Il fut un temps dans le moyen âge où l’on brûlait tout ce qui bougeait. Je parle bien de ces femmes veuves et athées à qui l’on pointait le doigt en les accusant de sorcellerie. Elles ont été mal traitées, l’inquisition et la chasse aux sorcières en ont fait plus de cent-mille victimes. Cent-mille femmes innocentes je dirais.

De qui découle cette pratique?

Pendant le moyen âge, l’église règne et détient le sort de chaque personne au bout de leurs doigts. Cette pratique provient du clergé. Un clergé à l’esprit misogyne il faut dire. Extrait d’un ouvrage LA CORRIVEAU : entre mythe et réalité de l’auteure Marie Fradette, témoigne de ce délire général : « En quelques semaines, les accusations se multiplient et des dizaines de femmes sont emprisonnées […] Paralysés par la frayeur que leur inspirent les sorcières, les habitants de Salem se terrent chez eux et sortent le moins possible ». Un exemple qui démontre l’emprise du clergé sur sa population. Une population apeurée par l’image d’une femme tout aussi apeurée d’être brûlée à mort sous son innocence.

À quand la révolution?

Il faut attendre jusqu’aux 20 siècles, plus particulièrement dans les années cinquante, pour que le sujet refasse surface aux yeux du grand public. « Un regain important a lieu dans les années 1950, notamment d’un point de vue historique, indique Maryse Sullivan. Les gens ne croient plus à la sorcellerie et souhaitent comprendre les révolutions mentales, l’impact des superstitions et le rôle que jouait la sorcière en société. Ils se sont demandé qui étaient ces hommes et ces femmes qu’on condamnait au bûcher. » Un public engloutit par cent ans de clichés et de mythes entourant la figure de la sorcière. En d’autres mots une sorcière à la peau verte, laide, vieille, au long née et qui vole sur un balai. Je pense particulièrement que ce cliché et l’image qu’on se fait de la sorcière vient de la représentation que les premiers grands films hollywoodiens en on fait. Je parle bien évidemment du magicien d’Oz ou de Blanche-Neige. C’est ce que W.I.T.C.H, Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell revendique l’image populaire de la sorcière. Elles ont pour but de revendiquer contre la domination masculine. Rapidement, plusieurs autres groupes de ce genre font apparition dans les années soixante-dix puis la figure de la sorcière devient un emblème du féminisme défendant principalement les droits à l’avortement.

Est-ce que la sorcière est une figure féministe?

Je pense définitivement que la sorcière est une figure féministe et je pense qu’il est magique de voir un groupe se lever et se battre pour les causes qui leur tiennent à coeur après des centaines d’années de souffrance et d’oubli. Sandrine Rousseau, candidate à la primaire EELV pour la présidentielle 2022, explique que les sorcières existent toujours, au centrafricain et en nouvelle guinée. Elles sont encore aujourd’hui mises dans des camps et puis brûlées vivantes comme l’église le faisait au moyen-âge il y a de cela des centaines d’années. Elle mentionne; « les procès en sorcellerie ont permis hier comme aujourd’hui d’accuser des femmes, de les torturer et de les tuer sauvagement, sur la seule base d’une dénonciation, de n’importe qui, n’importe quand. Ces procès, au-delà des femmes qu’ils ont visées, portaient un message clair : par la volonté d’une personne, tu pourras souffrir le martyre et mourir ». En d’autres mots, elle mentionne que la sorcellerie est l’excuse masculine pour faire du mal aux femmes, des femmes innocentes. Elle considère la figure de la sorcière comme étant un mouvement associant les femmes ensemble pour la liberté et l’indépendance.

Mona Chollet : « C’est assez étonnant de penser qu’aujourd’hui, la sorcière devient presque une superhéroïne. Traiter une femme de sorcière pendant des siècles, ça voulait dire la condamner à mort. Il y a une espèce de légèreté dans la manière dont on traite cet héritage qui est vraiment frappant et qui, je pense, est lié au fait que ce sont des femmes qui ont été exécutées et que la mort des femmes, c’est jamais très réel ni très grave. »

« Comme les supplices étaient publics, on peut penser que le fait de voir une autre femme brûlée pour avoir eu un comportement déviant, ça devait avoir un effet disciplinaire énorme sur l’ensemble des femmes. »

D’une autre part, je suis d’accord avec Laure Daussy, journaliste chez Charlie Hebdo, qui explique qu’aujourd’hui « la figure de la sorcière est prise, étrangement, au pied de la lettre. » Autrement dit, des milliers de jeunes femmes prétendent pratiquer la sorcellerie sans penser à la réelle signification de la figure de la sorcière. Une femme injustement opprimée par ses compétences; sage-femme, guérisseuse et considéré trop indépendante. Elle mentionne que les réseaux sociaux ont eu un tout autre impact dans le monde de la sorcière. Selon un sondage d’IFOP, 28% de la population croient en la sorcellerie, et même 53 % des femmes de 25-34 ans. Il est dommage de voir une telle augmentation, car cette idée que les saucières pratiquent la sorcellerie pour communiquer avec le diable vient exactement des idées de penser de l’époque du moyen âge. Rationnellement, la magie et la sorcellerie n’existent pas. La figure de la sorcière est une symbolique féministe parce qu’auparavant ces femmes ont été attaquées au niveau de leur liberté et de leur indépendance. C’est pourquoi « pratiquer la sorcellerie » est l’image de la sorcière plus antique créée de toute pièce par le clergé pour justement démoniser la liberté de ses femmes.

Source:

https://www.ledevoir.com/lire/579770/figures-litteraires-2-harpie-guerisseuse-et-embleme-feministe

https://ledrenche.ouest-france.fr/la-sorciere-est-elle-une-figure-feministe/

https://www.franceculture.fr/litterature/la-sorciere-icone-feministe-par-mona-chollet

https://www.lofficiel.be/art-culture/la-sorciere-nouvelle-figure-feministe

http://www.lecollectif.ca/le-mythe-de-la-sorciere/

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