« Sois belle et tais-toi. »

Cet adage, largement repris, que ce soit comme titre d’œuvre cinématographique, comme titre de chansons, ou comme injonction à la féminité normative, atteste du rôle des normes de beauté dans notre société. Ces normes emprisonnent les femmes dans des représentations idéalisées de la beauté, que chacune tente d’atteindre au détriment d’une certaine liberté.

Blanche Neige et les 7 nains, premier long métrage de la production Disney, est une illustration parfaite de la manière dont les normes de beauté asservissent la femme.

L’intrigue du récit tourne autour dune guerre de beauté, opposant Blanche Neige, jeune et jolie princesse, à sa marâtre la reine, cruelle et hautaine, dont la seule crainte est qu’un jour la beauté de Blanche Neige surpasse la sienne. Cette crainte pousse la reine à une cruauté sans limite envers la jeune princesse. On remarque que le seul et unique désir de la reine est de demeurer la plus belle du royaume, balayant tout aspiration à être une femme de pouvoir, une femme intelligente. La beauté est valorisé socialement, elle permet à la femme de s’illustrer. La femme peut-elle s’illustrer autrement que par sa beauté ?

On peut également noter que Blanche Neige est recueillie par les 7 nains, dans un premier temps grâce à sa beauté, mais également car elle s’occupera des tâches ménagères au sein de la demeure : « Si vous me gardez, je m’occuperai de tout, je ferais la lessive, la couture, le ménage et la cuisine. ». Ceci témoigne de la place qu’occupe la femme au XXème siècle, elle est une ménagère, au service de l’homme, son occupation quotidienne doit avoir pour but de combler les besoins de son mari. C’est ce désir de plaire à l’homme qui l’asservit et qui l’empêche de se battre pour ses droits.

Ainsi se pose la problématique : Les normes de beauté contribuent-elle à l’asservissement de la femme par l’homme ?

La femme laide

La femme laide a toujours suscité un rejet, parfois de la haine mais jamais de l’indifférence. Elle n’a pas sa place dans le monde car elle ne représente aucun intérêt pour l’homme. Elle est non désirée, non charnelle et non fécondable. Elle n’est pas un objet de désir pour l’homme et de ce fait, elle ne mérite pas sa place dans la société. Elle est une ennemie désagréable pour l’homme mais aussi pour toutes les femmes. Les normes de beauté relayées au sein de notre société ont crées une scission au sein même des femmes, opposant les femmes laides aux femme laides. Ces normes de beauté prennent une place grandissante dans notre société, qui s’illustre de plus en plus par sa superficialité. L’hystérie de la mode des selfie et l’accessibilité de sa propre image ont développé un narcissisme industriel, qui exclut celles et ceux qui ne correspondent pas aux critères de beauté en vigueur : grands yeux, petit nez, petit menton, bouche charnues, pommettes larges et hautes.

La représentation de la sorcière, véhiculée par les nombreux outils culturels à notre disposition a participé à l’affirmation de ces critères de beauté. La vieillesse, le nez crochu, le menton en galoche, le dos courbé, l’asymétrie et la difformité, caractéristiques des sorcières, définissent la laideur. La laideur est associé au mal, à la souffrance, à l’enfer, à la sorcellerie, mais aussi à la méchanceté, à la folie et à la bêtise.

La laideur a toujours suscité du rejet. Les femmes laides ne peuvent vivre une vie paisible, elles sont constamment l’objet de moqueries, de harcèlement, de rejet. Un profond sentiment d’injustice nait de ce rejet, encore présent aujourd’hui, comme en témoigne Eldina Jaganjac, dans son interview pour Brut. 

