Leçon 3
La section du texte de Jeff Chang intitulée «Mauvais chiffres» nous amène à réfléchir la question de l’injustice afin de mettre en lumière la forme de résistance politique que représente l’invention du Hip Hop et plus généralement le recours à l’art pour transformer la société.
Souvenez-vous de la tension s’exprimant à travers la mise en opposition du libéralisme et du communautarisme. Ainsi que les critiques que chacune de ces conceptions politiques s’adressent. D’un côté nous avons l‘individu qui doit se conformer à des idées abstraites et communes tout en cherchant le sens de sa vie en privé. De l’autre cette importance accordée aux liens sociaux et à la valorisation des différences. (En situation de pandémie, on ne peut que mieux réfléchir cette opposition.)
Lorsque la société de droit engendre des injustices, comment fait-on pour recoudre le tissu social? Cette question est incontournable, ou bien nous fermons les yeux ou bien nous les ouvrons.
Un excellent moyen pour lancer votre réflexion à ce sujet consiste à écouter, analyser et pourquoi pas méditer l’une des premières chanson issue du rap engagé : Grandmaster Flash The message. Vous pouvez aussi écouter la version vidéo : Grandmaster Flash & The Furious Five – The Message
Connaissez-vous Tanya « Sweet Tee » Winley? Une des premières rappeuses de l’histoire, elle fera du rap engagé ou conscient avant Grandmaster Flash, difficile d’être insensible à cette chanson et à cette voix au sens fort du terme!
Mettez vos écouteurs et demandez vous:
Qu’est ce qu’il y a dans l’art qui permet de sublimer le malheur et la souffrance engendrés par les inégalités, le racisme et le mépris?
L’art se présente comme moyen de sublimation d’un mal-être, d’une inquiétude, d’un sentiment inexprimable autrement (l’art offre de nouveaux langages) : une œuvre est ce qui se présente d’abord comme nécessité. Les artistes de la résistance intériorisent les conflits sociaux dans une optique de sublimation : tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime. C’est lorsque ces conflits s’impriment que l’on assiste au réel danger : une communauté (ou un seul individu) empreinte d’un désir de révolte inexprimé peut basculer dans la violence.
L’art raconte et traverse une histoire, c’est un moyen de transgresser les tabous et de d’exprimer son subconscient. J’adore la musique, car souvent, c’est par l’écoute de celle-ci qu’on se permet de vivre certaines émotions enfouies. L’art permet de raconter ce qu’on vit en s’amusant en le faisant, pour que le message passe plus facilement aux oreilles ou aux yeux des autres.
Une des beautés de l’art est sa transmission et les emprunts qu’il peut y avoir à travers les époques. Un exemple est le vers » It’s like a jungle sometimes and it makes wonder how I keep from going under » de la chanson Grandmaster Flash and the furious five, qui a été repris par le groupe de rap Québecois dans Montréal $ud : https://www.youtube.com/watch?v=ZLgsSG_jSC0 .
https://www.youtube.com/watch?v=ODixWkkcneM
Ta-Nehisi Coates publie un livre en 2015 intitulé ‘Between the world and me’ ou, en français, ‘Une colère noire : lettre à mon fils’. Il y explique, d’une manière particulièrement touchante, son expérience en tant qu’Afro-Américain dans le but de préparer son fils de 15 ans à ce qui l’attend en tant que Noir aux États-Unis. Dans le vidéo ci-dessus, il explique la peur constante qu’il ressent depuis l’âge de 4 ans; j’oserais dire que cette angoisse est la ligne directrice de son œuvre. Pourtant, cette peur lui a permis de créer malgré son enfance à Baltimore et le racisme qui l’entourait en tout temps.
L’art, que ce soit la littérature, la musique, la danse, la peinture ou autre est un mouvement de résistance. À mes yeux, les plus grands artistes sont révolutionnaires et avant-gardistes de par leur besoin viscéral de combattre leur malheur. Les Afro-Américains combattent depuis 400 ans ce racisme et ce mépris; l’art comme moyen de résistance date. Nous pouvons penser aux champs gospels des esclaves, montrés dans cet extrait de ’12 years a slave’ (https://www.youtube.com/watch?v=7oFcFzJT7Tw), qui ressemble à la combativité d’aujourd’hui via le ‘black joy’ que démontre si bien @yvesdropper en dansant devant les statues de personnages terriblement racistes dans le sud des États-Unis (https://www.instagram.com/p/CFFwotRBJMG/) ou les rythmes saccadés de Joey Bada$$, un rapper né dans le East Flatbush à Brooklyn, en duo avec Chronixx, un chanteur jamaïcain qui a fait plusieurs performances aux États-Unis (https://www.youtube.com/watch?v=2hVRs1sUubc).
L’art peut permettre de s’échapper, d’analyser, de combattre d’une façon autre que la violence. Le rap est apparu dans les conditions les plus épouvantables caractérisant les régions de New York réservées aux groupes racisés qui y habitaient dans les années 70. Les champs gospels sont apparus durant les pires années de l’esclavage aux États-Unis. L’appartenance à un groupe qui, en soit, ne partage pas forcément les même références culturelles est née de l’idéologie raciste de la hiérarchisation des r*ces, particulièrement forte dans le sud des États-Unis (même si l’hégémonie des ‘Blancs’ ne s’arrêtent pas à ses frontières). Profiter de cette idéologie pour s’unir et créer est phénoménal. Combattre cette suprématie par l’art est, d’après moi, une des plus belles traditions de désobéissance.
L’art raconte et traverse une histoire, c’est un moyen de transgresser les tabous et de d’exprimer son subconscient. J’adore la musique, car souvent, c’est par l’écoute de celle-ci qu’on se permet de vivre certaines émotions enfouies. L’art permet de raconter ce qu’on vit en s’amusant en le faisant, pour que le message passe plus facilement aux oreilles ou aux yeux des autres.