à propager l’idée que la femme était le sexe faible, le deuxième sexe, pour continuer d’asseoir une domination sur celle-ci.

« L’état, qui se bâtira au masculin, doit d’abord, pour s’assurer la forme unisexe que nous lui connaissons encore largement aujourd’hui, enrayer toute possibilité de la généralisation de l’autonomie et du pouvoir aux femmes. » – Armelle Le Bras-Choppard

Le transfert de pouvoir entre l’Église et l’État aura un impact direct sur la sorcière. Comme on dissocie maintenant l’autorité et Dieu, on ne pense plus qu’on doit brûler les femmes pour sorcellerie. Malheureusement, la violence aux femmes augmente même après l’inquisition.

« Ce qui forme le dénominateur commun à ces deux ouvrages si opposés en apparence, la Démonomanie [Église] et la République [État], ce sont les femmes : dans un cas la répression d’un grand nombre d’entre-elles, les sorcières ; dans l’autre la normalisation de la domination des toutes les femmes par le sexe fort, au travers de la théorie d’une souveraineté pensée et exercée au masculin, dans le privé comme au niveau strictement politique. » – Armelle Le Bras-Choppard

[État] Amène le nouveau modèle patriarcal, celui de la famille, dans laquelle l’homme a autorité sur la femme. Elle ne travaille pas, s’occupe des enfants, prend soin de sa maison et de son mari. Elle lui doit obéissance et soumissions.

Le fait d’avoir un régime de souveraineté amène un pouvoir dans les foyers, aux hommes, de pouvoir corriger leur femme sans en abuser.

« Une femme au pouvoir est donc peu différente d’une sorcière […] : elle est semblable à celles qui, ayant reçu des pouvoirs du Diable, les exercent toujours pour faire le Mal. » – Armelle Le Bras-Choppard

« La grande hantise des hommes reste la liberté des femmes : il ne s’agit plus de brûler une bonne part de celle-ci comme au temps des sorcières, mais la loi, dès lors que l’état est en mesure, au nom de sa souveraineté, de la promulguer et de la faire appliquer, est un moyen qui permet de brider l’autonomie de toutes les femmes. Empêchées d’avoir un pouvoir réel, elles perdent cette puissance qu’en des temps d’incertitude sur leur identité, les hommes leur avaient imaginée : les sorcières peuvent disparaître. Le balai qui leur servait à s’envoler du foyer sera désormais utilisé par les femmes… pour balayer, retrouvant une affectation qu’il n’aurait jamais dû perdre. » – Armelle Le Bras-Choppard

« De même, on met souvent les persécutions sur le compte d’un fanatisme religieux incarné par des inquisiteurs pervers. Or, l’Inquisition, avant tout préoccupée des hérétiques, a très peu pourchassé les sorcières ; l’écrasante majorité des condamnations ont été le fait de cours civiles. » – Mona Chollet

Économie et société

« En même temps, c’était dans les chambres de torture et sur les buchés sur lesquels les sorcières périssaient que les idéaux bourgeois de la féminité et de la domesticité furent forgés. » – Silva Federici

Il y a une grande condamnation de l’épanouissement sexuel chez la femme, le sexe devant être uniquement une façon de se reproduire. Il est évidemment un crime d’utiliser la contraception, l’avortement, ou toute autre manière de ne pas enfanter. Mène au crime reproductif.

La reproduction était extrêmement importante, c’était un devoir, un travail. On a capitalisé le corps de la femme.

Viennent des classes cultivées, subies la plupart du temps par le petit peuple.

La science

La science s’affranchit de Dieu et de l’Église. Cependant, on tombe dans l’instrumentalisation de la science pour confirmer que la femme est inférieure à l’homme, et pour la contrôler.

« Il faudra aussi attendre le XVIIIe siècle pour que les médecins découvrent que la jouissance n’est pas indispensable à la conception. » – Armelle Le Bras-Choppard

« L’affaire est déjà largement entendue, selon le syllogisme : un homme est un être humain ; une femme n’est pas un homme ; donc une femme n’appartient pas à l’humanité, du moins pas tout à fait, donc ressort de cette nature maitrisée. » – Armelle Le Bras-Choppard

Les différents motifs

Quand on y pense, pourquoi avoir passé autant de temps à chasser et à brûler des femmes si elles étaient « faibles et passives »?

La prise d’autonomie aurait dérangé au point de vouloir tuer les femmes? L’Inquisition fut une manière extrêmement violente et drastique de réprimer la femme…

Les sorcières tentent d’exterminer l’espèce humaine, ou utilisent les enfants comme offrandes, comme potions magiques ou pour s’en nourrir.

Se débarrasser des classes sociales pauvres?

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