Cours 1

Nous vivons dans une société d’injustices et de consommation. Lorsque le hip-hop a commencé à surgir sur la scène populaire, plusieurs enjeux et assujettissements ont commencé à être dénoncés par cette forme artistique musicale. Cependant, cela a amené des représentations et préjugés sur les groupes de personnes qui ont construit cette forme d’art: plusieurs grosses chaines en or autour du cou, des autos qui sont très couteuses, des actions illégales, de l’argent, bref un excès de richesses matérielles et d’illégalité. Cela introduit la question suivante: pouvons-nous dénoncer des injustices intersectionnelles sans en valoriser d’autres?

(Le fait que la dénonciation des agressions sexuelles envers les femmes ait développé un mouvement de haine envers les femmes est un parfait exemple de ma question initiale selon moi.)

https://thebottomline.as.ucsb.edu/2020/11/kill-all-men-on-humor-and-trauma

Ce que nous avons remarqué avec la figure de la sorcière est qu’il y a plusieurs formes d’assujettissements dans la société et que l’inquisition était impliquée politiquement. En d’autres mots, nous avons pu comprendre que la violence liée à la rationalisation est prônée et nourrie par la modernisation de la société/la modernité. Lorsque le rap apparaît, le point de vue de la résistance diplomatique est donc adopté. La question des luttes politiques des années 80 et 90 est la suivante: comment pouvons-nous résister à la suprématie totale et absolue de certains pouvoirs? Le hip-hop nait alors mettant en lumière une nouvelle forme d’art et d’expressions sociales: la philosophie dans la musique. Les rappeurs sont majoritairement en combat contre quelque chose dans leurs paroles. Ils disent leurs représentations personnelles des choses et dénoncent l’injustice instituée par nos gouvernements. Le rap, c’est des tensions entre l’individu et la société, la souffrance et la joie, le sujet et la communauté, tout ça mis sur une mélodie. C’est un paradoxe qui montre un contraste étonnant. Le fait de ressentir ces contradictions à travers une musique amène le public à voir différents points de vue des leurs, concernant les sujets touchés. Voici une des vidéos de mon groupe préféré Brockhampton qui représente bien les tensions mentionnées plus tôt.

Une des plus importantes tensions dans le hip-hop est la distinction entre le public et le privé qui organise la société. L’idéologie politique du libéralisme instaure une primauté des droits de la personne sur la nation et prône l’individualisme et la neutralité sociale tandis que le communautarisme défend le vivre ensemble, l’expression des différences et le droit aux communautés. C’est cette tension qui définit la majorité des débats politiques et qui divise les sociétés. Ces deux idéologies sont complètement à l’opposé. Cette divergence sociale créée des victimes puisque les deux régimes de pensées ne peuvent pas vivre simultanément. Le hip-hop dénonce encore aujourd’hui cet effet négatif fabriqué par les institutions puisque la majorité des groupes persécutés par cela sont les minorités du monde, dont les Afro-Américains, qui bâtissent la majorité des figures connues dans le monde du rap.

Cours 2

Qu’est-ce que l’art? C’est difficile à déterminer. L’art est plusieurs choses à la fois, c’est une contradiction en tant que telle puisqu’elle contient une violence contenue et intérieure ainsi qu’une paix visuelle, une harmonie artistique. Puisqu’elle est rattachée directement à nos émotions, nous expérimentons l’art dans notre imaginaire, dans notre tête ce qui influence notre réalité et nos perceptions des sujets concernés et abordés. Comme le hip-hop le démontre si bien, l’art permet de véhiculer des messages politiques afin d’influencer et de rassembler les masses. Dans un sens, l’art est nourri par les impasses sociales, les injustices et les problèmes humains vécus. Les problèmes sociaux et les inégalités humaines sont-ils nécessaires pour garder l’art expressif et pertinent? Selon moi, nous avons répondu à cette question par le fait que l’art est une expérience qui est créée par le vécu. L’art est branché sur la vérité, ce qui fait tenir ensemble simultanément des contradictions. Dans un sens, oui l’art a besoin des injustices pour pouvoir toucher les publics. Cependant, l’art peut aussi exister à travers la reproduction, la représentation, la mise en évidence, etc. Selon moi, tant que l’humain pourra réfléchir, l’art continuera de vivre.

