Les sorcières sont synonymes d’antagoniste et d’antihéros. Ce sont les méchantes belles-mères ou celles qui mangent les enfants sans merci. Serait-ce le résultat d’une banalisation d’un enjeu important sociétal ou seulement d’un effet domino des représentations qui nous sont instituées depuis notre jeunesse?
Commentaire: L’image de la sorcière est très puissante. Quand on pense à cette figure, on s’imagine toutes sortes de villainies; un nez crochu, des pustules corporelles, un teint de peau verdâtre et maladif, un dos courbé, une femme d’âge avancé. Bref, on s’imagine une femme qui est située à l’opposé des standards de beauté institués par la société. La sorcière n’est pas synonyme d’attraction ou de « sex appeal ».
Avec tout ce qui se passe dans l’actualité, et ce, partout dans le monde (viols, agressions sexuelles en plein jour, révocation des droits à l’avortement, etc.), les femmes se retrouvent seules face à des batailles sociales d’envergure inimaginable. Souvent, surtout à cause du patriarcat conduisant notre société par le bout du nez, les hommes sont visés par ces protestations. La sorcière est alors assez inspirante pour ces groupes de femmes militantes, puisqu’il n’y a pas meilleure image, dans mon opinion, pour littéralement faire peur aux hommes et leur montrer que nous ne sommes pas à la merci de leurs opinions et fantasmes.
Il suffit de lire un minimum sur la sorcière moderne pour comprendre que l’oppression des femmes est présente depuis le 16e siècle, depuis un décret ordonné par le roi, depuis le début du patriarcat. La sorcière, oui, resurgit, mais a toujours été présente dans ce monde dirigé par les hommes. Comme les tendances vestimentaires, les héros sociaux sont toujours pertinents et vont toujours refaire surface lorsque nous en avons besoin.
Cours 1-2
La Grèce antique est une des premières civilisations à avoir laissé des récits: la mythologie. La majorité connaît la boîte de Pandore; l’histoire d’une jeune fille qui ouvre une boîte relâchant ainsi tous les fléaux du monde. Les femmes dans la mythologie sont les protagonistes et aussi les antagonistes, puisqu’elles n’agissent jamais comment elles le « devraient ». C’est la même chose dans les textes religieux. Prennons Eve par exemple. Selon la bible, c’est elle qui mange la pomme, et qui, en conséquence, banni Adam et elle-même du paradis. Ces récits impactent la réalité et l’humain à cause des représentations qu’ils inspirent. Les récits offrent une proposition qui finit par se faire instituer par les sociétés et qui ainsi les-met en existence.
Est-il possible de faire des changements sociétaux si tout ce que nous connaissons sont des représentations qui ont évolué d’époque en époque?
Il est important de noter, selon moi, que la majorité de ces récits ont été écrits par des hommes. Comme vu en classe, la chasse aux sorcières a été énormément définie par la psyché masculine (Pierre de Lancre au Labourd). J’insère ici un de mes anciens travaux d’anglais sur la chasse aux sorcières. D’après moi, ça explique bien le contexte de l’inquisition.
Si depuis des centaines d’années, les femmes sont perçues d’une manière spécifique dans la société, il devient difficile de se détacher de toutes les représentations que nous avons de celles-ci. Le fait que les sorcières soient maintenant utilisées comme des déguisements à l’Halloween, que des livres d’enfants utilisent cette image (Roald Dahl, Walt Disney, etc) et que la majorité de la population ne connaît pas l’histoire de l’inquisition raconte malheureusement l’effet de la banalisation de l’assujettissement et de la violence faites aux femmes à travers le temps.
