Plan général de rédaction:

  1. L’inquisition et la chasse aux sorcières: les faits historiques/le déroulement/la dynamique: le contexte d’émergence de l’Inquisition, son fonctionnement général, courte histoire des faits généraux en utilisant le point de vue et en intégrant les interprétations des historiennes vu en classe, But est de comprendre pourquoi et comment la chasse aux sorcières se produit, ainsi que ces dégâts. L’évènement en tant que tel (le plus possible)
  2. La figure de la sorcière et plus largement celle de la femme; produit du Zeitgeist de la modernité: analyser clairement la figure de la sorcière en tant que représentant le bouc-émissaire d’une grande partie de l’Europe pour les conditions sociales, économiques, etc. Contexte idéologique générale, voir la sorcière comme un produit qui combine l’influence de la contre-réforme et le combat contre « l’hérésie » de l’Église ainsi que la modernité (distinction entre se qui est sujet et objet, traitement de l’objet, combat de la rationalité contre superstition) en l’unifiant dans une conception inséparable de la pensée et la réalité politique moderne. Aller plus en profondeur sur la figure de la sorcière en tant que telle, sa signification politique, sociale et historique.

Passages de Notes de lecture et réflexions

Dans « Regard sur la figure de la sorcière, ses liens avec l’État moderne et le féminisme » (Cours 1, Leçon 1)


“Afin de mener nos enquête(s), nous devons concevoir une méthode permettant d’éclairer le rapport entre les faits et leurs significations, l’importante distinction entre ce qui est public et privé, notre aptitude à évaluer à partir du contexte qui est le nôtre ainsi que le rapport entre l’individu et le social.”

Donc il faut s’intéresser surtout au processus de production de la signification, du moins au niveau social (en tant que société en entier), des faits ou des réalités. En effet, il semble qu’on peut étudier et établir des principes, des règles générales sur la manière dont un fait, un évènement, va se communiquer dans la société et va se poser dans l’histoire (la question historique est beaucoup plus large). C’est de voir comment quelque chose arrive dans une société, un fait social (qui implique plus qu’une personne et qui est d’une certaine importance à la vie commune), et comment se fait social est ensuite communiquer et comment celui-ci va se faire attribuer une signification ou va rentrer dans un ordre de signification autre. Donc ce qui pourrait être intéressant pour le travail, serait de voir comment ce processus se fait, mais en tant que processus en soi. Le but serait d’essayer de décrire de la manière la plus “neutre” possible ce processus là, voir quels sont ses traits fondamentaux pour pouvoir ensuite étudier généralement tous les passages ou “transactions” entre faits et significations (leurs aspects politiques, culturelles, sociales, économiques, etc.). 

Dans « Condition anthropologique » (Cours 2, Leçon 1)

Réflexion:

En effet, le monde social est à son cœur une représentation, c’est-à-dire que la société n’a pas de réalité ontologique extérieure, c’est nous qui la créons. Donc ce qu’on crée, la société, et surtout la partie qui reste purement idéelle de la société, qui ne va pas s’incarner dans une institution ou un pouvoir officiel quelconque, c’est-à-dire l’imaginaire, vont être des produits de nous, des êtres humains dans leurs conditions anthropologiques de chose pensante, de chose capable d’imaginer. Mais alors cet imaginaire, tout comme le reste de la société d’ailleurs, est relatif, c’est-à-dire qu’il peut changer. Donc dans le contexte de la sorcière, qui représente et a son origine dans un fait historique mais qui nous vient sous la forme d’un imaginaire, on peut adopter une attitude critique envers cette imaginaire. Celui-ci est fruit de la pensée, et tout comme nous l’avons créé, on peut l’analyser et potentiellement le critiquer pour essayer, le plus possible, de “rationaliser” notre imaginaire afin d’essayer de discréditer ce qui est absurde, faux, injuste, etc. C’est un “projet” et une mission immense puisque l’imaginaire est l’affaire de tout le monde, tout le monde le côtoie, y participe la plupart du temps, le supporte, etc. il faut donc fonder une société capable d’attitude critique envers l’imaginaire, capable de critiquer ce qu’elle produit (des idées, des jugements, stéréotypes, etc.) ou se qui lui est présenté et potentiellement de créer un imaginaire qui n’est plus le produit de superstition, d’absurdité ou le produit d’intérêt extérieur et d’idéologie, mais de rationalité collective, autant individuel que communicationnel.

Dans « Histoire de la sorcellerie » de Colette Arnould (dans Extraits de textes)

Chapitre: L’angoisse métaphysique de la Liberté

Bref, dans la période déjà trouble de la fin du moyen-âge/début de la renaissance, le religieux est mis en question, et avec lui, l’imaginaire, les sociétés, les systèmes politiques/économiques qui avait plus ou moins unifié l’Europe sont maintenant remis en question. Mais les périodes historiques sont perçues par ceux qui les vivent avant tout par les idées, par l’idéalité ou l’imaginaire général et ses changements. En effet, dans l’imaginaire collectif, la période du bas moyen-âge, qui va voir naître la chasse aux sorcières, est une période où le conflit et l’opposition entre le “bien” et le “mal” semble à son paroxysme, ou le jugement dernier est immanent et il revient au sort même de l’humanité de faire les choix qui vont déterminer si elle sera condamné aux enfer ou au paradis. Tout devient extrêmement dramatique, le mal semble de plus en plus fort et tout devient un combat pour que le “bien”, le bien dont chacun se désigne comme le porteur, l’emporte et affirme son empire sur tout et tous, peu importe le coût et peu importe ce que ça prend (on est dans l’esprit que la rédemption de l’Humanité en dépend). 