Eldina Jaganjac, l'épilation, un moyen de contrôle sur la féminité?
 Depuis mars 2020, elle a décidé d’arrêter de s’épiler les poils du visage, simplement parce qu’elle n’avait pas envie de passer du temps à réaliser ces actions. Elle est convaincue que chaque femme devrait faire ce qu’elle veut de son corps. Ses photos sont devenues virales, et constituent une remise en cause des idéaux de beauté. Eldina Jaganjac considère qu’il est frustrant que les femmes doivent faire tant de choses pour avoir le droit d’exister et pour pouvoir sortir en société sans être harcelées. Elle souhaitent que le monde et les médias se concentrent plus sur les capacités et les talents des femmes, sur leurs idées plutôt que sur ce à quoi elles ressemblent ; ou ce à quoi on s’attends d’elles. Eldiina a reçu de nombreux commentaire d’hommes qui disent qu’ils n’aiment pas son apparence, alors qu’elle ne leur a jamais posé une telle question, tout comme elle a reçu des commentaires d’hommes qui disent qu’ils aiment son apparence, alors qu’elle ne leur avait pas non plus posé la question. Elle a été victime de harcèlement de rue, venant uniquement d’hommes. Certains médias ont répandues la rumeur qu’Eldina se serait laissé pousser les poils du visages dans le but d’éviter de mauvaises rencontres avec des hommes. Pour les femmes ; il est agaçant d’être toujours présentée dans les médias comme des personnes qui cherchent l’amour. Les choix que les femmes font ne sont pas faits dans le but de plaire aux hommes. Le marché de l’épilation et du rasage s’appuie sur le marketing et la publicité pour entretenir des diktats. La société dit aux femmes ce qu’elles devraient faire ou ce qu’elles ne devraient pas faire avec leur corps. Il y a de nombreuses règles dans la féminité, et ces règles ne viennent pas d’un choix, elles viennent de la peur. Être une femme ne devrait pas être le résultat de la peur. 

De nombreuses femme reçoivent des critiques concernant leur physique. C’est le cas de Susan Boyle, a elle aussi été victime de moquerie, de harcèlement et même d’agressions physiques pour la simples raison qu’elle ne correspond pas aux standards de beauté. En 2009, elle participe à l’émission télévisée « Britain’s got talent ». Dès son arrivée sur scène, elle est moquée en raison de son physique. Dès qu’elle a commencé à chanter, les moqueries se sont arrêtées. Susan Boyle semble montrer au monde qu’on peut être laide et talentueuse.

Féminisme et laideur

Les activités féministes enlaidissent les femmes puisqu’elles se détachent des hommes et de leurs désirs. La défense de la femme et de ses droits, ne peuvent que la rendre plus laide, puisqu’en obtenant ces droits elle s’émancipe du contrôle de l’homme. Depuis la naissance du féminisme, de nombreuses caricatures des féministes ont fait surface. L’enjeu de ses caricatures était d’enlaidir la femme, pour qu’elle ne puissent pas accéder au pouvoir politique. Seul ce pouvoir politique autoriserait une amélioration de la condition féminine et du droit des femmes. En enlaidissant les féministes, et en rejetant les femmes laides de la société, on s’assure de limiter les avancées en faveur du droit des femmes et donc de conserver le contrôle sur ces dernières.

Conclusion

Pour conclure, la tyrannie de la beauté, incarné par de nombreux diktats est bien présente dans notre société et résulte de croyances et de pratiques antiques. La représentation de la sorcières et la chasse aux sorcières ayant eu lieu lors de l’Inquisition témoigne de la volonté de contrôle de l’homme sur la femme’ l’homme souhaite que la femme se conforme à son désir et ses attentes, et c’est en cela que les normes de beauté asservissent les femmes. Elles se rendent esclave de leur propre féminité et se privent de certaines libertés pour ne pas être rejetées.

L’acceptation de la différence est un point fondamentale pour la libération des femmes.

Médiagraphie

Aparicio, M. (2020). Elle a arrêté de s’épiler les poils du visage. Brut.

Dortier, J.F. (2020) » La tyrannie de la beauté.

Hand, D » (1937). Blanche Neige et les 7 nains. Disney.

Vaillant, F. (2019). Femmes à travers l’histoire. TV5 Monde. https://information.tv5monde.com/terriennes/femmes-travers-l-histoire-sois-laide-et-tais-toi-278816

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