Plusieurs personnes ne trouvent pas l’importance dans l’art. C’est pourtant nécessaire aux sociétés et aux humains, selon moi. Sans arts, nous n’avons pas accès à cette culture qui nous fait réfléchir et s’extérioriser. En d’autres mots, comment pouvons-nous pour résister à l’hégémonie intersectionnelle si nous n’avons pas de contact à des canaux de dénonciation légaux et indépendants de l’État? Le fait que l’art soit accessible à tous permet aussi à cet effet de rassemblement et d’influence sur le public, ce qui est de plus en plus, selon moi, copié par les réseaux sociaux qui commencent à éclipser la population aux réels enjeux planétaires. Ce n’est pas normal de parler de Kanye West à TVA, quand une guerre se passe à l’instant même en Iran et qu’il y a bel et bien du racisme au Québec. Je n’imagine pas comment les minorités faisaient pour survivre à l’époque, lorsque les réseaux sociaux n’existaient pas et qu’ils n’avaient aucun moyen de communiquer avec le monde extérieur.

Maintenant conscients de cela, je trouve qu’il est plus facile de comprendre les raisons de l’émergence du hip-hop et du rap. Les communautés afro-américaines du Bronx étaient totalement coupées du monde dans une ville déchue et assiégée par la ghettoïsation. C’est normal selon moi que plusieurs personnes aient décidé de créer une forme d’art pour dénoncer leurs problèmes sur une musique dansante. De cette manière, il est plus simple d’écouter un manifeste délateur et de le rendre populaire pour les bonnes raisons, puisque nous pouvons seulement nous concentrer sur la mélodie. D’ailleurs, il est compréhensible que la tension entre la légalité et l’illégalité soit autant présente dans le hip-hop. Les rappeurs disent d’une manière, que s’ils ne peuvent pas subsister avec les lois et les droits de la société, qu’ils vont survivre en dehors des normes. Cela est valorisé dans la majorité des lyriques du rap et c’est justifier par le contexte social des impasses que ces minorités vivent.

graffiti par Banksy à Londres
graffiti par Banksy à Londres

Banksy, cet artiste anglais est un bon exemple de ce que je viens d’expliquer. Banksy a commencé à apparaître dans les rues, et ce partout dans le monde, au début des années 90. Cet artiste graphiste a toujours gardé son anonymat, donc son identité demeure cachée aux yeux du public. Plusieurs personnes ont donné leur opinion sur ce sujet, mais pour moi, la raison est claire. L’artiste dissimule son identité pour ne pas être sanctionné et pour conserver son art en vie. Étant donné que Banksy est connu pour son humour noir et sa dénonciation de sujet assez lourd et controversé, il reste dans l’incognito pour ne pas avoir à mettre un stop à sa carrière d’artiste. Dans plusieurs pays, les graffitis sont considérés comme du vandalisme. Même si Banksy est perçu comme artiste aux yeux du public, pour ceux de l’État, il est vu comme une personne qui est dans l’illégalité. Pour des raisons très similaires, la majorité des rappeurs ont des noms de scène, ce qui leur offre un minimum d’anonymat. Étant donné qu’ils critiquent la société et les gouvernements, ils ont décidé qu’il serait mieux de ne pas dévoiler leur identité au complet. En plus, lors de l’émergence du hip-hop, les rappeurs faisaient majoritairement partie des communautés minoritaires, ce qui n’aidait pas à leur percée dans le domaine public, d’où le besoin de rester dans l’ombre.

