THÉORIE DE LA JUSTICE (1987):
Les principes de la justice doivent être acceptés par des personnes libres et rationnelles, désireuses de favoriser leurs propres intérêts, et placées dans une position initiale d’égalité. Ces principes doivent servir de règle pour tous les accords ultérieurs, ils spécifient les formes de la coopération sociale dans lesquelles on peut s’engager et les formes de gouvernement qui peuvent être établies. C’est la théorie de la justice comme équité.
Ceux qui s’engagent dans la coopération sociale choisissent ensemble les principes qui doivent fixer les droits et les devoirs de base et déterminer la répartition des avantages sociaux. Les hommes doivent décider selon quelles règles ils vont arbitrer leurs revendications mutuelles et quelle doit être la charte fondatrice de la société. Un groupe de personnes doit donc décider ce qui doit être tenu pour juste et pour injuste.
Dans la théorie de la justice comme équité, la position originelle d’égalité correspond à l’état de nature dans la théorie traditionnelle du contrat social. Elle est définie de manière à conduire à une certaine conception de la justice. Les principes de la justice sont choisis derrière un voile d’ignorance. Ceci garantit que personne n’est avantagé ou désavantagé dans le choix des principes par le hasard naturel ou par la contingence des circonstances sociales. Comme tous ont une situation comparable et qu’aucun ne peut formuler des principes favorisant sa condition particulière, les principes de la justice sont le résultat d’un accord ou d’une négociation équitable. « Justice comme équité» : les principes de la justice sont issus d’un accord conclu dans une situation initiale elle-même équitable.
La théorie de la justice comme équité commence par le choix des premiers principes qui définissent une conception de la justice, laquelle déterminera ensuite toutes les critiques et les réformes ultérieures des institutions. Vient ensuite le choix d’une constitution et d’une procédure législative pour promulguer des lois. La position originelle détermine un ensemble de principes. Donc, chaque fois que ces principes sont réalisés dans les institutions sociales, cela s’exerce entre des personnes égales et libres dont les relations réciproques sont équitables. La reconnaissance générale de ce fait peut fournir la base d’une acceptation par le public des principes de la justice correspondants.
Une société qui satisfait les principes de la justice comme équité se rapproche d’un système de coopération basé sur la volonté, car elle satisfait les principes mêmes auxquels des personnes libres et égales donneraient leur accord dans des circonstances elles-mêmes équitables.
Le problème du choix des principes est extrêmement difficile. La théorie de la justice comme équité est constituée de deux parties : une interprétation de la situation initiale et du problème de choix qui s’y pose, et un ensemble de principes susceptibles d’emporter l’adhésion.
La théorie de la justice comme équité est un exemple d’une théorie du contrat. Les principes de la justice peuvent être conçus comme des principes que des personnes rationnelles choisiraient et qu’on peut ainsi expliquer et justifier des conceptions de la justice. La théorie de la justice est une partie de la théorie du choix rationnel. La répartition adéquate des avantages doit se faire en accord avec des principes acceptables par tous les partenaires. Le caractère public que doivent avoir les principes de la justice, est connotée par la terminologie du contrat. Les doctrines du contrat insistent sur la nature publique des principes politiques.
La théorie de la justice comme équité n’est pas une théorie du contrat complète. L’idée de contrat peut être étendue au choix d’un système éthique plus ou moins exhaustif, c’est-à-dire comportant des principes pour toutes les vertus et pas seulement pour la justice. Une conception plus générale est suggérée par l’expression « le juste comme équité ». Mais, cette théorie plus large ne réussit pas à englober toutes les relations morales, puisqu’elle n’inclut que nos relations avec d’autres personnes, sans tenir compte de notre comportement à l’égard des animaux et du reste de la nature. Il faut donc reconnaître les limites de la théorie de la justice comme équité.