Leçon 3
La diversité des motivations et des formes d’organisation, que nous avons pu constater jusqu’à présent dans le contexte du Hip Hop, montre bien qu’elle rend les gens plus difficilement contrôlables.
Allant plus loin Scott prétend que parfois le discours caché des groupes dominés s’exprime publiquement sous forme masquée, par l’art, permettant une critique du pouvoir anonyme et inoffensive en son état.
Même si d’autres procédures sociales quotidiennes peuvent intervenir pour parvenir au même résultat, Scott focalisant sur la «performance», l’art manifeste distinctement la dimension «stratégique» de certaines situations — où une méprise des acteurs sociaux entre eux peut engendrer des effets de réciprocités positifs ou négatifs.
Poursuivons notre analyse. Voyez Work It de Missy Elliot, véritable oeuvre d’art, performance s’il en est de cette fabuleuse artiste. Ici encore l’espace public n’est plus le même mais surtout le rapport de domination lui-même est complexifié:
Nuancez votre analyse en interprétant la chanson de Missy Elliot dont vous pouvez trouver la traduction ici : Work It.
Attention à la suite! Cette nouvelle performance est renversante:
Que vient-il de se passer? N’y aurait-il pas diversités des motivations et des formes d’organisation?
Commencez-vous à saisir comment se passe le message et s’organise la résistance grâce au texte caché? Voyez-vous comment ce qui était contesté sous sa forme masquée devient de plus en plus explicite et rassembleur.
Personnellement je trouve que la musique amène de manière très subtile et bien fait les thèmes du féministe et du racisme systémique. Ce qui rapporte au dominant-dominé. Aussi, c’est un tout autre genre le Hip hop féminin du Hip hop masculin ce qui est très intéressant et devrait être mis d’avantage en avant.
Les enjeux du féminisme et du racisme systémique sont abordés assez subtilement. Le rapport dominant-dominé prend un tout autre visage dans le Hip Hop féminin. Contrairement au rap masculin, où le rôle de la femme est plutôt objectifié, le Hip Hop féminin dénonce les enjeux du racisme systémique tout en dénonçant la domination masculine dont les femmes sont victimes. La critique de l’homme est très bien introduite.
La musique de Miss Elliot faite ressortit les enjeux du féminisme et du racisme systémique de façon subtile dans sa musique.
Depuis longtemps et même encore aujourd’hui, les femmes qui osent dans la musique (scènes dénudées ou paroles sexuelles) ou qui font le travail de rue sont très critiquées par la société contrairement aux garçons qui sont plutôt félicités de leurs actes la plupart du temps.
De plus, elle dénonce la hiérarchie des dominants et des dominées puisqu’en tant que noir, tu dois travailler deux fois plus que quelqu’un blanc pour obtenir ce que tu veux parce que le système est fait de façon bénéfique pour les dominants (blancs).
Ce que je trouve intéressant dans le rap féminin c’est que le rapport dominé-dominant prend un tout autre visage. Comme dans Doo Wop de Lauren Hill, Missy Elliott pointe la dualité entre les hommes et les femmes, une dualité d’autant plus percutante que la proportion des femmes dans ce médium est largement moindre que celles de ses homologues masculins. L’image de la femme étant très souvent dégradante dans le rap masculin, la réduisant au statut d’objet, elle joue avec ce cliché et délivre une critique de l’homme très bien amenée. Et ceci nous rapporte au précédent chapitre sur le féminisme, nous rappelant que beaucoup de chose sont encore à faire concernant la position de la femme, bien que les grandes années de l’émancipation soient derrières…
Le tout revient à la dissimulation politique qu’explique James C. Scott. Afin d’être à l’abri du regard des puissants et ainsi éviter toutes formes de représailles, l’art de la résistance peut se faire malgré tout par la parole. L’action est toutefois ouvertement perceptible par le dominant, malgré la relation de pouvoir qu’il a face au dominé. En ce qui attrait à la parole, l’anonymat représente un moyen puissant de faire passer un message. Les euphémismes étant un moyen d’en rajouter au tout, tout comme l’action de parler dans sa barbe, par exemple.
Il est intéressant d’en apprendre sur les différentes méthodes qu’utilisent les dominés face aux dominants pour exprimer ou transmettre leur message. Cette forme masquée qui se retrouve dans le discours des dominés est d’autant plus frappante car elle ne déteint pas la violence, elle est inoffensive. Cela devient alors une manière très forte de provoquer publiquement , permettant alors une critique de pouvoir qui est anonyme, le tout par l’entremise de différentes formes d’art ou moyens d’expression. Les conséquences qui sont parfois engendrées par un acte infrapolitique quel conque, les dominés étant soumis à un régime autoritaire et parfois dangereux, sont alors mises de côté et le message peut toutefois être passé.
Je trouve en effet que la façon dont les choses sont déteint sans violence démontre encore plus de force dans le discours rapporté. Comme tu mentionne je pense aussi que cette manière permet de provoquer publiquement encore plus importante que si elle avait été fait de façon violente ou insultante, permettant du même coup alors critique relevé dans ton commentaire.