Cours 3

Pourquoi plusieurs groupes de personnes courent le risque de se mettre en danger pour résister politiquement? C’est simple selon moi. Grâce à une durée de temps, une temporalité, le public se rejoint et devient capable de se révolter validement. De nos jours, l’a politique ‘État n’est plus vraiment démocratique puisque les politiciens nous promettent tous la même chose, en différentes polices, sans respecter leur parole. En d’autres mots, nous nous faisons dire plusieurs choses publiquement, alors que toute la vérité des décisions qui impactera nos vies nous est cachée dans la Chambre des communes ou en conversation privée entre personnes détenant du pouvoir. Malheureusement, cela impose une dynamique, une relation de dominance, sur la population. Il y a les dominants (politiciens, réseaux sociaux, les taux d’intérêt, etc.) et les dominés (le peuple). Il devient alors facile d’entretenir un rapport complètement basé sur les apparences puisque la ligne entre dominants et dominés est très faible. Nous n’échapperons jamais de cela dans la mesure où la modernité fonctionne grâce à l’importance que nous plaçons dans les rôles publics. Selon moi, tout cela est bâti de cette manière, à cause du capitalisme qui nous forcent et nous «brainwash» à évaluer notre succès et le niveau de notre réussite sociale. Comme l’assujettissement et la violence faite aux femmes nous sont institués, le fait de devoir se plier aux caprices du capitalisme et des secrets de nos dirigeants l’est encore plus. Un bon exemple de cela est la récente inflation qui s’est produite mondialement. Même si le coût de l’essence a augmenté, la population a continué à mettre du pétrole et à conserver leurs habitudes qui leur tire dans le pied. C’est l’équivalent chose pour tous les autres produits alimentaires, etc.

https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220720/dq220720a-fra.htm

Cependant, comme James C. Scott l’a souligné, avec une répétition de regroupement entre dominés, le discours caché des dominants devient de plus en plus public. C’est de cette manière que les résistances politiques, les manifestations et les dénonciations se créées. Il y a quelque chose d’énormément communautaire dans cela, que je trouve très important. Ce n’est pas en se mettant à dos tout le monde que nous allons réussir, mais bien en établissant des liens et en combattant ce qui nous brime, ensemble et en groupe se soutenant. Avec cela en tête, je trouve que l’idée du libéralisme est complètement désamorcée et dénuée de toute importance. Cependant, je trouve très bizarre que ce soit le plus en public que nous banalisons les choses. Lorsque nous sommes en groupe, ou même en classe, par exemple, nous nous contentons de ne rien dire et de garder notre opinion pour nous même, comme si nous avions peur de froisser quelqu’un, quand notre perception est demandée. Dans une autre optique, on pourrait penser que c’est parce que nous savons que nous n’allons rien changer puisqu’une personne ne peut pas faire grand-chose. L’individualisme nous est quand même institué. Cependant, c’est en regardant des individus comme Greta Thunberg, Rosa Parks, Trump, Kanye West, etc. que nous avons une preuve concrète qu’un seul être peut rallier ou faire agir plein de communautés et de personnes derrière ou contre elle. Dans un sens, en ne répondant plus à ce qui est attendu et prédéfini par notre position sociale, nous résistons politiquement.

Bande-annonce du film «Scandale» réalisé par Jay Roach

Je vous conseille d’écouter ce film. Je trouve que ça montre un excellent exemple du discours caché et du discours public ainsi que le fait de se rassembler nous permet de dénoncer plusieurs choses.