Parler de l’inquisition me fait penser au sujet du féminicide. Étant Québécoise, je ne peux m’empêcher de mentionner le féminicide de la Polytechnique de Montréal produit en 1989. Au moment du massacre, le terme féminicide n’était pas employé. La catastrophe était considérée comme l’oeuvre d’un fou. Selon moi, cette ignorance est complètement reliée à la banalisation culturelle de la violence faite aux femmes. Comme pour l’inquisition, ces événements tragiques sont considérés comme ça, des événements tragiques. Ils font partie de l’histoire et c’est quelque chose qui est loin de nous et de notre société actuelle. L’est-ce vraiment?
« Mark Lépine est entré à l’École Polytechnique de l’Université de Montréal dans l’intention de tuer des femmes, les accusant de ne pas avoir réussi à obtenir l’admission au programme de génie. Lépine a séparé les élèves par sexe et a crié: « Vous êtes tous des féministes, et je déteste les féministes! » avant de fusiller les femmes. »
Observatoire canadien du fémicide
Lecture recommandée: « Sorcières, salopes, féministes: Une histoire de la femme libérée » de Kristen J. Sollée
Cours 3
L’imagination est quelque chose qui est personnel et partagé simultanément. Lorsqu’on s’imagine quelque chose, une image apparaît dans notre tête. C’est bel et bien une image personnelle, mais cette dernière n’est pas protégée des influences extérieures. Puisque nous sommes élevées en société, avec d’autres humains, nous partageons plusieurs liens affectifs et symboliques. Ce contexte social partagé par tous ceux qui sont vivants en même temps que nous nous élève. Nos croyances et nos images mentales nous sont instituées par nos parents, nos proches, nos professeurs, la télévision, bref notre société. L’imaginaire est alors beaucoup important que nous le pensons. Il nous fait réinterpréter notre réalité, que nous le voulions ou non, puisqu’il fait partie de notre identité culturelle. Je pense que je ne suis pas la seule qui aurait voulu parler avec les animaux, quand j’étais petite. Comme montré par de nombreux films (Shrek, Dr. Dolittle, The Bee Movie, Alice aux Pays des Merveilles, Le livre de la jungle, Winnie the Pooh, etc.), notre imaginaire influençait notre réalité, ce qui modifiait notre idée que les animaux ne pouvaient pas parler aux humains. Nous voulons tous que l’imaginaire existe et cela impacte, donc notre organisation sociale. La sorcière en est un parfait exemple. Ici aussi, on pourrait nommer les nombreux films qui montrent un cliché de la sorcière (Hocus Pocus, The Wizard of Oz, Kirikou, ma sorcière bien aimée, Sabrina, Mathilda, Les sorcières, The Love Witch, The Witch, Les sorcières d’Eastwick, The Blair Witch Project, etc). Selon moi, il est également intéressant de noter que la majorité des films de Disney comporte une sorcière qui entre en confit avec la vie de la belle jeune fille/la princesse, donc la protagoniste. Le fait que les sorcières soient vues comme méchantes et sans coeur est complètement lié à l’imaginaire collectif des sociétés. Avec le temps, l’image de la sorcière est devenue banalisée par moyen de cette imagination partagée. Le fait que la majorité de la population ne pense pas à l’inquisition lorsqu’on mentionne « sorcière », mais bien aux déguisements d’Halloween, me montre cette normalité dans la violence et l’injustice faites aux femmes depuis des décennies.
Banalisation (n. f.) : Action de rendre banal, commun, courant quelque chose, de lui ôter son caractère rare ou original ; fait de devenir banal.
Dictionnaire le Larousse
Les agressions sexuelles sont un sujet vraiment troublant. Avec le mouvement (par exemple), « #Me Too » en 2007, la prise de paroles des femmes contre le viol et les agressions sexuelles sont de plus en plus vues et connues à travers le monde. Selon l’Institut national de santé publique du Québec, 9 cas sur 10, la victime de viol est une femme. De plus, l’INSPQ ajoute que 11% des femmes déclarent avoir été victime d’agression sexuelle pendant l’enfance et 33% pendant l’âge adulte. Cela représentait 88,3% des femmes au Québec en 2018. Oui, nous entendons plus parler de ce sujet. Cependant, il y a toujours un sentiment d’inconfort sociétal, lorsque nous entendons parler de cela. En plus, certaines personnes, souvent des hommes, vont jusqu’à défendre les agresseurs en mettant le blâme sur la victime. Serait-ce une conséquence liée à l’imaginaire collectif de la femme? Est-ce que l’histoire aurait contribué à cela? J’insère une vidéo qui explique un peu le « victim blaming » en Inde, où les agressions sexuelles sont des plus nombreuses (et qui représente bien la situation en Amérique, également). Après tout, un viol reste un viol n’importe où dans le monde.
