Leçon 2

Pour comprendre ce qui suit prenez soin de lire ou relire le texte de Scott intitulé: La domination et les arts de la résistance.

L’analyse des discours «public» et «caché» des dominants et des dominés révèle des contradictions, des tensions et des possibilités imminentes liées aux interactions de ces groupes. Pour James C. Scott rien de moins qu’une nouvelle manière de «comprendre la résistance à la domination» devient possible.

On peut  penser l’oeuvre de Scott en tant qu’un projet sociologique, proposant des outils d’analyse de décodage des discours publics et cachés, reconnut par chaque côté d’une division du pouvoir, permettant ainsi l’accès aux modes de résistance au pouvoir.

Comprenez que le texte public représente ce que les dominés disent en présence des dominants mais aussi ce que les dominants disent en présence des dominés. Or ce texte n’est pas le même que ce que les dominants disent entre eux ainsi que ce que les dominés se disent en l’absence des dominants; c’est en ce sens que le texte est caché.

Cette théorie s’applique-t-elle à l’univers du Hip Hop?

Voyez la vidéo suivante présentant un rap battle de rue (ou Dozen) et faites-en l’analyse à l’aide de la conception de notre auteur mais attention le niveau de langage peut déranger…

Que remarquez-vous? Que dit le texte de James C. Scott au sujet de cette confrontation?

Voyez maintenant cet autre rap battle impliquant le célèbre animateur de show télévisé James Cordon et l’un des plus important rappeurs de l’histoire Méthod Man, rien de moins:

Refaite votre analyse. L’espace public est-il le même?

Wild ‘N Out’s Hottest Wildstyle Battles ??

8 Replies to “Du «texte caché» au «texte public»”

  1. Le rapport dominant/dominé ce vois grandement avec le Bronx et les lieux qui l’entoure (ex: Manathan) mais aussi dans les habitants du Bronx entre eux. Le rap battle est selon moi une sorte de pratique pour eux de ce faire mettre au visage par leur adversaire, leurs problèmes de tout les jours car, comme on peu le constaté, ils ne réagissent pas. Un peu comme si pour de bon les autorités viendraient vers eux et ils sont comme entraînés à cacher leur misère même si elle est juste en dessous de leur nez. Exemple parfait de l’impact de la dominance sur les autres.

  2. En effet, la différence entre les deux vidéos est flagrante. Dans la première, on peut voir un ressenti général. Dans le sens que tout le monde vie et sent la même chose par rapport aux sujets abordés. Le but de ce rap battle est de dénoncer, d’attaquer et de se prouver face à des personnes qui se ressemblent. C’est réellement un art de la rue. Alors que dans la deuxième, ce ne sont que des insultes douces pour divertir un public qui n’est pas familier avec les rap battle traditionnels. Cette émission est faite pour les oreilles des « têtes blanches » et non pour les artistes originaux des rap battle.

  3. Le rap battle est fait pour se désensibiliser, devenir plus éloquent et faire sortir sa rage.
    Dans drop the mic, on pourrait penser que le discours public dénature l’essence du rap battle. Moi je pense que c’est un « step up ». C’est bien plus difficile et beaucoup plus efficace de se pratiquer en terrain hostile. On réprime un peu plus sa rage et on met tout dans la capacité à s’exprimer plus subtilement en restant efficace et compréhensible au grand publique. La différence entre les deux vidéos est flagrante et presque choquante, mais si on y pense, c’est peut-être le meilleur scénario possible pour l’art du rap battle.

  4. Personellement, je crois que le texte caché ne s’applique pas vraiment au Hip Hop puisque si l’ont regarde les paroles d’une chanson du Hip Hop, l’on peut voir que le message envoyé au dominant n’est pas très différent de celui que les dominer on entre eux à propos des dominant.

  5. L’essence du dozen est la suivante : se pratiquer à encaisser des insultes dans une optique où contrôler ses pulsions colériques peut être synonyme de survie. Dans la vidéo « old rap battle », cette essence est conservée. Le public est une foule d’afro-américains, ceux qui, comme nous le savons, sont à l’origine de ce concept. Jusque là, tout semble logique, bien que le recours à une telle violence verbale afin de se préparer à l’éventualité que les insultes proviennent des dominants soit absolument aberrant, non dans sa pratique en tant que telle, mais dans son origine.
    Dans le « rap battle » entre James Cordon et Méthod Man, le langage est beaucoup moins vulgaire, l’essence même du dozen est alors perdue. Le public assistant à ce duel est composé presque entièrement de personnes blanches, venues pour se divertir. Le caractère politique du « rap battle » est inexistant dans la deuxième vidéo. Les insultes (rigolotes, presque enfantines) visent seulement l’autre et non l’entourage de celui-ci comme dans les dozens.
    C’est une autre tradition qui n’appartient pas aux blancs et pourtant, ils ont tout de même trouvé le moyen de se l’approprier jusqu’à la téléviser.