C’est exactement avec ce genre de rassemblements, des rassemblements de gangs de rue, par exemple, que nous pouvons comprendre comment le rap est devenu une forme d’art qui résiste politiquement. C’est en étant complètement découragé et éreinté de devoir vivre dans de la misère (surtout quand il est facile de voir que ses voisins vivent dans le privilège de ne pas savoir ce qu’eux éprouvent), que les habitants du Bronx ont commencé à se rassembler en chansons et en paroles pour pouvoir résister au gouvernement, dans l’espoir de changer quelque chose. Une fois que le hip-hop a été dans la capacité d’obtenir un espace public sécuritaire qui les écoutait complètement, plusieurs rappeurs sont apparus dans cet espace d’une manière très spéciale, le mouvement de dénonciation et le discours de protestation du hip-hop a lentement commencé à se transformer. Surtout maintenant, en 2022, le rap ne représente plus exactement la même chose pour tous les rappeurs. Selon moi, cela s’est produit à cause de la mentalité que nous avons de vouloir faire de l’argent et d’avoir du succès. C’est la même chose dans le monde des arts visuels. Certains artistes, comme Damien Hirst, font de l’art seulement pour avoir un revenu qui excède la moyenne ainsi qu’une réussite publique. C’est triste, selon moi, puisque la gloire n’est plus située dans le Spectrum de la pertinence de quelque chose, mais bien par le montant d’argent auquel elle a été vendue. Est-il utopique de penser que nous pouvons vivre sans hiérarchie sociale?

Visite Basquiat

Cette visite était très enrichissante, et ce, pour plusieurs raisons. Non seulement Jean-Michel Basquiat a été capable de dénoncer le racisme et la marchandisation aux États-Unis, mais il l’a fait tout en créant des pièces artistiques uniques et diversifiées. À travers l’exposition au complet, nous avons pu voir et ressentir une résistance politique assumée. Ce qui est beau dans l’art de Basquiat c’est le fait que les sujets extrêmement violents illustrés sont dénoncés de manière totalement pacifique et intelligente. À première vue, ses œuvres peuvent être perçues comme enfantines, comiques un peu désarticulés et pour le plaisir du public, tandis que lorsque nous portons réellement attention aux détails, aux mots et aux cartels longs, nous comprenons toute la complexité de son art.

ARM and Hammer II -Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol

Dans la peinture ci-dessus, Basquiat détourne le symbole de la pureté et de la main-d’œuvre blanche en remplaçant le logo d’ARM and Hammer par l’icône de l’excellence noire, Charlie Parker. Grâce aux mots « LIBERTY », « COMMEMERTIVE » et « ONE CENT », l’œuvre communique un aspect commémoratif qui nous amène à nous questionner sur la race, la liberté et l’énorme marchandisation dans la culture américaine.

Toute cette idée de l’amusement à première vue et de la pertinence après un temps de réflexion me fait penser au rap. Comme l’œuvre de Basquiat, le hip-hop est devenu populaire (majoritairement) à cause de la musique dansante et des refrains qui répètent souvent les mêmes paroles, rendant la chanson très mémorable et addictive. Ces deux formes d’arts se rejoignent de tellement de manières, autant par les sujets qui y sont dénoncés, que par l’intensité de leur utilité et de la résistance politique qui y est véhiculée, que je ne comprends pas pourquoi le musée des Beaux-Arts de Montréal ne ferait pas une exposition sur le rap. Les deux œuvres rassemblent les gens pour dévoiler les discours cachés, mais à l’aide de différentes méthodes.

Pour conclure ce bloc, je pense que nous surestimons constamment le talent des humains. C’est quelque chose de résister, mais de le faire en prose et en rime est tout à fait extraordinaire. Cela prouve selon moi à quel point l’art est essentiel à nos vies. Sans cette expression personnelle et sans ces différences que nous transportons avec nous tous les jours, la race humaine ne serait qu’un amalgame d’enveloppe contenant des organes. Il faut sortir du moule et être singulier pour réfléchir et ainsi trouver des solutions. Le monde ne sera jamais parfait, mais tant que nous pourrons remettre en question des éléments de nos vies, nous pourrons nous améliorer.

https://blogs.mediapart.fr/freddy-mulongo/blog/200321/onu-debat-sur-le-racisme-la-discrimination-raciale-la-xenophobie-et-l-intolerance

https://www.kennedy-center.org/whats-on/explore-by-genre/hip-hop/

Lecture suggérée: La paix des femmes – Véronique Côté