Leçon 4

L’émergence du Hip Hop dans le South Bronx représente une extraordinaire occasion de penser le problème de la résistance politique en lien avec les pouvoirs qui le traversent ainsi que les tensions structurant ce phénomène culturel devenu mondial. D’une part, car nous avons accès, contrairement à l’histoire de la sorcellerie, à un monde d’archives facile à consulter et d’autre part parce que nous formons déjà, qu’on le veuille ou non, une partie du public cible. Public-spectateur certes mais qui peut aussi s’exercer à découvrir le rap, le break et les graffitis en fonction de leurs tensions éthiques et politiques. L’une de ces tensions est celle qui implique le rapport qu’entretient, dans nos sociétés, le libéralisme et le communautarisme. Cette tension est si forte qu’elle participe de l’essence de la culture Hip Hop.

Cette vidéo, du rappeur québécois Le Connaisseur est intéressante à écouter pour lancer l’enquête et la réflexion:

RÉFLEXIONS

Cette autre entrevue pourra vous intéresser, elle est toute récente :

***

Comprenez-vous clairement que le travail d’analyse auquel nous nous prêtons consiste en un effort d’interprétation?

Que nous nous intéressons à des productions artistiques dont la signification peut être cachée, plus ou moins évidente ou subversive?

Que nous ne sommes pas neutres?

6 Replies to “Émergence du Hip Hop et Montréalité.”

  1. Le Connaisseur Ticaso soulève bien que dans la street, ce n’est pas le rappeur qui est respecté, mais bien le gars de la street qui rap. Dans cette optique, le « moi social » prévaut sur le « moi artistique ». Ce débat quant à la distinction entre l’artiste et son œuvre est bien actuel, une question s’impose alors : la séparation entre le « moi social » et le « moi artistique » relève-t-il d’un privilège politique?

  2. La montréalité est une idée partagée d’une sorte de personnalité de Montréal véhiculée par divers acteurs urbains et par différents médias, et elle est éventuellement reconnaissable par ses habitants

    Dans le corner, c’est l’endroit où tout se passe, les combats, la vente de drogue, la rencontre de nouveaux membres… Avec cette musique, on dirait qu’on n’a plus besoin de faire de recherches sur la rue parce qu’elle est vraiment bien détaillée

    Je ne suis pas d’accord avec le fait qu’on interdît aux gens de ne pas rapper en sortant de la prison parce que ça touche à leur liberté d’expression. La prison n’est pas du tout un lieu agréable, donc écrire tout ce qu’on a vécu dans cet endroit, les bons moments comme les mauvais et faire de ça une chanson comme passion, je pense que ça peut être une bonne initiative. Les interdire accentuerait le taux criminalité.

    Le Connaisseur Ticaso explique dans sa vidéo qu’un travail routinier n’est pas du tout faite pour lui parce qu’au bout d’un moment, il va tanner. Pourtant, en étant artiste de rap, il peut lui-même gérer son temps et décider d’enregistrer quand il veut au studio.

  3. Il est encore imprécis de savoir si le rap peut être vue comme un travail juste, cependant pour que les rappeurs remportent le droit de rapper à leur sortit de prison, ils doivent utilisés des sujets n’incitant pas à la violence. Malgré l’effort de certains rappeurs, les agents de prohibition ne soutiennent pas le mouvement et ils mettent des bâtons dans les roues à ceux-ci. Selon moi c’est injuste de ne pas s’exprimer librement à cause de leurs erreurs du passé et surtout dans le cas du Connaisseur Ticaso à cause d’une personne en particulier. Le rap du Connaisseur Ticaso décrit peut-être de la criminalité, mais j’ai trouvé intéressant de découvrir le « hood ». C’est un mode de vie à laquelle ces individus ne peuvent pas choisir… Ils ont grandi avec cette mentalité et nous la nôtre et c’est pourquoi nous avons de la difficulté à se comprendre mutuellement. Ils peuvent socialiser dans « le corner » à travers un échange de drogue tandis que nous socialisons à l’école dans un échange philosophique…

  4. Nous ne sommes pas neutre. Clairement je comprends mieux cette phrase maintenant. Nos valeurs, nos modes de vies, nos entourages et nos enquetes motivent et teintes nos idées a caractère politique. La montréalité définit simplement les activités typiquement montréalaises, dans le hood on fait comme ca; vendre, socialiser et règler nos comptes « sur le corner ». Meme si on habite dans la meme ville, nous n’avons pas les memes mentalités, Le connaisseur et moi, c’est surement une démonstration que de nos jours: « Il y a trop de public, un public trop diffus, trop éparpillé et trop embrouillé dans sa composition ». (jonh Dewer) Je trouve ca inspirant que la résistance politique passe par le rap, qui d’ailleurs est pareille au slam, propos qui différencie simplement la culture blanche et noir, c’est un acte puissant et fort qui permet a tant d’autres de s’allier derrière les paroles du chanteur. Je me pose la question si, par défaut, le rap ou le slam se veut etre engagé?

    1. La question à la fin de ton commentaire m’interpelle! Je pense que le rap et même le slam est une forme d’art engagé car ils sensibilisent à une réalité vécue, comme celle dans la rue, tout en dénonçant la situation et voulant que les choses changent. Ils expriment de cette manière ce qu’ils attendent de la vie et de la société. Je suis totalement d’accord avec toi sur le fait que la résistance politique passant par le rap est un acte puissant et fort et permet par le fait même de pouvoir s’identifié aux messages passés ou même donner envie de se rallier à la cause défendue dans les paroles.

    2. J’aime beaucoup la petite ouverture à la fin. Pour moi, il est clair que oui. L’intention de cette forme d’art oratoire est de dénoncer l’oppression que certaines minorités visibles vivaient au quotidien. Comme l’a dit le Connaisseur Ticasso dans son interview, tu ne fais pas du rap pour impressionner les gens du hood, c’est plutôt pour conscientiser, d’amener le public extérieur à réaliser ce qui se passe entre les oppresseurs et les oppressés. Puisque les médias, qui contrôler l’image que le public associe à ces groupes, couvrent les enjeux du point de vue des oppresseurs, le rap offre la facette des oppressés face aux discriminations qu’ils subissent.
      Faire du rap, c’est également une forme de libération pour ces artistes en tant qu’individus. L’effort de mettre ses idées et ses sentiments en phrases rythmiquement et linguistiquement intéressantes, permet aussi de se réconcilier avec un sort injuste et hors de son contrôle.

Répondre à Gabriel Abran Annuler la réponse

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *