Leçon 2

Cet autre extrait du texte de Jeff Chang montre bien que l’histoire du Bronx est indissociable d’une certaine conception du progrès, du développement du capitalisme de l’après guerre et de la valorisation de ce que nous pourrions appeler le néo-libéralisme. L’image en entête, accompagnant cette leçon, représente la tranchée creusée afin de réaliser la construction de l’Expressway traversant le Bronx.

Ce commentaire du biographe de Robert Moses au sujet de ce puissant promoteur immobilier de New York est significatif, instructif et profondément troublant : Robert Moses, l’homme le plus puissant.

Que faut-il comprendre lorsque Jeff Chang écrit : «(…) soixante mille résidents du Bronx se trouvaient pris dans les méandres de l’Expressway. Moses allait faire passer ses bulldozers droit sur eux. « Il y a principalement des gens dans le passage – c’est tout », disait-il, comme si les vies humaines n’étaient qu’un problème mathématique supplémentaire à résoudre. « Il y a très peu d’obstacles majeurs. »?

Que faut-il comprendre lorsque nous réalisons que la société de droit avec l’ensemble des règles qui la constituent engendrent des injustices?

Que faut-il comprendre lorsque l’idée même du progrès, les connaissances techniques et le développement économique issus d’un effort de rationalisation capitaliste entraînent la ségrégation et la répression?

  • Montrez qu’on retrouve ici un schéma similaire à celui que nous avons observé dans le contexte de l’histoire de l’Inquisition.

10 Replies to “Mouvement de masse”

  1. Selon moi détruire, éliminé, effacer quelque choses de différent, qui nuisent, ou qui importe peu que se soit politique, économique, religieux, cela sera du pareil au même surtout lorsque les décision sont prise par des gens qui ne comprennent ou ne veulent pas en voir l’importance. On veut progresser, on veut des avancés technologique, économique, mais à quel prix? On débarque quelque part et on met tout par terre sans en connaître la vraies valeurs seulement pour l’argent et l’avancée futur? Comme mentionnée plus haut et complètement en accord, leur capitalisme était un bulldozer pour les communautés pauvres et ségréguées et du coté de l’Inquisition c’était un bûcher pour l’émancipation de la femme et la différence. Pourtant ces deux classes de personnes n’ont rien demandé sauf de voir du progrès sans pour autant nuire a leur propre vie. Ils ont tout de même été victime d’un système beaucoup plus fort qu’eux. Le système gérer par des hommes riches de couleur blanche qui laissent peu de chance de pouvoir renversé les choses.

  2. Après ma lecture du texte de Jeff Chang, je conçois que les pouvoirs détenus par les dirigeants politiques n’ont peu de valeurs à contre parti de ceux qui ont l’argent. La politique est supposée représenter la parole du peuple, cependant elle est fortement influencée par les rois de la pyramide boursière. Le développement de l’Expressway n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des pouvoirs que s’accordent les grands hommes d’affaires. Comme la ville de Gary en Indiana, lorsque l’économie de la ville ou du quartier s’effondre et emporte avec elle les emplois, seulement les plus démunis qui n’ont pas pu prendre le train demeurent. Et comme démontré dans les deux situations, ce sont ceux d’origines afro-américaines et latines qui se retrouvent dans les décombres au bas de la pyramide.

  3. Si j’ai bien compris, Robert Moses est un homme qui, sans même gagner une seule élection, avait plus de pouvoir que le maire et plus de pouvoir que le Bronx au complet. Cela veux dire que le racisme systémique ne provient pas forcément juste de la politique, il provient aussi des sphères de la société qui détienne le monopole des capitaux. Ici l’argent avait le pouvoir de faire changer les choses pour le mieux, en aidant les plus démunis à construire un économie local. Il fût plutôt employé à le détruire à coup de bulldozer et de pelle mécanique.

  4. Le capitalisme de Moses était un bulldozer pour les communautés pauvres et ségréguées. L’Inquisition était un bûcher pour l’émancipation de la femme et la différence. Dans ces deux cas de figure, une force plus puissante, associée à la classe dominante (le riche homme blanc, dans les deux situations) et disposant de davantage de moyens (D’un côté, l’appui des lois concernant le développement en zone urbaine, la politique de «laisser-faire», la crainte des riches face à l’explosion imminente de communautés en proie à d’énormes injustices, le racisme systémique ; de l’autre, l’ensemble de la communauté religieuse, l’imaginaire collectif, la crainte des hommes de perdre le contrôle, la montée en puissance des peurs irrationnelles, le manque d’éducation, etc) veut à tout prix arriver à ses fins sans compassion pour toutes les vies et les avenirs détruits.

  5. Dans l’histoire de l’inquisition, les sorcière étaient un obstacle à la religion, donc on les détruits. Dans le cas de l’Expressway, des gens bloquaient bloquaient le passage, donc on les détruits. Je pense que c’est un homme qui représente la croissance économique face à l’environnement. Robert Moses avait peut-être du pouvoir, mais pas d’empathie et pas de logique humaine. La situation de cet homme est la parfaite représentation d’un homme contrôlé par son propre pouvoir.

    1. On voit bien que les choses se répètent mais on peut aussi se demander si le lien entre les deux situations n’est pas plus profond, qu’il ne s’agit pas d’une simple répétition mais bien de structure sociale, politique, économique qui serait similaire. Je crois qu’il y a là matière à de très intéressantes enquêtes!

    2. Je ne pense pas qu’il faut prendre la figure de l’obstacle de manière aussi littérale… Oui, dans les faits, des habitants de quartiers pauvres situés sur le tracé de l’ExpressWay empêchaient sa construction. Oui, selon nos livres d’histoire, les sorcières incarnaient une opposition, délibérée ou non, à la religion. Par contre, il me semble qu’il faut aller plus loin dans cette réflexion. Plus largement, les communautés des quartiers déshérités représentaient une menace pour l’ordre établi, pour le futur brillant que Moses promettait à Manhattan. Comme Jeff Chang l’explique dans Nécropolis, Moses voulait «épargner à Manhattan le spectacle de la laideur». Son plan était carrément de «domper» les familles noires et latinos dans des «tours dans un parc» pour maximiser le rapport coût-efficacité. C’était une vision froide et déshumanisante de la situation, bien caractéristique de cette époque où le gouvernement ordonne même un «retrait programmé» dans ces quartiers «irrécupérables». En effet, il prévoit retirer tranquillement les services de santé, de lutte aux incendies, de police, de nettoyage, de transport, mais surtout, d’éducation. En bref, il supprime toute possibilité d’avenir pour ces jeunes issues de communautés pauvres. Après, inutile de se demander pourquoi «Le Bronx est en feu»…

      1. Avec l’image de l’obstacle, on peut comprendre que nous sommes devant un phénomène d’objectivation indissociable d’un effort de rationalisation capitaliste, instrumentale etc.

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