En ayant toutes ces informations en tête, je vous fais remarquer les faits suivants. Au Moyen-Âge, la religion était très importante. Elle construisait la société et son imaginaire. La religion donnait beaucoup de règles à ses croyants, leur expliquant que si ces règles n’étaient pas respectées, ils allaient se retrouver en enfer. Une de ces règles était de ne pas succomber à la tentation. Pour plusieurs hommes, la tentation était les femmes. Comme Pierre de Lancre au Labourd l’a si bien démontré lors de sa mission aux Pays basques, les femmes étaient « en cheveux ». Elles ne faisaient rien en particulier pour mettre Pierre de Lancre au Labourd en émois, elles vivaient tout simplement, mais ce dernier souffrait d’anxiété face à la résistance de la tentation sexuelle provenant de son imagination. Il devait alors expulser cette culpabilité d’une manière ou d’une autre. Les sorcières coupables d’orgies avec le diable sont alors apparues. En d’autres mots, les sorcières (nommées ainsi par les hommes en premier) étaient, donc les boucs émissaires de l’angoisse et de la frustration des hommes face à cette interdiction sexuelle et imaginaire de la religion chrétienne. Il est alors devenu extrêmement facile de mettre le blâme de cette répression morale sur les femmes en les traitant de sorcières et de disciples de Satan. Une fois que le crime d’hérésie de sorcellerie a été reconnu par le Pape (qui était autant juge, politicien que religieux), les femmes se sont rapidement retrouvées sur le bûcher à cause de cette frénésie sociale qui les blâmait sans regret (je note une similarité à la société actuelle). Bien sûr, le fait que le patriarcat contrôlait déjà la société n’a pas du tout aidé, étant donné que les hommes prenaient la majorité des décisions, ce qui contribuait à l’imaginaire collectif.
Patriarcat (n. m.) : Forme d’organisation sociale dans laquelle l’homme exerce le pouvoir dans le domaine politique, économique, religieux, ou détient le rôle dominant au sein de la famille, par rapport à la femme.
Dictionnaire le Larousse
Je me demande alors si la chasse aux sorcières et la manière dont les femmes ont été traitées par les hommes et la société lors des années 1600 ne seraient pas responsables de la violence faite aux femmes maintenant. Selon moi, c’est à cause de l’attitude misogyne adoptée dans ces années, que la banalisation de l’inégalité entre les sexes est autant imprégnée dans notre société. Puisque nous ne parlons pas du féminicide fait lors de l’inquisition, il devient plus difficile de nommer le problème ou même de le reconnaître. Étant donné que notre société a une tendance à garder plusieurs choses tabous, de nombreuses conséquences en ressortent, comme la banalisation.
À cause d’une différence entre les sexes, est-il impossible d’avoir une égalité/une justice entre humains dans le monde?
Les femmes sont-elles libres d’être femmes?
