Les sorcières ont toujours été des figures importantes pour moi. C’était mes héroïnes d’enfance. Elles sont fortes, souvent des jeunes et jolies adolescentes et pleine de pouvoirs magiques! Je rêvais de pouvoir être comme elles. Il faut dire, je sortais du lot. Les jeunes enfants de mon âge en avant souvent plus peur qu’autre chose et cela me surprenais. Ayant donc accès à Internet à un âge beaucoup trop jeune, j’ai recherché l’origine de sorcière. HORREUR. Je me retrouve face et plein d’image de femmes et fillettes pendus. On les voyait comme des démons. J’ai tout de suite dissocié mon image des sorcières à celle de Salem. Or, avec ce cours, une question a commencé à me trotter dans ma tête. Comment sommes-nous passé à représenter les sorcières comme étant des démons à les démontré en tant qu’héroïnes? Afin d’en apprendre plus sur cette question, j’étudierais ainsi l’évolution de ces femmes magiques.
La sorcière à ses débuts
Même si ma sorcière est une jeune fille, son origine remonte à il y a bien longtemps. L’idée de la magie et de l’ensorcèlement existe depuis presque aussi longtemps que l’humain moderne! La mention du mot sorcière dans la langue française date presque du 10ème siècle:
Il y a un grand débat sur l’origine et l’étymologie de ce mot, mais sa première mention en français apparaît au milieu du XIe siècle, dans le Roman d’Éneas (1060).
Bernadette Arnaud interviewant Maxime Perbellini, doctorant au Centre de recherche historique de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris, spécialiste de la représentation des sorcières à la fin du Moyen Âge.
Même si l’origine de certaines caractéristiques de la sorcière reste encore inconnue à ce jour, tel que le balais, l’imaginaire commun à créer une image de la sorcière qui a longtemps durée: laide, peau presque verdâtre, vieille, méchante et surtout, une femme! Même si le mot « sorcier » existe bel et bien, on a souvent plus entendu parler d’hommes magiques sous le nom de « mage », « magicien » ou « d’ensorceleur » pour les dissocier de l’image commune de la sorcière. Puis, le 13ème siècle débute, l’Église monte de plus et plus et c’est le commencement de l’Inquisition. Durant cette période, l’Église a démonisé tout ce qui ne rentrais pas dans leurs normes. Elle réussit, même encore à notre époque, à contrôler des millions de personnes en les manipulant avec la peur, la peur de brûler pour toujours dans les feux de l’Enfer. Les sorcières faisaient donc évidemment partie de leur cible. Ainsi, les chasses aux sorcières débutent, voulant éradiquer le « mal » de ce monde. Voilà donc comment près de 30 000 personnes seront condamnées de sorcellerie et souvent exécutées, teintant ainsi l’image des sorcières pendant des siècles.
La monté du féminisme et l’image de la sorcière
Je dirais que l’image de la sorcière a commencé à changer vers les années 1950. Ce changement est extrêmement lié au milieu des arts, comme le cinéma, et la monté du féminisme de la même époque. Au début de vingtième siècle, le droit de vote vient d’être acquis aux femmes dans certains états aux États-Unis. En même temps, le cinéma commence vraiment à prendre sa place dans la culture médiatique du pays, avec Hollywood et Disney. Disney va longtemps représenter les sorcières de la « vieille » façon, parsemé avec l’antisémitisme de se cher Walt.
Le ressort de sa puissance mythologique : une bonne dose de stéréotypes sexistes (la sorcellerie comme bras armé d’une supposée vanité féminine et son désir d’inentamable beauté – un classique) et une grosse louche de psychanalyse des contes de fée (la sorcière, c’est la mauvaise mère, la mère-ogre, qui a volé le phallus à son époux et veut manger sa progéniture parce qu’elle ne supporte pas qu’elle lui succède).
Jean-Marc Lalanne
Mais, au même moment, les femmes se révoltent. Elles n’en peuvent plus d’être représentée comme étant faibles et ayant toujours besoin de se faire sauver. Et puis, dans les médias, sois une femme est belle, sois elle est forte. Elle ne peut jamais être les deux. En 1942, le film « I married a witch » devient une des, sinon la première représentation de la sorcière comme étant belle au cinéma. Mais bon, dans cette version, elle est gentille parce qu’elle a fait une erreur de sort, alors ce n’est pas encore une représentation géniale. Puis, en 1954, Maila Nurmi se fait offrir de jouer à la télévision le rôle de Vampira (non, ce n’est pas un vampire). Ce personnage est lui-même inspiré de la sorcière et de Morticia Addams dans les livres de 1938 de La Famille Addams. Maila Nurmi et le réalisateur de l’émission, Hap Weyman, avait compris quelque chose d’innovateur: Le sexe mélangé au macabre, ça vend. Vampira devient ainsi une femme à la télévision sexuellement libre, forte, belle et célibataire! Les autres dans son genre suivirent avec Lily Monster, les nombreuses adaptations de Morticia (C’est la première femme à la télévision qui est connue comme ayant implicitement des relations sexuelles!) et Elvira. L’image de la sorcière a donc changé en même temps que celle de la femme!

La sorcière héroïne
En 1962, Sabrina l’apprentie sorcière fait sa première apparition dans la bande-dessinée Archie et 9 ans plus tard, elle obtient sa propre série. C’est une mignonne adolescente, qui est également une sorcière! Elle devient tellement populaire qu’une télésérie la mettant en scène débute en 1996. Un an plus tard, le premier Harry Potter est publié. Cette série de livre met à l’avant de nombreuse jeunes et fortes sorcières. En grande partie grâce au succès de ce livre, le genre d’oeuvres mettant en scène des sorciers et sorcières explose de popularité au début des années 2000 et, à l’échelle mondiale. Au Japon, ce genre se mélange avec celui de Magical Girl, déjà connu là-bas. En France, Vanessa Paradis devient une ensorcelante sorcière dans le film « Un amour de sorcière ». En Italie, la bande-dessinée W.I.T.C.H. devient un succès mondial et aux États-Unis, Disney Channel présente en 2007 « Les sorciers de Waverly Place ».

Et maintenant?
Et maintenant, les sorcières sont toujours autant populaires. Sabrina a une nouvelles adaptations et Harry Potter est toujours autant connu. Je pense pourtant que les médias essayent aujourd’hui de faire une ambiance plus sombre que celle du début des années 2000. On va voir comment ça va évoluer. Malheureusement, tout ce que j’ai écrit, c’est dans notre optique de pays plus dévellopé. Dans certains pays d’Afrique, la chasse aux sorcières est encore active à notre époque comme en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Comme quoi, l’image de la sorcière évolue en même temps que son milieu socio-économique.