  6. On voit clairement que dans les deux vidéos l’espace public n’est pas du tout le même. Dans le premier vidéo nous voyons clairement que c’est une manifestation d’un texte caché entre deux personnes d’une même communauté. Ils peuvent tout déballer sans avoir la pression de soigner leur langage et leurs expressions corporelles et non-verbales. Comme Bettina le dit si bien, ils ne sont pas dans un théâtre de civilité, ils sont libres de communiquer ce qu’ils ressentent de la manière qu’ils le veulent. C’est propre à eux, ce n’est pas dans le but de faire passé un message au groupe dominant. Ils auraient probablement utilisé quelques techniques de la dissimulation politique comme décrite par James C. Scott, si c’était le cas. On comprends bien que leur message ici est adressé à leur communauté et non à un plus large auditoire, ce pourquoi l’espace public est comme cela et non comme dans le deuxième vidéo.
    D’ailleurs, pour ce qui du deuxième vidéo, nous voyons ici que l’espace public est constitué de personnes faisant partie de la classe dominante et que l’échange entre celle-ci et la personne représentant la classe dominé est très différent. Ils sont, à ce moment là, dans un théâtre de civilités car ils sont là pour divertir le public et non pour revendiquer quoi que ce soit. Nous voyons très bien que les paroles évoqués sont beaucoup moins choquantes et que les deux partie ne sont pas dans un rapports de confrontation d’idée politique. Cependant, je suis d’accord avec Bettina sur le point que malgré la légèreté des paroles du slam entre les deux hommes, il y a une majorité de blancs dans l’auditoire et cela nous rappelle donc, qu’il y a toujours une relation de dominant et dominé.

  7. Dans le premier vidéo, on assiste clairement au slam d’un texte caché entre subordonnés. Le slam est ici utilisé à des fins communicatives entre membres de la communauté dominé. C’est un échange verbal sans crainte, méfiance et prudence. Le langage choque peut-être, mais c’est parce que nous ne sommes pas dans un théâtre de la civilité. Contrairement à lorsqu’on assiste à un texte public entre subordonné et dominant, ici nous somme dans un quotidien réel. on évoque la survie à la vie urbaine, les filles, la drogue, la soumission etc. Le message véhiculé par les acteurs du slam est sans but de compréhension public ou sociétal, mais plutôt strictement personnel entre les individus présents sur les lieux.

    Dans le second texte on assiste également à un slam, mais avant tout à un show de télé comme il est mentionné plus haut. Le but premier du slam, est ici d’impressionner, d’animer et de divertir. Peu importe ce que l’échange verbal contient, aussi important qu’il puisse être, étant donné la nature de l’échange (show télévisé), on accordera d’abord de l’importance au physique, à la personnalité et à la postures de chaque individus faisant la prestation. Parlant du message, on peut constater qu’il est beaucoup plus léger que celui contenue dans le premier slam puisqu’il aborde des choses tels que l’apparence physique, le mode des vies, les goûts personnels des acteurs etc. Ensuite, on peut remarquer que ce slam est d’autant plus différent que le premier, puisqu’il est récité par un noir, à la base subordonnée, et un blanc, à la base dominant. Durant leur échange, on peut percevoir le plaisir qu’ils ont, et la légèreté de leur échange et de leur relation. on y remarque également un contraste similaire, puisque le public du show de télé est majoritairement constitué de blancs dominants. Ces derniers rient, applaudissent et apprécient. Cela nous force à constater que les noirs sont en minorités au sein du show de télé, et nous ramène sans cesse aux relations de subordonné et dominant.

    Nous comprenons donc que l’espace public de ces slams est très différents. L’un s’adresse à une communauté précise et l’autre à un public large.

    1. J’ai trouvé particulièrement intéressant, un peu déconcertant, de voir derrière la scène, un public blanc. De voir un rap battle composé d’un homme noir et d’un homme blanc, qui se confrontaient devant un public blanc. Effectivement, les rap battles dont l’origine est plutôt triste, se voient aujourd’hui réappropriés par n’importe quel homme blanc qui le souhaite, et ce, sans tenir compte du contexte historique, social et surtout politique dans lequel il a prit racines. Cet art se pratique maintenant pour simuler un affrontement entre deux personnages, dans des vidéos, ou entre amis blancs dans une soirée. Je ne sais pas vraiment où me situer par rapport à ça.

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