Lecture suggéré: https://www.calliege.be/salut-fraternite/109/le-patriarcat-une-ideologie-socialement-et-historiquement-construite/
Atelier
Les femmes avaient-elles une place prédéterminée/choisie pour elles par les hommes dans la société? Lorsqu’il y a eu un transfère vers l’état moderne, le modèle de la famille a fait preuve de base pour cette « nouvelle société ». Étant donné que l’Église était très influente avant ce changement fondamental, l’autorité de Dieu a d’une manière, été transférée sur le père. Ce dernier avait donc le pouvoir sur sa femme. Cela a initié un combat, qui est toujours très présent; la lutte du pouvoir entre les hommes et les femmes. C’est un vrai problème politique qui n’a pas assez d’attention. C’est une des explications les plus logiques que j’ai face aux problèmes que sont l’assujettissement et la violence faite aux femmes, mais surtout la normalisation et la banalisation de tout cela. Le fait d’avoir parlé en classe avec mes pairs m’a fait réaliser que ce n’est vraiment pas tout le monde qui va être capable de comprendre cela dans leurs vies. La manière dont nous sommes élevés psychologiquement et culturellement change, que nous le voulions ou non, notre imaginaire, ce qui modifie nos réflexions et leurs influences.
Est-ce que la figure de la sorcière a causé l’inégalité des sexes, après l’inquisition?
Cours 4
Lors de notre dernier cours théorique sur le thème de la sorcière, nous avons analyser les théories de Sylvia Federici et d’Armelle le Bras Choppard. Elles se sont penchés sur l’histoire de l’inquisition et le patriarcat dans la société. Nous avons alors parlé de plusieurs théories concernant la banalisation de la fonction sociale de l’inquisition.
Premièrement, comment et pourquoi la violence de l’Inquisition et la chasse aux sorcières ont cessé? Selon Jean Bodin, penseur, théoricien des états modernes, et surtout, démonologue, lorsque nous avons acquis la rationalité, nous avons été capable de combattre les superstitions, donc l’idée que les femmes avaient des relations sexuelles avec le diable les transformant ainsi en sorcières maléfiques. Cependant, comme ce que j’ai écrit plus haut, nous savons que la violence envers les femmes n’a jamais arrêté. Au contraire, elle a augmenté! Avec l’arrivé de la médecine, des droits individuels, de la séparation de l’Église et de l’État, les hommes ont trouvés de nouveau moyen d’attaquer les femmes. Ces dernières se sont retrouvés sans droit de vote, sans accès à des comptes de banque, sans accès à l’éducation ou à un emploi et la liste se prolonge. Si nous rappelons le rationalité dans la balance, les hommes maintenant considéré comme le Dieu de la famille pouvaient penser de manière systématiquement raisonnable. C’est eux qui ont été dans le droit de bâtir cette société tordu où le masculin emporte autant en grammaire quand dans les conditions salariales. Cela peut également s’expliquer par le fait que les femmes étaient considérés comme irrationnelles. Elle n’avait pas les droits minimes humains, elles étaient donc rejetées des traits communs partagés par les hommes. En conséquence, les femmes ont vécu un assujetissement totale. Sous n’importe quelle loupe, nous pouvons comprendre que les femmes ont été des victimes. Depuis cette évolution laïque sociétale, les femmes ont été perçu comme des objets. Cela a non seulement été négligé, mais en plus, cela a été banalisé et normalisé partout dans le monde. Encore aujourd’hui, les femmes conservent leur place d’objet dans la tête des hommes. Cette représentation collective transmise d’années en années, d’époque en époque a seulement empiré les choses puisque c’était tellement rendu commun et normal que la majorité ne remarquait même plus le mal fait.
Il est difficile de se détacher de quelque chose qui a construit nos fondations identitaires et culturelles.
Que nous le voulions ou non, cette idée que la femme est un objet et qu’elle est inférieur à l’homme fait parti de plusieurs consciences collectives. Ce n’est pas parce qu’on n’éprouve pas de sexisme, qu’on ne le voit pas ou qu’on en est pas instruit sur le sujet que ça n’existe pas et que ce n’est pas un enjeu réel qui mérite l’attention des médias et des gouvernements.
https://www.ledevoir.com/lire/568943/art-ces-grandes-artistes
https://www.atlasobscura.com/articles/seasonal-allergies-blame-male-trees
https://www.forbes.com/billionaires/