Donc, dans une situation d’insécurité, le paysage intellectuel est marqué par un combat du bien contre le mal, du message et des messagers de Dieu contre celui du Diable et les “hérétiques” qui le propagent. Tout est en place pour un génocide, pour trouver un bouc émissaire au malheur et au désordre politique, économique et sociale des grandes crises du bas moyen-âge, pour personnifier le diable dans un groupe, dans des personnes, dans des idées, etc. afin de soulager l’angoisse métaphysique de l’europe face à ce qu’elle croit comme la guerre finale et ultime contre le mal. 

Chapitre: De l’hérésie au crime de la sorcellerie

L’Église veut, plus que jamais, établir son contrôle sur les gens et sur les mœurs, mais sa simple condamnation morale de certaine personne et de certaine pratique ne semble plus assez forte, sa volonté de contrôle totale de l’humanité n’est plus possible simplement avec les discours. Pour préserver sa force et son contrôle, l’Église va vouloir renforcer le ton, renforcer son contrôle en “judiciarisant” sa morale, en faisant de ce qui est mal, l’hérétisme, illégal. En faisant cela, on voit que l’évolution de l’État moderne est inextricable de cette période. C’est que l’autorité morale de l’Église va utiliser les forces ainsi que l’autorité “légale” de l’État naissant pour permettre une chasse aux sorcières public sur un territoire donné. L’inquisition a alors la force morale que lui procure le religieux ainsi que l’autorité et la force “profane” que lui procure toutes ces institutions et ses pouvoirs terrestres. 

Source: Phaidon

Dans « Sorcières, la puissance invaincue des femmes » par Mona Cholet (dans Extraits de texte)

Chapitre: « UNE VICTIME DES MODERNES ET NON DES ANCIENS »

“À vrai dire, c’est précisément parce que les chasses aux sorcières nous parlent de notre monde que nous avons d’excellentes raisons de ne pas les regarder en face. S’y risquer, c’est se confronter au visage le plus désespérant de l’humanité. Elles illustrent d’abord l’entêtement des sociétés à désigner régulièrement un bouc émissaire à leurs malheurs, et à s’enfermer dans une spirale d’irrationalité, inaccessibles à toute argumentation sensée, jusqu’à ce que l’accumulation des discours de haine et une hostilité devenue obsessionnelle justifient le passage à la violence physique, perçue comme une légitime défense du corps social. Elles illustrent, pour reprendre les mots de Françoise d’Eaubonne, la capacité humaine à « déchaîner un massacre par un raisonnement digne d’un aliéné ».”

Ce qui est intéressant est qu’il semble que le personnage de la sorcière a des caractéristiques qui font que tout le monde peut l’haïr, il ne peut pas avoir de sympathie pour cette figure, c’est précisément dans la manière dont il a été construit. À la fois les croyants, en l’assimilant parfois avec le judaïsme et en lui conférant le but alléger de vouloir “détruire la chrétienté” et en la présentant comme affilié au diable, mais aussi par les “modernes” ou du moins ceux qui ne basent pas leurs avis sur la religion, qui voit en la sorcière le modèle de l’obscurantisme, de l’irrationalité et de la folie (c’est une image qui sera supporté par Francisco Goya par exemple, qui adhère fortement au début de sa carrière aux idéaux des Lumières). En effet, tout ce que tout le monde pouvait être d’accord, était que ce personnage était terrible, et méritait les pires châtiments. La sorcière est à la fois le bouc émissaire des Églises ainsi que des “anciens” mais aussi de celle des “modernes”.

Donc en fait le développement de l’État moderne serait peut-être une victoire de l’homme contre la domination de l’Église sur lui, en fait peut-être même plus précisément de l’homme riche, le nouveau bourgeois contre l’Église qui maudissait et empêchait son enrichissement, mais pour les femmes plus spécifiquement, cela semblent plutôt représenter une perte, une réduction de pouvoir, d’autonomie, de liberté. Le progrès a été relatif, c’en était un pour les hommes, mais pour les femmes, cela représente plutôt une perte de pouvoir. Comme dit dans un article de France inter: “comme s’il fallait “tuer la femme” pour créer “l’homme moderne”…” L’État serait, du moins dans sa création et jusqu’à il y a à peine 60-70 ans pour les femmes, l’institution ultime du patriarcat sous sa forme moderne, qui a légalisé et codifié l’oppression et l’exclusion des femmes dans toutes les sphères de la société. 

“Ce qui forme le dénominateur commun à ces deux ouvrages si opposés en apparence, la Démonomanie et la République, ce sont les femmes : dans un cas la répression d’un grand nombre d’entre elles, les sorcières; dans l’autre, la normalisation de la domination de toutes les femmes par le sexe fort, au travers de la théorie d’une souveraineté pensé et exercée au masculin, dans le privé comme au niveau strictement politique.”

Sources intéressantes

https://www.franceinter.fr/culture/la-chasse-aux-sorcieres-la-face-cachee-de-la-renaissance

https://www.franceculture.fr/emissions/les-tetes-chercheuses/les-femmes-au-moyen-age-loin-des-idees-recues

https://edisciplinas.usp.br/pluginfile.php/4300305/mod_resource/content/1/VARIKAS%2C%20Eleni.%20Feminisme%2C%20modernite%2C%20postmodernisme.pdf

https://www.cheneliere.ca/9895-livre-histoire-de-la-civilisation-occidentale-6e-edition.html

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