Quand on vit dans une culture dominante, c’est le contenu de l’œuvre qui cherche ou ne cherche pas à être engagé, qui se veut ou non politique. Mais lorsqu’on appartient à un peuple minoritaire dont la langue et la culture, menacée d’extinction, ont été la cible d’une politique d’éradication, faire acte de présence est un geste de désordre politique.

Traditionnellement, le désordre n’est pas une notion innue. Pour leur survie, ils devaient respecter l’équilibre de leur demeure naturelle. Les saisons et le cycle de vie des animaux régissaient leurs déplacements, leurs gestes. Tout Innu sait que venir troubler l’ordre naturel aura des conséquences.

Le désordre, chez les Premières Nations, a vraiment commencé avec la sédentarisation. Afin de prendre possession de la terre et de l’exploiter, le gouvernement a enlevé les enfants à leurs familles et a affaibli le nomadisme. La création des réserves et des pensionnats indiens a obligé les parents à se sédentariser. Quand ils ont construit les pensionnats pour que les autochtones apprenent à lire et à écrire, ils ont tué le nomadisme, ce qui a tué le territoire car des gens ont creusé la terre. Ils ont gaspillé et blessé toute cette terre qui était la survivance des nations. Les pensionnats avaient pour but de «tuer l’Indien dans l’enfant», comme c’est encore écrit dans la Loi sur les Indiens.

Il est impossible de vivre chacun de son côté aujourd’hui. Si la relation est basée sur l’égalité, l’échange, la curiosité et le respect de l’autre, l’harmonie apparait. Pouvoir du dialogue et de la co-naissance. Créer un nouvel ordre porté par des créations communes. C’est à travers des échanges personnels que nous pouvons atteindre l’universel. L’importance de sortir de la solitude pour faire entendre sa propre histoire.

Rêver d’une relation juste, de respect, d’égalité. Écrire pour être reconnus comme dépositaires d’une grande culture au même titre que les autres cultures et pour que les valeurs autochtones viennent enrichir la part commune de l’humanité. «Innu» signifie «être humain»

… À continuer

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